L’une de mes chroniques récentes a essayé d’ouvrir les yeux sur les dangers d’une pensée unique qui devient une restriction dangereuse de la liberté d’expression. La législation évolue vers non plus un contrôle des actes punissables mais vers celui de l’expression des pensées punissables. Le nouveau Code pénal (article R. 625-7) a créé trois nouvelles infractions, celles de diffamation, d’injure et de provocation à la discrimination non publiques :
« envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » critères auxquels on a ajouté en 2005 « à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap ».
Tombent donc sous le coup de ces articles du Code pénal même des propos, contraires à une certaine doctrine officielle, d’une personne privée à une autre personne privée dans un lieu privé, sans témoin ou devant un petit nombre de témoins. Notre vie quotidienne est placée sous surveillance. Ce contrôle entre personnes physiques ou morales privées est précisément ce qui caractérise les régimes totalitaires.
Sachez de plus que le domaine de la diffamation est vaste :
« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. Constitue également une discrimination toute distinction opérée entre les personnes morales à raison [des mêmes critères] ».
On voit que sont « sanctionnables » non seulement des actes discriminatoires mais de simples propos. Il y a donc matière à poursuite pénale si des associations estiment que des distinctions faites entre certaines personnes ou catégories de personnes sont de nature à causer des comportements discriminatoires ! Il suffit d’établir que les propos ont été tenus et que l’accusé en est l’auteur. On voit que tomber entre les mains de la justice, c’est subir l’appréciation subjective des juges puisque l’on tombe dans le domaine de la supposition de préjudice à autrui.
Il devient excessivement dangereux d’aborder une foule de sujets dont pourtant tout un chacun discute souvent avec véhémence dans le privé. Alors qu’en Allemagne ou au Canada on peut poser la question de savoir si l’immigration est un besoin nécessaire, le simple fait de l’évoquer est « ignoble ». Le fait de dire dans une interview que l’homosexualité est inférieure à l’hétérosexualité et que la pousser à l’universel signerait la mort de l’humanité a valu à son auteur, le député Christian Vanneste, d’être condamné en appel à une lourde peine de 13.500€ dont 4.500 aux associations plaignantes.
Nous évoluons vers une société archaïque où par la restriction des libertés individuelles nous restreignons la pensée critique. Les dogmes de tous genres, qui deviennent indiscutables, se multiplient. Nous raisonnons par mimétisme et non plus par une recherche personnelle. Or ce mimétisme nous bloque dans le canal exclusif d’une pensée unique et imposée.
La réflexion sur l’immigration est ainsi bloquée par l’interdiction de pensées racistes. Son analyse en tant que porteuse d‘une culture différente et religion différente se heurte à la simple interdiction de discrimination. Les statistiques sur les religions importées sont interdites en France alors que l’on trouve ces informations en Grande-Bretagne. Cet appauvrissement de la réflexion nécessaire au fonctionnement de la démocratie amène sur ce sujet une impossibilité de disposer d’informations fiables et de discussions ouvertes sur un sujet crucial de société.
C’est ainsi que l’on se sent « coupable » de racisme lorsque l’on se pose la question du bien-fondé de l’immigration. Le dogme est que « l’immigration est une chance pour la France ». La discussion est close, on n’y touche pas c’est un tabou. La distinction entre l’immigration de l’Asie du Sud-Est, de l’Europe de l’Est, du Maghreb et du reste de l’Afrique ne peut s’établir sous peine de discrimination punissable. Si vous faites savoir que, selon les enseignants concernés, les enfants immigrés de l’Asie du Sud-Est réussissent mieux en milieu scolaire que les autres enfants immigrés, il s’agit là d’une discrimination entre des ethnies qui peut leur porter préjudice, elle est donc punissable.
Dans une prochaine rubrique où il sera question de l’immigration, de son utilité et de ses conséquences, les mots devront donc être soigneusement pesés sous peine d’enclencher des actions judiciaires de la part d’associations comme la Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations), véritable tribunal d’exception du droit commun, qui dispose de pouvoirs exorbitants (ils entrent chez vous sans mandat judiciaire, distribuent des amendes, etc.).
La restriction de la liberté d’expression
Ne peut conduire qu’à l’obscurantisme et à la régression.
C’est sans aucun doute le moteur de notre décadence !
Claude Trouvé
P.S : Vous pourrez lire avec intérêt le livre de Philippe Nemo, « La régression intellectuelle de la France », dont sont puisés ici de larges extraits.