Les universités d’été de l'UMP commencent à Marseille dans un climat de discorde. Le projet présidentiel de nature économique est présenté par Bruno Lemaire, ministre de l’Agriculture ! Le premier ministre et les ministres des finances et du budget sont spectateurs ! Raffarin boude ! C’est dire l’ambiance interne qui est sous-jacente… conflits Devedjian-Sarkozy, Lemaire-Baroin, Fillon-Jupé, etc.
Les députés sont fébriles, des groupes se constituent pour défendre des idées et défient le pouvoir comme par exemple pour le « gender », mot horrible pour la francophonie et porteur d’une déstructuration de la pensée des adolescents. Mais ce qui se joue dans la tête des députés c’est l’approche de l’échéance à laquelle personne n’échappera, le budget 2012 et sa cure d’austérité. Cette dernière aura un impact décisif non seulement sur la présidentielle mais sur les législatives, d’où leur inquiétude.
Sarkozy ne peut ignorer que les objectifs du budget 2011 ne seront pas atteints mais, ce qui est plus grave, les 11 milliards annoncés d’ « économies », appellation trompeuse des nouvelles ponctions sur le revenu des citoyens, sont très nettement insuffisants pour 2012, comme je l’ai écrit précédemment. Cette annonce est destinée à préparer doucement l’opinion pour une nouvelle annonce… que justifiera la crise comme d’habitude. La crise est en effet cette marionnette qui sort de sa boîte pour justifier les mesures impopulaires et qui y rentre pour endormir le peuple.
Les propos de Sarkozy qui s’insurge sur l’emploi du terme de « rigueur » en affirmant ne pas toucher aux salaires et aux retraites est une tromperie évidente puisque la recherche des dépenses et niches fiscales n’est ni plus ni moins qu’une augmentation des impôts et une baisse corrélative du revenu disponible des contribuables. La niche des riches, joli argument électoral, va surtout faire couler beaucoup d’encre pour peu de résultats, quelques centaines de millions au mieux. L’atteinte au revenu des cadres va toucher les classes moyennes, c’est une atteinte aux salaires quoiqu’en dise Sarkozy. La droite est piégée par le budget 2012, comme la gauche par la règle d’or !
Les faits sont malheureusement têtus, la droite doit voter le budget 2012 mais n’a pas de recettes sans créer un énorme mouvement social et perdre la présidentielle et les législatives. La gauche sait qu’elle n’a pas de recettes non plus, car la relance de la consommation intérieure passe pour elle par une augmentation du déficit. Mais elle a l’avantage de n’être pas en responsabilité du budget 2012 !
La droite gouvernementale est mal partie car elle est prise au piège. Il est bien tard pour lancer des réformes structurelles sur le budget des administrations publiques comme sur la sécurité sociale. Tout cela aurait dû être préparé depuis plusieurs années. De plus la récession est proche. Ne pas tenir les critères annoncés à Bruxelles sur le budget 2012, c’est s’exposer à la perte de la note AAA des agences de notation. C’est ce qui a provoqué le vent de panique en août et abouti au « bricolage » dénoncé par Philippe De Villiers.
La gauche lance la grande idée de la taxe financière qui va être présentée par Baroso au G20 en novembre. Elle a trouvé un bon argument électoral. Malheureusement le but, non avoué par Bruxelles, est de donner des moyens supplémentaires au budget européen donc une gouvernance tournée de plus en plus vers la suppression des pouvoirs des états. C’est un pas supplémentaire vers une Europe fédérale regroupant des états de plus en plus éloignés les uns des autres par leurs structures socio-économiques où les mesures dictées par Bruxelles sont sensées, à priori, convenir à tous. De plus qui dit G20 dit un nouveau pas vers la gouvernance mondiale !
Il devient de plus en plus probable que les perches lancées pour sauver les pays européens en difficulté ne vont pas suffire, on parle déjà ouvertement de l’impossibilité pour la Grèce de réaliser son objectif du budget 2011 et de pouvoir assumer sa dette. Le climat de l’économie mondiale, suspendu à celui des Etats-Unis, est celui de la récession proche, donc de l’endettement, de nouveaux plans de relance significatifs de création de monnaie. Un deuxième krach, plus important que le précédent, est de plus en plus probable à court terme.
C’est peut-être ce qui sauvera la droite et déclenchera un réflexe de sécurité des électeurs…
« On ne change pas le capitaine quand le bateau est en perdition »