L’Europe est à un tournant. L’Allemagne
mène la danse sous les encouragements des USA. L’ensemble est influencé par les
grandes fortunes et les lobbies d’Europe et d’Outre-Atlantique. C’est pas à pas
vers une gouvernance économique que se dirige l’Europe. L’état d’endettement de
pays majeurs du sud de l’union est une occasion pour l’Allemagne de faire un
nouveau pas vers une gouvernance renforcée au moins de la zone euro. Cela fait
partie de la vision géopolitique de l’Allemagne qui tient enfin une occasion de
réaliser sa prédominance sur l’Europe.
« Progressivement,
l'Allemagne impose aux pays européens ce qu'elle veut. Elle est la maîtresse du
jeu européen. Elle le joue très habilement, toujours en se référant aux
États-Unis. Les Américains ne se rendent pas compte qu'ils sont considérés par
les Allemands un peu comme des cow-boys. Mais ce sont des cow-boys utiles parce
qu'ils imposent de faire baisser pavillon à la France. » (Général Pierre
Marie Gallois »
Le rôle fédérateur de sa langue l’y
aide. De l’Irlande à la Suède les langues nordiques ont des racines germaniques.
L’Allemagne a depuis longtemps nourri une vielle rivalité avec la France même
avant le traité de Westphalie de 1644 qui disait :
« L'Europe devient un
ensemble d'Etats, disposant de frontières précises et reconnues par les autres,
et sur lesquels le prince ou le monarque exerce sa pleine et entière
souveraineté. Parmi les caractéristiques de ces Etats modernes, citons la
constitution d'armées permanentes (pour remédier aux insuffisances et des
méfaits du système de mercenariat), ou l'expression par les élites du fait
national. La langue apparaît comme un facteur d'unité. »
L’Allemagne a, à juste raison, une haute idée d’elle-même et de
ses qualités. Elle a très vite fait sa repentance de l’histoire hitlérienne
alors que nous ressassons encore les
relents de notre propre histoire de colonialisme et de toutes nos actions
militaires dans le monde. L’Allemagne a fini de se fustiger, elle sait qu’elle
est au centre de l’Europe et qu’elle a retrouvé sa puissance économique. Seule
la France, avec son rayonnement universel, sa présence partout dans le monde avec
les restes du colonialisme, sa langue qui se perpétue au Canada et en Afrique,
ses armes nucléaires et son armée peut contester son hégémonie.
Après avoir échoué à l’issue des deux guerres mondiales, l’Allemagne
revient sur ses idées de conquête de l’Europe, pacifiquement et intelligemment cette
fois. Nous, nous reculons sans cesse depuis l’accord De Gaulle-Adenauer, accord sur la constitution d’une
Europe sans les Etats-Unis où, par l’ajout d’un préambule sur le traité,
Adenauer a rendu cette clause inopérante. Nous
voulions l’écu et le serpent monétaire, nous avons eu l’euro et la monnaie
unique. Nous voulions conserver une Yougoslavie unie, nous avons eu sa dislocation
en violation de la Constitution yougoslave qui prévoyait une consultation de
son peuple. Huit jours après Maastricht, l’Allemagne imposait à ses partenaires
l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie. Nous ne voulions pas de la BCE
à Francfort où la régulation économique se joue, nous avons eu le parlement à Strasbourg
sans réel pouvoir sur les grandes décisions.
Tous nos dirigeants français depuis De Gaulle ont fini par devoir
admettre les vues allemandes. Mitterrand fut le jouet d’Helmut Kohl qui voulait
« une Europe fédérale des régions ». Sarkozy a plié à Lisbonne en
perdant des voix au
profit de l’Allemagne pour les votes de l’UE. Celle-ci a toujours le projet de réaliser la dislocation
des États-Nations au profit de régions conformément à son propre fonctionnement
qu’elle ne fait qu’étendre. L’unité de langue lui ouvre l’Europe du Nord, sa
puissance économique lui permet de s’imposer sur l’Europe du Sud.
C’est la chancelière qui tance Berlusconi sur sa politique
économique et c’est la France qui se fait le porte-parole de l’Espagne, du Portugal,
de l’Italie et de la Grèce. Nous sommes dans une rivalité nord-sud mais nous
reculons. L’Allemagne joue à fond sur sa puissance économique et, vu la
situation de la dette des pays du sud, elle va nous placer devant un marché : ou
elle quitte l’euro, perspective qui remplit d’effroi nos dirigeants comme l’a implicitement
avoué hier Xavier Bertrand, ou nous acceptons une gouvernance économique forte.
La force économique est de l'autre côté du Rhin, ils savent où ils vont et nous allons
plier en persuadant le peuple français que l’abandon du pouvoir de gérer nos
finances est la meilleure solution ! Nous avons déjà plié pour le rôle de la BCE et nous allons plier pour le fonctionnement du FESF. Nous allons aussi plier pour une rigueur immédiate et drastique qui va miner encore plus notre croissance. Nous allons nous coucher par peur du
lendemain dans le cauchemar du AAA.
La solution allemande n'est pourtant pas forcément la meilleure pour nous, c'est d'ailleurs le problème de fond de la zone euro. Ce qui est certain c'est que la France perdra de son rayonnement et de ce qui fait sa grandeur…
le pouvoir de gérer son destin, car qui tient les finances tient le pays. Elle peut pourtant, sans fanfaronnade, jouer un grand rôle. Elle
reste une puissance écoutée et peut fédérer l’Europe du Sud, partie importante de l’Europe ouverte sur la Méditerranée et l'Océan. Malheureusement je crains fort que nos dirigeants se soient
endormis en parodiant Florian…
« Pour vivre
heureux, vivons c(ou)chés ! »
Mais qu'est-ce
qu'un Empire ?
C'est la
juxtaposition d'États différents sous une même autorité.
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Claude Trouvé