Cette éventualité, échangée dans
des discours de couloir, est souvent traitée comme un gag. Nos grands
politiques sourient pour ne pas considérer le porteur de cette idée comme un
abruti. Plus sérieusement, la France s’est forgé son avenir dans son lien
avec l’euromark. Elle n’a plus d’autre
ambition que de se cacher derrière l’Allemagne et une gouvernance économique
protectrice pour les pays en difficulté… parce qu’elle sent que cela pourrait
être son tour !
Cette éventualité est rejetée
avec un empressement qui finit par ressembler à de la méthode Coué. Il est vrai que la sortie de l’Allemagne de
la zone euro donnerait immédiatement une réévaluation du mark qui minerait les
exportations de celle-ci dont celles majoritaires en Europe. Il est vrai aussi
que l’Allemagne a finalement admis l’intérêt d’une gouvernance économique, se
disant qu’elle est désormais assez forte pour y imposer sa loi de la rigueur budgétaire
à l’allemande.
Mais, avec le souvenir de la
république de Weimar, elle s’oppose fermement à l’utilisation de la planche à
billets et s’oppose sur ce point à La France qui a besoin d’argent pour
financer un plan de relance. Les deux compères peuvent rapidement se trouver
sur des objectifs différents. Pour faire pression sur la France, l’Allemagne pourrait
avoir deux stratégies possibles et celle du départ de l’euro serait la seconde,
car une rumeur commence à courir.
"De La Rue, une entreprise britannique, leader mondial dans
l'impression de billets, aurait reçu une commande pour imprimer des 'nouveaux
deutschemarks' selon une fuite d'un employé, postée sur un forum. Par ailleurs,
dans un récent interview au Spiegel, Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances,
évoque la sortie possible de l'Allemagne de la Zone euro à mots à peine
voilés".
« Dans cet interview sont ensuite évoquées l'inflation et/ou la
guerre comme moyen d'éroder la dette. En final, le Spiegel pose la question
d'une réforme monétaire (a monetary reform) ». Le mot 'monétaire' est très
important, ce n'est pas 'fiscal'. Or les allemands ont l’habitude d’être précis.
Il peut s’agir d’une rumeur non fondée, d’une manœuvre montée par l’Allemagne ou
d’une réalité. Dans ces deux derniers cas on devine l’utilisation qui peut en
être faite par Angela Merkel dans les négociations sur la gouvernance
économique, qui pourrait se résumer ainsi…
Ou la France accepte mes
conditions
Ou je quitte l’eurozone !
Claude Trouvé