Il est de bon ton dans les milieux dirigeants d’accuser les marchés responsables des troubles sur l’économie mondiale. C’est seulement masquer la responsabilité des états et des autorités bancaires comme la Fed. Les marchés ne sont que le reflet des mesures monétaires et financières prises par eux.
La planche à billets, sous prétexte de recherche de croissance, a inondé le marché d’argent virtuel. L’argent qui a coulé à flot, la baisse des taux d’intérêts des emprunts, en particulier immobilier, les prêts accordés sans véritable garantie ont généré la crise des "subprimes". Le remède des états a été d’injecter de nouveau de l’argent dans le circuit économique. Par les « Quantitative easing » Q1, Q2 pour les États-Unis, 2000 milliards de dollars ont été injectés en pure perte puisque l’économie américaine est en panne de croissance aujourd’hui.
Les Etats-Unis ne génèrent plus la même confiance dans leur capacité à soutenir l’économie mondiale et la leur propre. Le dollar va rester néanmoins, encore pour un temps, la monnaie de référence, mais la confiance est écornée et les investisseurs réagissent. L’euro ne peut jouer le rôle du dollar car la plupart des échanges commerciaux, en particulier en Asie, se font en dollars. Il n’est qu’une monnaie d’ajustement aux mains des États-Unis et de la Chine.
C’est donc la purge qui s’installe. Les marchés font disparaître tout cet argent virtuel injecté dans le circuit économique depuis des années. C’est un mouvement normal de réajustement. La politique menée par les États-Unis et l’Europe dans une globalisation monétaire, financière et marchande a permis que le monde entier soit soumis aux mêmes problèmes. Les transferts de capitaux sans contrôle, les différences de valeur des monnaies, les différences sur les coûts de production génèrent des à-coups violents. Chacun se meut dans un univers économique imprévisible où les transactions financières prennent le pas sur les transactions marchandes.
Dans ce contexte les états sont tendus vers l’exportation dans un climat de stagnation économique pour le moins, les dépenses publiques s’amplifient sans aucune économie structurelle mais seulement tournées vers la recherche de la croissance et non du plein-emploi. Dans un monde sans croissance, les augmentations des exportations des uns induisent des augmentations d’importations chez les autres, le tout à somme nulle. Les déséquilibres s’aggravent.
C’est le cas dans la zone euro où la monnaie ne peut servir d’ajustement des politiques économiques. L’Allemagne exporte, la France importe. La France se désindustrialise mais l’Allemagne aussi car elle a remplacé le « made in Germany » par le « made by Germany ». Elle fait fabriquer des sous-ensembles dans les pays européens à bas coût et se contente de les assembler. Si la croissance fuit ses partenaires européens, elle croulera avec eux.
La France a suivi la même politique dirigée par Bruxelles et la BCE. Elle a aggravé sa dette au fil des ans depuis trente ans après avoir souscrit au libre-échange et à la libre circulation des hommes, des capitaux et des marchandises tout en se liant dans une monnaie unique comme l’a voulu l’Allemagne. Cette dernière est la grande gagnante pour l’instant. Notre erreur a été de céder et de ne pas prendre une monnaie commune pour les échanges commerciaux tout en gardant les monnaies nationales et leur pouvoir d'ajustement.
La France n’a plus de marge de manœuvre dans le cadre des institutions européennes actuelles. La rigueur imposée à tous ne peut qu’accélérer la perte de croissance en diminuant les pouvoirs d’achat et d’épargne du pays. Les réformes structurelles, n’ayant pas été préparées dès le début du quinquennat, n’auraient qu’un effet complet que dans plusieurs années. Les caisses sont vides et les engagements pris pour tenir à distance les agences de notation doivent être maintenant tenus. Le gouvernement est dans une impasse.
Pourtant l’ampleur de la dette n’est pas rédhibitoire. Notre épargne privée pourrait très bien la prendre en compte si nous ne devions pas passer par les banques qui empruntent à taux bas à la BCE et prêtent à taux majorés aux états, majorés d’autant plus que le pays présente des risques. Ce qui est rédhibitoire c’est de ne pouvoir le faire dans le cadre des traités actuels. Il faut se redonner des marges de manœuvre, sur la monnaie et sur le mode d’obtention des emprunts d’état, en retrouvant la possibilité d’émettre des bons du Trésor par exemple.
La situation actuelle est bloquée et persister sur le schéma actuel est suicidaire. La seule tenue de notre engagement sur la dette publique de 2011 va demander de trouver en trois mois plusieurs milliards (déficit budgétaire prévu 91,6 milliards, annoncé 95,8 milliards) dont on peut dire qu’au moins un est parti dans les sables de Libye. Le 1 milliard pour boucler le budget va nécessiter d'en rajouter 3 autres et la situation réelle de 2012 nous est encore soigneusement cachée car j’ai pu montrer facilement que les 11 milliards ne suffiront pas.
La droite joue sa réélection en avril 2012 et la perte de la note AAA. La gauche n’a pas de solution non plus car c'est elle qui a fondé "l’Europe sociale", qui n’a, jusqu’à présent, généré aucun progrès social en France mais pas plus en Allemagne où les salaires sont bas, pas plus en Espagne au taux de chômage de 20%, sans parler de l’Irlande, du Portugal et de la Grèce au bord du précipice. Alors, encore plus d'Europe ?
Aucun des deux grands partis n’a de solution car il n’y en a pas d’autre que de sortir du carcan actuel. La gauche a peur de se déjuger et appréhende en fait une victoire aux élections en refusant de se lier les mains sur la dette. La droite ne veut pas perdre ses électeurs par un tour de vis du pressoir sur les classes moyennes et va reculer devant le piège de la règle d'or qui se referme sur lui. Faire voter une règle impérative, déjà énoncée par Bruxelles et que personne ne respecte, et ne pas être en mesure de respecter ses engagements sur le budget de l'année ne permet pas d'être crédible.
Finalement personne n’ose ! Le MPF doit avoir plus de voix, je parie que son porte-voix lui il osera le dire haut et fort dès l'ouverture de la campagne présidentielle !
Finalement personne n’ose ! Le MPF doit avoir plus de voix, je parie que son porte-voix lui il osera le dire haut et fort dès l'ouverture de la campagne présidentielle !
Quand on n’ose pas sortir d’une impasse,
on finit dans un cul-de-sac,
avant d’atterrir dans un cul-de-basse-fosse !
Claude Trouvé