La France vient de voter 15 milliards d’euros d’aide à la Grèce en même temps que l’augmentation de 2% des taxes sur les hôtels de luxe. Le dérisoire et l’incongruité de l’association de ces décisions saute aux yeux. La France est généreuse mais incapable de tenir ses engagements. Dans le même temps la Cour Constitutionnelle allemande valide la constitutionnalité de l’aide à la Grèce mais investit le Parlement d’un droit d’approbation ou de refus de telles décisions. Autrement dit la supériorité des décisions allemandes sur celles de l’Europe est réaffirmée.
La France s’engage globalement sur 47,4 milliards d’euros d’aide à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande. Tout le monde s’accorde pour penser que la Grèce, prise à la gorge par un plan d’austérité trop drastique, ne pourra pas rembourser. Le gouvernement qui affirme qu’il ne s’agit que d’une réserve remboursable sait pertinemment qu’il s’agit d’un prêt à fonds perdus. Le montant engagé est équivalent à l'emprunt russe des tsars dont on sait ce qu'il advint. Qui paiera la note si ces pays sont non solvables ? La réponse est comme toujours les français et la note sera de 2920€ par couple ayant deux enfants !
L’Europe solidaire se déconstruit lentement mais sûrement sous l’effet de la crise. L’Europe met en lumières les différences actuellement insurmontables des pays qui la composent. Les politiques nationales se font de plus entendre. Le Danemark supprime unilatéralement les barrières douanières. Les politiques d’immigration sont hétéroclites mais les immigrés se déplacent sur tout l’espace Schengen.
L’Europe s’accroche à un schéma qui prouve chaque jour qu’il était un rêve impossible à l’échelle d’une ou deux générations. Elle s’autodétruit mais ne veut pas le reconnaître. C’est la première fois dans l’histoire qu’une monnaie précède la création d’un État par annexion ou conquête. L’Union fait la force mais un attelage avec un percheron et un âne est moins efficace qu’un percheron ou un âne seul. L’Europe du bon sens n’a pas été construite, elle est le résultat d’une perte de confiance de la France dans son avenir sous Mitterrand et d’une politique allemande de domination économique de l’Europe.
La monnaie unique est le cadenas que l’Allemagne a mis sur notre économie, son véritable nom est l’euromark. Notre salut pourrait venir de la crise qui a précipité les évènements et fait rapidement régresser l’Europe dans l’économie mondiale sous l’effet de la mondialisation. Il le sera si nous ouvrons enfin les yeux sur la nécessité de rebâtir une autre Europe, celle des nations, une Europe plus consensuelle, une Europe aux contours mieux définis, une Europe où les mises en commun ne font pas appel à la solidarité mais à l’intérêt commun.
Il faut savoir tirer les leçons de ses échecs, c’est ainsi que les grands peuples ont survécu. Il suffit de leur redonner la parole. Ceux de 1789 savaient cela…
« Les Grands ne le sont que parce qu’ils sont juchés sur nos épaules,
Secouez-les et ils jucheront la terre. »
Claude Trouvé