Depuis trente ans la pensée unique inonde les médias, la presse et les discours politiques. Depuis trente ans nous devons contrôler nos pensées sous peine de tomber sous le coup de la loi et du code pénal. Ce ne sont plus nos actes qui sont répréhensibles comme l’on vécu nos grands-parents mais la libre expression de nos pensées. On nous a enfermés petit à petit depuis l’école dans la pensée unique comme le furent nos ancêtres par la religion catholique. On a ressuscité les bûchers sous une nouvelle forme pour punir les impies, les apostats.
Avant la deuxième guerre mondiale, ce qui n’est pas encore si loin, les opinions s’exprimaient librement et de façon souvent véhémente. On pouvait être communiste, colonialiste, raciste, royaliste, anti-juif ou anarchiste et le crier haut et fort. Les relais de la grande presse existaient et s’en faisaient l’écho. Personne ne pouvait être poursuivi pour ses idées. Les freins à la libre expression étaient peu nombreux et touchaient essentiellement à la sécurité du pays. La France n’en est pas tombée pour autant dans l’extrémisme ou dans une débauche d’actes racistes par exemple.
Les temps ont bien changé depuis trente ans. On ne doit plus exprimer sa pensée que dans le canal étroit de ce qui est dans la pensée unique. Celle-ci se caractérise par des dogmes qui régissent la pensée et touche tous les domaines. Tout a commencé par l’article 1 de la loi Pleven promulguée en 1972 sous le gouvernement Chaban-Delmas :
« Ceux qui [par tout moyen de communication publique] auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis [de prison et d’amende] ».
La provocation à la haine introduisait la notion de pensée et non plus seulement d’acte punissable. Si l’incitation à la violence est une incitation à l’acte, ce n’est pas le cas de la haine qui est un sentiment. On va donc étendre la sanction à des supputations, des suppositions subjectives et arbitraires sur des incitations de passage à l’acte.
L’article 5 de cette loi a étendu le pouvoir de déclenchement de l’action judiciaire non plus au gouvernement et aux victimes mais à des tiers ouvrant ainsi la porte à des motivations de groupes d’individus qui ne sont pas directement concernés ou lésés. Ce pouvoir est donné à :
« toute association, régulièrement déclarée depuis au moins cinq ans à la date des faits, se proposant, par ses statuts, de combattre le racisme ».
La porte était ouverte à des groupes politiques, des sectes, des associations militantes pour s’attaquer à autrui pour ses opinions. Le libre débat sur le racisme était clos, en parler est devenu punissable. Tout propos ou écrit est passé au crible de tiers qui peuvent les considérer comme racistes et déférer autrui devant la justice. Le plus bel exemple est celui, récent, d’Eric Zemmour. Le fait de dire que les prisons sont remplies d’une majorité de musulmans est punissable, que le fait soit avéré ou pas, et il a été puni.
Mais la censure de la pensée a continué avec la loi Gayssot du 13 juillet 1990 qui rétablit explicitement le délit d’opinion en sanctionnant la simple expression d’un jugement intellectuel.
« Seront punis… ceux qui auront contesté… l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945… ».
Certaines pensées deviennent interdites parce qu’elles diffèrent d’une pensée unique. Ceci fait que désormais nous jetterions en prison pour « contestation de crime contre l’humanité » les historiens qui tentaient de démontrer que le massacre de milliers d’officiers polonais à Katyn ne fut pas perpétré par les nazis, mais par les soviétiques. Le gouvernement russe a fini par le reconnaître tardivement.
C’est ainsi que nous rentrons dans l’obscurantisme, nous les héritiers du siècle des Lumières. La pensée est cadenassée, l’individu est surveillé de plus en plus, les médias survivent s’ils sont dans la pensée unique et la libre expression se restreint chaque jour. Les dogmes fleurissent « En dehors de l’euro, point de salut », « Le multiculturalisme est une chance pour la France », « Le baccalauréat doit être obtenu par 80% des élèves », etc.
En tant que scientifique jene peux que m’insurger contre cette chape de plomb mise sur l’expression de la pensée. La science progresse parce qu’elle se remet toujours en question, la vérité d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain. Notre terre plate est devenue ronde, le soleil s’est arrêté de tourner autour de la terre et l’on vient de douter de la vitesse limite de la lumière, si chère à Albert Einstein.
La France est entrée en décadence, c’est le rétrécissement de sa pensée qui la fait vieillir comme tout être humain ! De la pensée des grands espaces de liberté, nous allons vers celui plus restreint de notre univers familier en nous dirigeant vers celui de notre chambre hospitalière puis vers celui du fauteuil confortable et enfin vers notre lit douillet… pour y mourir.
La pensée est le propre de l’homme
Quand elle est unique, elle est morte !
Réveillez-vous bonnes gens !
Claude Trouvé