Chaque semaine, voire chaque jour, amène son lot de dégradation de la situation financière des états européens fragiles. L’Italie, après la Grèce et Malte, voit sa note dégradée. Les européens reculent devant le paiement de 15 milliards à la Grèce à valoir sur ses droits de tirage qui lui avaient été alloués. L’aide aux pauvres est sortie des préoccupations de l’Europe, à chacun ses pauvres !
C’est un climat de plus en plus net de repli sur soi et de contournement des directives européennes qui se met en place. L’Irlande a abaissé ses taxes sur les sociétés, le Danemark remet des barrières douanières, la Finlande demande des sécurités de remboursement supplémentaires pour prêter aux Grecs. La liste s’allonge de plus en plus. Par ailleurs les Commissions européennes font feu de tous bois pour assujettir les nations à leurs directives.
L’Europe vacille, non seulement sur le plan économique mais dans l’esprit même qui régnait encore dans l’Europe à 17. On voit cette fois émerger les raisons cachées qui vont opposer les peuples et les dirigeants. En même temps que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel affirment haut et fort que seule la gouvernance économique (sous-entendu gérée par eux), plus les peuples concernés montrent, dans les sondages, les manifestations publiques, les élections, leur angoisse voire leur hostilité à une Europe qui décide sans eux.
Tant que des mesures de rigueur ne se mettaient pas en place, ils pouvaient croire à « l’Europe qui protège », mais celle-ci n’a aucunement été protégée en souffrant de la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux. L’Etat allemand, exportateur, en a seul profité largement mais pas réellement le peuple allemand. La réunification de l’Allemagne a été ainsi digérée comme le voulait le chancelier Kohl. Cette époque est révolue, nous entrons dans la récession et les pays européens exportateurs seront les plus touchés.
La Chine va caracoler avec des taux de croissance de 7 à 8%. La France, pour laquelle Christine Lagarde avait prévu 2,5% de croissance en 2012, voit François Baroin en charge d’un objectif de 2,0%. Dans le même temps la directrice du FMI annonce une croissance de 1,4% pour la France. Les fondements de la crise étant connus depuis 2008, on voit combien nos économistes sont excellents dans sa gestion puisque Mme Lagarde annonçait la sortie de crise peu de temps avant son départ.
La situation devenant incontrôlable, tout le monde ment, au moins par omission. Notre ministre des finances annonce tenir 1,75% de croissance pour 2011 quand concomitamment Mme Lagarde publie 1,7%. Notre ministre du Budget, Valérie Pécresse, annonce que quoi qu’il arrive nous tiendrons l’objectif de diminution du solde négatif des Administrations Publiques de 4,6% selon nos engagements. Elle oublie que nous nous étions engagés initialement à une dette publique limitée à 87,4%/PIB, ce qui est l’objectif le plus important. De toute évidence celui-ci ne sera pas tenu. Le PIB va diminuer entraînant une diminution des recettes fiscales entre autres. Le déficit de la sécurité sociale a explosé en 2010 et le solde du commerce extérieur est de plus en plus négatif.
Récession veut dire chômage et augmentation des allocations correspondantes. Moins de ressources et plus de dépenses prévisibles nécessitent des opérations chirurgicales sur le train de vie de l’état qui ne peuvent qu’être insuffisantes d’une part parce que le délai pour les réaliser est trop court, sauf les licenciements de fonctionnaires, et d’autre part parce que s’ils sont trop violemment et lourdement appliqués les désordres sociaux seront inévitables et entraîneront des pertes de production.
Il reste la solution de ne pas tenir tous nos engagements avec le risque de la dégradation de la note de la France. Celui-ci ne peut être évité que par un véritable changement dans la politique de la France réorienté vers la croissance, la récupération de ses capitaux. Autrement dit seule une remise en cause des contraintes que nous impose la zone euro peut nous redonner la possibilité d’une autre politique où l’Etat français est maître de la situation.
Il va falloir malheureusement attendre encore que le peuple soit dans la rue devant les conséquences de la dégradation rapide de notre situation économique, conséquences qui toucheront surtout ceux pour qui emploi et salaire décent sont les objectifs prioritaires.
Pendant ce temps nous paradons sur l’échiquier international comme un américain d’Europe, nous guerroyons sans souci du prix des canons.
Le coq français se veut belle allure
mais il est chante en guenilles
et pète plus haut que son… derrière !
Claude Trouvé