La crise doit toujours avoir des responsables. Les gouvernants, qui ont le relais des médias pour s’exprimer, ont eu vite fait de rejeter la crise sur les banquiers, les marchés, les paradis fiscaux et autres dérégulations du marché des capitaux. Cette attitude est largement répandue et les solutions mises en œuvre tournent autour de deux slogans, la relance et la réglementation au sens large.
La réglementation est d’ailleurs la potion habituelle française pour « régler » les problèmes. Quelque chose ne va pas, on crée une réglementation, on publie un décret, une loi. La recherche de la cause est le plus souvent inutile, la réglementation solutionne tout. Or en matière d’économie la connaissance des causes est fondamentale. On règle par exemple le manque de petits logements à Paris, qui pousse à la cherté des loyers par un blocage de ceux-ci, incitant ainsi les propriétaires à mettre leur argent ailleurs et à diminuer l’offre.
Contrairement aux messages constants de nos dirigeants politiques, la cause de la crise venue des Etats-Unis vient de la masse monétaire virtuelle créée par la banque centrale américaine et des prêts à grande prise de risque des banquiers. Seulement tout cela a été voulu par l’Etat américain. L’incitation à prêter à des taux très bas et sans véritable contrôle des revenus pour les emprunts immobiliers est une volonté clairement signifiée voire imposée aux banquiers par l’Etat.
L’Etat américain s’est voulu à la manœuvre et cette masse monétaire virtuelle s’est répandue sur le monde entier, en particulier en Europe où la libre circulation des capitaux a été adoptée. Les Etats européens ont profité de cette masse monétaire et de taux d’intérêt anormalement bas pour dépenser plus. En plus les marchés se sont dérégulés avec des secteurs productifs plus développés qu’il n’aurait fallu sans cet apport, apport même souvent donné directement par l’Etat à certains secteurs productifs.
Le principe, sous-jacent, est cette croyance que l’on peut relancer la demande globale en injectant de la monnaie virtuelle dans le circuit économique. La croissance réelle est celle qui nous permet d’augmenter notre pouvoir d’achat par acquisition de biens dont le coût a baissé. Un réfrigérateur acheté en 1960 prenait une part beaucoup plus importante de notre pouvoir d’achat qu’aujourd’hui. C’est cela la véritable croissance et non celle de l’augmentation du PIB par création virtuelle de monnaie. Elle permet soit de consommer soit d’épargner. Les deux sont utiles aux secteurs productifs en stimulant soit la production soit l’investissement.
Il en va de même pour la réduction de la dette des états. Valérie Pécresse affirme déjà que nous tiendrons l’objectif de réduction de 4,6% de la dette annuelle en 2012. Elle ne précise pas comment et c’est là tout le problème. Il y a quatre solutions, la création de monnaie, l’impôt, l’emprunt et la réduction des dépenses. Dans le premier cas l’euro nous interdit cette création, sauf que la BCE commence à le faire pour certains pays. Dans les deux et troisième cas, on retire aux consommateurs du pouvoir de consommation ou d’épargne. Ces actions sont donc contre-productives car les recettes fiscales des sociétés vont être affectées ainsi que le PIB, le chômage et ses allocations. L’objectif de 87,1%/PIB sera encore beaucoup plus difficile à tenir.
Le seul moyen, c’est la réduction des dépenses et non la rigueur au sens de la réduction de la dette. Tenir un objectif de réduction de la dette en créant de l’impôt est une façon de prolonger la crise économique. Intervenir par des règlements qui brident l’évolution des secteurs productifs et des financements des investissements de ceux-ci est un interventionnisme nuisible de l’Etat.
La masse monétaire virtuelle et mondiale doit se résorber doucement par le fonctionnement normal des économies. Ce qui ne peut éclore ou vivre que par cet apport continuel factice disparait et l’argent avec, à condition de ne pas en remettre dans le circuit. Par contre la chasse aux dépenses inutiles, ou dont la rentabilité ne peut être évaluée, est le rôle économique de l’Etat pour assurer ses fonctions de défense, de santé, de sécurité, de justice, d’enseignement, de recherche, etc.
Les subventions aux productions non rentables soustraient des moyens financiers qui seraient mieux utilisés ailleurs. Le raisonnement des entreprises s’applique aussi à l’Etat. Le prêt aux particuliers pour soutenir l’énergie solaire par exemple est une perte d’argent pour l’Etat et empêche ainsi de le mettre dans la recherche sur l’amélioration du coût de cette énergie. Il empêche aussi de se développer une autre source d’énergie, comme la géothermie capable d’une production beaucoup plus constante.
L’interventionnisme de l’Etat, poussé à l’extrême en URSS, a toujours démontré qu’il perturbait le déroulement de l’économie d’un pays. La réglementation et l’impôt sont autant de freins à la croissance normale que crée l’innovation, la créativité, la bonne gestion prévisionnelle des entreprises. Il serait bon qu’enfin on comprenne qu’enlever des ressources aux consommateurs, brider les banques, les entreprises dans la réglementation sont des actions contre-productives.
Les économies les plus saines de la Zone euro l’ont compris et mis en œuvre. Il nous reste en France à l’appliquer mais il est beaucoup plus facile de réglementer, de légiférer, d’interdire et de prendre l’argent dans la poche des citoyens ! C’est si facile, qu’en cette période préélectorale, les candidats ne tarissent pas d’idées sur les dépenses, toutes nécessaires, et les impôts et taxes… « Tobin or not to be » !
Si l’Etat ne s’applique pas à lui-même la réduction des dépenses
Si la rigueur est synonyme de plus d’impôts et de règlements nouveaux
La crise n’est pas prête d’être résorbée
Et le progrès social sera sous l’éteignoir.
Claude Trouvé