Le Bundestag (chambre basse du Parlement allemand) a voté l'élargissement de l'enveloppe et des compétences du fonds de secours européen créé en 2010 (FESF) pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté. Toutefois l’euphorie des marchés a été de courte durée. L’accord des 17 pays de la zone euro n’est pas totalement acquis. L’Autriche, la Slovaquie, Malte n’ont pas donné encore leur accord.
La possibilité qui serait donnée au FESF de financer directement les états tout en augmentant ses fonds propres est encore un tour d’illusionniste ou mieux encore une ligne Maginot. Le FESF devra augmenter ses fonds propres auprès de la BCE, qui n’est qu’un cartel de banquiers. Or les banques sont fragilisées, comme les états. On le savait pour les banques allemandes, Christine Lagarde a mis les points sur les i pour les banques françaises. Etats, FESF et BCE, donc banques, sont intimement liés et il y a trop de dettes dans le système.
Cet élargissement des compétences du FESF nécessite une modification des traités qui n’autorisaient pas les états à emprunter auprès de la BCE donc au FESF. C’est déjà un aveu d’impuissance des structures économiques de la zone euro. On est en train de colmater les brèches en sacrifiant le long terme au court terme. L'Allemagne, première économie européenne, va apporter plus de 200 milliards d'euros de garanties au mécanisme, plus que n'importe quel autre pays.
Mais tout n’est pas joué pour le sauvetage de la Grèce et de l’euro. Dans quelques semaines les élus devront se prononcer sur le deuxième programme d'aide à la Grèce décidé au sommet européen du 21 juillet, puis début 2012 sur le mécanisme permanent de sauvetage MES, qui doit succéder au FESF en 2013. On s’aperçoit qu’il est beaucoup plus facile de donner des garanties que de verser la contribution des états au fond d’aide. Les 15 milliards que la France va payer pour la Grèce handicapent fortement son budget.
Nous sommes devant un déni général des états et des banquiers, c’est la Bourse qui reflète le véritable sentiment sur la solidité des solutions en cours de vote. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle est d’un grand scepticisme malgré son envie d’y croire qui donne quelques envolées vite stoppées. Il est de plus en plus évident que la Grèce ne pourra pas rembourser sa dette et le chiffre de 50% d’effacement est le plus raisonnable. L’Allemagne a toujours dit y être défavorable.
« Hors la Grèce, les besoins à court terme (2014) peuvent être estimés à 90 milliards pour le Portugal, 50 milliards pour l’Irlande, de 250 à 300 milliards pour l’Espagne. C’est donc un total de 390 à 440 milliards d’Euros qu’il faudra fournir pour les pays déjà en difficulté. » (Jacques Sapir)
La crise des dettes souveraines de la zone euro n’est que l’émanation de la crise financière et s’inscrit dans un contexte de ralentissement de la conjoncture au niveau mondial. La nouvelle orientation sur un fonds de soutien européen comme fournisseur de crédits aux états a pour objet de réduire le montant des intérêts mais ne fait que reculer le problème. Il est évident que la zone euro tire ses dernières cartouches et que la sortie de la Grèce de la zone euro est déjà actée dans les mois à venir.
La véritable crise est devant nous
L’euro est à l’agonie
Le FESF en est déjà son mausolée.
Claude Trouvé