Les déficits s’accroissent de toutes parts. Le budget de l’état a été revu à la hausse et nous poussait déjà vers une dette publique de plus de 138 Mds€ dont 92,3 issus du budget de l’état. Au passage on note que sur un total du budget de 458 Mds€, le déficit du budget représente 24% de celui-ci. C’est dire combien nous vivons au-dessus de nos moyens.
Mais le ciel ne cesse de s’obscurcir. Le déficit du commerce extérieur va atteindre 75Mds€ en 2011, soit une augmentation de 25Mds€ par rapport à 2010. Les résultats du premier semestre ne laissaient entrevoir qu'un déficit de 65Mds€. Les importations étant plutôt en légère baisse, ce sont les exportations qui s’écroulent. La France désindustrialisée, soumise à l’euro et à des charges sociales élevées, ne peut plus exporter suffisamment.
Une limitation des importations serait donc nécessaire mais difficilement envisageable sans rompre nos traités de libre-échange. La ré-industrialisation est de plus une opération sur plusieurs années, elle est quasiment vouée à l’échec dans le fonctionnement actuel de l’Europe. L’urgence impose de chercher d’abord ailleurs.
Ce n’est malheureusement pas tout. Le déficit de la sécurité sociale explose et devrait atteindre près de 30Mds€. Par rapport à un coût global de l’ordre de 450 Mds€, ce déficit est de l’ordre de 6,6%, ce qui laisse penser que des économies peuvent avoir raison de ce déficit. Malheureusement si ce déficit rentre dans la dette publique et le PIB, il est extérieur au budget de l’état. Ce dernier prend pourtant régulièrement des dispositions sociales dont les revenus ne viennent pas dans les comptes de la sécurité sociale.
Un rapport gouvernemental estime à environ 10Mds€, le montant perçu par l’Etat et qui échappe à cette organisation. Il faut noter que dans la présentation des finances publiques, au sens de Maastricht, les dépenses sociales sont incluses dans le « budget » de l’état. La législation française jette donc un flou sur les réels déficits sociaux. Il n’en reste pas moins que ceux-ci augmentent d’année en année pour atteindre un cumul de l’ordre de 136Mds€ et doivent être financés par l’emprunt.
C’est donc le premier point à travailler et 2% d’économie de fonctionnement c’est 9Mds€. Il est à craindre que l’Etat se contente d’y arriver en diminuant les remboursements aux assurés (la maladie représente environ 50% du déficit) et rogne sur les retraites (36% du déficit). Toutefois il faut noter que la croissance des dépenses de santé est supérieure à la croissance économique moyenne. C’est donc un chantier à ouvrir de toute façon.
Il est évident que l’Etat vit au-dessus de ses moyens. Nous n’en sommes plus à la « ri-lance » de Christine Lagarde. La rigueur nous est imposée de l’extérieur et notre économie est en panne. Dans le budget de l’état on constate que le poste « dépenses de personnel », financé directement, est très important (32,9% pour 128,1Mds€). On note qu’il emploie 1.975.000 personnes auquel il faut ajouter environ 366.000 emplois pour les universités, la recherche, Pôle emploi, l’agriculture, la pêche, l’alimentation, la forêt et les affaires rurales.
Il y a évidemment là de quoi se poser des questions quand on note que dans les statistiques européennes l’Allemagne a des dépenses de personnel d’un tiers moins élevées ! S’il ne s’agit pas de diminuer le personnel enseignant ou le nombre de chercheurs, on peut se poser la question sur tout le personnel administratif en général pour cerner les véritables besoins. Ceci nécessite sûrement des évolutions structurelles importantes et des reclassements du personnel mais on ne peut être l’un des pays le plus doté en emplois d’état et continuer à creuser la dette. Les chiffres parlent, 10% de moins sur ce poste de dépenses c’est près de 13Mds€ et on sera encore loin de nos voisins allemands.
Loin de moi la pensée d’éplucher toutes les économies possibles, il est seulement bon de se persuader que c’est à l’Etat de faire des économies avant de chercher à augmenter ses ressources sur le dos du citoyen.
Cet État cigale doit enfin se résoudre
à faire des économies… de fourmi !
Claude Trouvé