La situation européenne évolue désormais très rapidement dans la zone euro. Après la dégradation de l’Italie début octobre, l’Espagne se voit dégradée de nouveau et la France est mise sous surveillance. Nicolas Sarkozy est parti rejoindre Angela Merkel qu’il ne quitte plus. Une réunion informelle réunissant les deux pays, avec la BCE, le FMI et l’incontournable Baroso va fêter le départ de Jean-Claude Trichet à fin octobre. Plus sérieusement cette réunion est destinée à faire avancer la conclusion d'un accord sur l'avenir de la zone euro avant le sommet européen prévu dimanche, a annoncé l'Elysée.
Cette manière de faire dans l’urgence va encore indisposer les autres pays membres de l’euro. De plus des divergences profondes existent sur les liens entre la Banque Centrale Européenne et le Fonds Européen de Stabilité Financière. La France souhaite que le FESF puisse être transformé en une véritable banque, notamment qu'elle puisse se refinancer directement auprès de la BCE. La BCE et l'Allemagne sont opposées à de telles dispositions, qui nécessiteraient une modification des traités européens.
L'Allemagne défend à l'inverse l'idée d'un mécanisme qui permettrait au FESF de garantir en partie les émissions obligataires de pays en difficulté, afin de multiplier par "effet de levier" ses capacités de prêt, actuellement de 440 milliards d'euros, sans que les Etats n'aient à augmenter leurs contributions.
On parle d’une capacité de financement de 2000Mds€ garantie par les états au lieu des 440Mds€ actuellement. Il faut noter que les états ne fourniront aucun apport immédiat mais le défaut de paiement des pays ou des banques, qui auront recours à ces fonds, générera automatiquement une intervention financière compensatrice des états. Le risque est donc grand que les états soient mis en contribution dans l’avenir et les sommes en jeu sont énormes.
Le président Sarkozy a fait savoir que si aucun accord n’était trouvé, tout pouvait s’effondrer. Il ne fait aucun doute que la position allemande l’emportera comme d’habitude. Nicolas Sarkozy sous surveillance de sa note par les agences de notation et en mal dans les sondages d’opinion, perd encore du crédit dans les discussions avec notre voisin.
Il faut dire que les mesures désordonnées de rigueur qui consistent essentiellement à augmenter les taxes et les avantages accordés sur les successions et les investissements immobiliers ne sont pas compris par l’opinion comme de véritables mesures de rigueur. Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite pourrait passer de 2 à 0,75. Ces coupes sombres faites à la va-vite montrent le degré d’imprévision de l’état qui, hier encore, criait que l’on sentait les premiers frémissements de la reprise économique. C’est maintenant l’opinion qui frémit !
Aucune des solutions avancées ne permettra de sortir de la crise que nous n’avons pas su surmonter parce que cela est impossible avec l’euro, pour la France et les pays en difficulté. On va au mieux ajouter de la dette à la dette et gagner du temps mais les marchés financiers prennent des décisions très rapides qui mettent la zone euro dans l’impossibilité de réagir efficacement et rapidement.
On nous masque l’augmentation de la dette que la France va devoir accepter à la fin 2011. Elle sera beaucoup plus élevée que prévu et c’est ce qui va déterminer la note des agences de notation. Celles-ci sont remises en cause par nos gouvernants et députés mais ceux-ci s’étaient glorifiés, il y a peu, de la note confirmée AAA. La France est en difficulté et sa note AAA ne tient que par l’aile protectrice de l’Allemagne dont nous sommes le principal client. Le duo donne sa crédibilité à l’euro et le monde économique a besoin du marché de la zone euro. La Chine se propose même d’aider celle-ci… en investissant dans ses infrastructures… autrement dit en nous dépouillant.
Il faut constater que l’opinion française n’a pas encore compris que nous allons tout droit dans le mur et la faute en revient aux politiques et aux médias qui surfent toujours sur la pensée unique de l’Europe ouverte à tous vents, hommes, marchandises et capitaux avec une monnaie cadenas qui n’avantage que les pays encore compétitifs. Or dans les industries à fort taux de main-d’œuvre, la compétitivité n’est envisageable qu’avec des baisses de 15 à 25% des salaires !
Il y a des solutions qui faut mettre en œuvre avec discernement et sur quelques années. Elles passent par l’emploi généré par la compétitivité des entreprises, la rigueur budgétaire d’économies et non de taxes, et l’intégration des immigrés avant qu’ils ne colonisent leur pays d’accueil. Pour ce faire l’Europe est à reconstruire et à protéger, la monnaie doit être flexible, comme le font les autres grands de ce monde. Le temps presse, les indignés sont dans la rue.
On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs
Mais si l’on attend trop ils deviennent immangeables !
Claude Trouvé