« La Fed doit notamment effectuer une opération de "twist", qui consisterait à vendre des obligations de courte durée contre des obligations plus longues, afin de réduire les taux à long terme et relancer l'économie. Ce jeu de passe-passe permettrait de baisser le coût du crédit pour les ménages et les entreprises américains, selon les analystes de CM CIC. » (AFP)
Le Congrès américain a bloqué les nouveaux emprunts possibles alors Obama emploie la recette de la ménagère, celle qui consiste à repousser le remboursement de l’emprunt devant soi en allongeant la durée du prêt. La seule différence c’est que là-bas cela se fait dans la joie et le « twist ». Les Etats-Unis doivent financer un nouveau plan de relance contre l’avis du FMI désormais mais ils n’en ont cure car le maître économique et militaire du monde c’est encore eux pour un temps. La guerre en Afghanistan, en Libye n’aurait pas eu lieu sans eux. Nous on suit malgré les grands effets de plumes du coq gaulois.
Tout laisse à penser que ce plan de relance de l’économie américaine aura à terme le même effet que les précédents, c’est-à-dire celui de creuser finalement un peu plus la dette sans véritable relance à court terme. Les Etats-Unis continueront encore cette politique malgré la menace de la Chine, qui rechigne désormais à acheter des obligations américaines moins crédibles d’où cette nouvelle mais dernière solution. L’éventualité de faire monter la devise américaine par rapport à l’euro ne peut aller trop loin sans pénaliser l’industrie américaine, on agit déjà un peu mais pas trop.
En Europe on danse aussi mais devant le buffet. La Grèce ne fournit toujours pas les assurances qu’elle pourra satisfaire aux critères qui lui sont imposés. Et cela pour la simple et bonne raison qu’elle n’a aucune administration capable de faire rentrer correctement les recettes fiscales, car les documents et les contrôles nécessaires ne sont pas en place. Il lui faut donc rogner sur l’argent distribué en particulier les salaires, les retraites et la santé. Cela se traduit automatiquement par un peuple désabusé et dans la rue.
On veut absolument « sauver » la Grèce, non pas vraiment par solidarité, mais parce que l’exemple donné est sensé éviter la contagion et l’effondrement de l'euro. Le Portugal menace de demander une rallonge supplémentaire si les prêts à la Grèce ne sont pas payés. Il a déjà emprunté mercredi 1,250 milliard d'euros en bons du Trésor à court terme, à des taux dépassant 5,2% pour la ligne à six mois. En fait la vraie raison est que les pays en difficulté sont à l’affût des dispositions prises pour la Grèce et veulent savoir comment faire partie d’une nouvelle distribution.
La rigueur imposée à la Grèce ne peut lui permettre de se redresser en restant dans la zone euro. La plupart des économistes en sont convaincus. Les Etats européens jouent la survie de l’euro, peut importe ce qui arrivera finalement à la Grèce. Le dogme doit survivre quel qu’en soit le prix. Ceci ne peut qu'aggraver la déresponsabilisation des états en difficulté qui attendront leur tour pour faire appel au FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) sans réellement assumer leurs responsabilités de réformes structurelles.
Dans le même état d’esprit, l’idée d’augmenter les fonds propres du FESF et celle de la gouvernance économique européenne, vont aussi dans le sens de la déresponsabilisation des états et vers le fédéralisme. Les divergences culturelles, religieuses, économiques, sociales, juridiques ont déjà creusé les écarts entre les pays depuis Maastricht. Elles se font jour de plus en plus et l’attelage franco-allemand est de plus en plus critiqué. Le fédéralisme est une vue de l’esprit valable à très très long terme et le nationalisme affiché actuellement par les peuples qui se sentent de moins en moins associés à la politique européenne est un frein de plus en plus évident.
Notre président pense gagner sa réélection en s’affichant sur le plan international mais le peuple est désormais inquiet pour lui-même. Il réalise la gravité de la situation quand il entend tous ces propos rassurants sur les banques. Il sait que plus on le rassure plus il a raison d’être inquiet. Le Budget 2011 a été revu en urgence et la dette publique sera plus importante encore que le nouveau réajustement. Les hypothèses de travail du budget 2012 sont encore trop optimistes selon le FMI. Les 11 milliards prévus à trouver pour 2012 seront donc insuffisants et les marges de manœuvre à si court terme ne peuvent se trouver que dans une augmentation des prélèvements fiscaux, TVA, CSG, etc. ou la baisse des salaires des fonctionnaires, des retraites ou des remboursements de l’assurance maladie.
Faire payer les riches est un joli slogan électoral mais, vu le montant à collecter, il doit alors toucher les gens aisés et non seulement les riches. Ce sont des gros consommateurs et le gain net sera très amoindri par la perte sur la croissance. La note sera donc salée et indigeste si l’on veut tenir nos engagements envers Bruxelles. Le citoyen de base commence à s’en rendre compte et les candidats vont devoir jouer une partition difficile. Chacun d’entre nous prend conscience que les cadeaux ont un coût, que les caisses sont vides et que le France est sous le coup d’une surveillance accrue. Le peuple est bientôt dans la rue car la récession, enfin avouée, va faire croître le chômage et le pouvoir d’achat sera écorné. Alors le Twist ou l’Euro pour danser devant le buffet vide ?
La croyance en l’euro, monnaie unique,
s’affaiblit plus vite dans les peuples que chez ses dirigeants.
A trop tendre la corde qui les lie, on la rompt.
Elle est déjà effilochée !
Claude Trouvé