Nos députés débattent à fleuret moucheté pour trouver les milliards manquants au budget 2011 et la bataille sera encore beaucoup plus rude pour le budget 2012. Pendant ce temps notre ministre des Finances engage notre pays dans une aide aux pays arabes au nom de la levée de la démocratie. Ceci suppose que nous avons donc les moyens… d’emprunter !
Les niches et dépenses fiscales aisément exploitables et à la hauteur de l’enjeu disparaissent au fur et à mesure sous l’effet de leur impact électoral. La chasse aux ressources est toujours la voie unique ou quasiment. On presse sur l’UE pour l’adoption d’une taxe sur les opérations financières, à gauche comme à droite. On oublie au passage que les impôts, d’une manière générale, traînent avec eux des impacts sur la vie économique d’une zone ou d’un pays. Il y a toujours un effet retour qui peut être plus grave que le statu quo.
Le moment est venu de parler des propositions que l’on peut faire pour inverser le cours des choses.
Il faut d’abord cibler l’objectif. Le seul qui puisse durablement amener un meilleur bien-être des habitants de ce pays, c’est l’emploi qui est le pourvoyeur de richesses par la création de la valeur ajoutée aux produits fabriqués. La réelle croissance est le résultat de la diminution du coût de la fabrication des biens, on ne peut la chercher dans la monnaie virtuelle comme les Etats-Unis le font depuis longtemps et que la BCE commence à faire. On a déjà vu l’inutilité des plans de relance Q1 et Q2 outre-Atlantique, on verra donc celui du Q3 de 447 milliards de dollars.
La priorité n’est pas de ramener la dette à 3% en deux ans mais de diminuer les dépenses de fonctionnement de l’Etat pour, grâce aux économies, permettre de relancer l’industrialisation de la France, ce qui n’est pas du tout la même chose. Il faut donner au monde et aux agences de notation l’image d’un peuple qui, tout en ramenant à son rythme ses dépenses publiques au niveau de celles des pays du nord de l’Europe, veut redevenir un pays industriel capable s'assumer sa dette.
Le carcan de l’euro nous bride pour faire appel directement à l’épargne des particuliers, en nous imposant notre déficit des dépenses publiques. Cette dernière contrainte diminue d’autant les finances nécessaires à une relance de l’activité économique par de grands chantiers publics, l’allègement des coûts salariaux, la formation, la recherche, etc. L’euro nous empêche de plus de jouer sur la monnaie, la recherche d’un équilibre entre importations et exportations est pourtant indispensable. Il faut donc desserrer le carcan de la façon la plus indolore si possible.
Ceci étant il est vital de conjuguer autrement le mot « rigueur », l’Etat doit faire « une gestion rigoureuse des dépenses des administrations publiques ». C’est le rôle que nous lui avons confié et c’est son devoir. Il faut d’abord réaffirmer que la diminution du nombre de fonctionnaires n’est pas la solution première, souvent si facile à décider. La priorité c’est la chasse aux lourdeurs administratives génératrices de coûts, aux redondances, aux économies, aux dépenses inutiles.
Les économies c’est un état d’esprit qui règne dans la plupart des entreprises mais souvent pas dans les administrations où l’on considère encore trop souvent le budget comme un montant attribué à dépenser comme si c’était un objectif et non une borne maximale des dépenses.
La recherche des lourdeurs administratives, des redondances, de la meilleure définition des rôles et tâches de chacun doit déboucher sur des réformes structurelles en profondeur, des rééquilibrages des moyens entre les différentes administrations. Par exemple de la mairie à l’Etat les rouages se multiplient, communauté de communes, contrats de pays, conseil général, conseil régional. L’investissement dans une commune est souvent un parcours du combattant pour le maire pour aller chercher les subventions et les autorisations.
La France se signale par le nombre de communes le plus important d’Europe. Nombre d’entre elles mériteraient d’être regroupées comme cela se pratique en Belgique et en Allemagne par exemple. La réflexion sur les conseils généraux et régionaux a accouché d’une souris sans remettre à plat la définition des tâches de chacun en particulier dans l’attribution des subventions. Il y a là des gisements d’économie et de rationalisation du fonctionnement des administrations publiques en dehors même du fonctionnement des ministères eux-mêmes.
Terminons sur des chiffres significatifs. En 2009, selon l’OCDE, les dépenses des administrations représentaient 56,5% du PIB et 47,5% en Allemagne soit 19% de plus chez nous mais elles dépassaient même de 11% celles de la zone euro et de l’UE. Se ramener seulement au niveau de l’UE redonnerait 110 milliards d’euros par an et en arrivant au niveau de l’Allemagne on atteindrait plus de 170Mds€. Pour une dette totale annuelle de l’ordre de 130 milliards on peut réellement dire que la vraie niche est là et en plus c’est une véritable réduction des dépenses cette fois !
Même s’il faut retirer, des dépenses non directement compressibles rapidement, la charge de la dette de l’ordre de 45 milliards, il reste du grain à moudre particulièrement dans la rubrique pudiquement appelée « Autres missions » d’un montant de 40,7Mds€ dans le budget 2011. Les discours à perte de vue sur des peccadilles vu l’ampleur du problème à résoudre mais vraies baisses du pouvoir d’achat pour nombre de citoyens sont purement désolants ! Claude Allègre voulait « dégraisser le mammouth » de l’Education Nationale, on peut utiliser la même périphrase pour l’Etat en général. Nous en reparlerons.
La rigueur à vue obtuse et pénalisante peut tuer.
Il faut y ajouter volonté et intelligence.
Claude Trouvé