Parmi
les indicateurs les plus révélateurs, le PIB/habitant reste l’un des plus
significatifs. Il est significatif de la richesse disponible par habitant, donc
de la santé économique d’un pays. Bien qu’il soit fortement lié, il n’est pas
forcément représentatif du niveau de vie des habitants. En effet il ne spécifie
pas la destination de cette richesse, en particulier la répartition entre l’Etat,
les sociétés privées et le public. Mais il permet sur une période annuelle de
faire la comparaison entre les pays ayant la même monnaie. Pour aller au-delà
et faire des comparaisons dans l’espace et dans le temps on doit s’affranchir
des taux de change et de l’inflation entre autres. L’indicateur qui permet cela
se nomme le PIB/habitant à parité de pouvoir d’achat et à monnaie constante en
donnant l’année de départ de cette comparaison en deçà ou au-delà de cette
date.
Cet article va se baser
sur le graphique représentant cet indicateur de 1980 à 2017 pour 7 pays (France, États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Suisse) avec l’année 2011 comme
date de comparaison. Quatre d’entre eux font partie de la zone euro, un de l’UE
avec le Royaume-Uni, plus la Suisse qui est dans l’Espace Économique Européen (EEE)
mais pas dans l’UE, et les États-Unis qui est hors EEE. Il apparaît immédiatement
trois remarques principales. La Suisse domine les 5 autres pays depuis avant
1980 mais l’écart avec les États-Unis s’est considérablement réduit. Ces
derniers présentent la plus grande dynamique avec une croissance constante du
PIB/habitant de 1979 à 2017 de l’ordre de 1,54%/an ou en moyenne de 620 $/an.
Le deuxième constat est que la crise financière de 2009 a impacté tous ces
pays, mais c’est l’Allemagne qui a le mieux tiré son épingle du jeu. Le
troisième constat concerne le Royaume-Uni dont la dynamique ressemblait à celle
des États-Unis, dynamique cassée dès 2005.
Ce
dernier constat mérite une interprétation. La dynamique britannique s’est
brusquement ralentie en 2008 avec l’arrivée au pouvoir de David Cameron, très
européiste et avant la crise financière de 2009. Toutefois la monnaie anglaise
permettait un développement supérieur à celui de la France jusqu’en 2016 où la
dévaluation de la livre, en lien avec le Brexit, a agi dans un premier temps
sur l’indicateur PIB/habitant. On observe le même phénomène pour la Suisse dont
les accords avec l’UE se sont multipliés dès 2008. L’UE exerce de plus en plus
une pression sur ce pays afin qu’il adopte les règles de l’UE sans y entrer
officiellement. La progression de son économie s’en trouve ralentie au niveau
de celle de l’Italie. Alors que les valeurs de l’indicateur pour la France, l’Allemagne
et l’Italie étaient très proches en 1983 et de nouveau en 2004, elles ont ensuite
franchement divergé. L’Italie paye un lourd tribut à l’Allemagne dans l’UE avec
des performances économiques médiocres.
L’Espagne,
dernier pays en 1980, a subi un lourd handicap avec la crise de 2009 et n’a pas
encore récupéré sa valeur de 2008. Pourtant elle retrouve un nouveau dynamisme qui
la rapproche de l’Italie dont l’évolution économique est la plus faible avec la
Suisse. Dès 2006, l’Allemagne a creusé le trou avec les autres grands pays
européens, impactée une année par la crise de 2009, elle a rebondi dès 2011.
Toutefois il semble que son économie commence à s’essouffler en 2017 par
rapport au Royaume-Uni et surtout aux États-Unis. L’arrivée massive d’immigrés
demande sans doute un temps de digestion, mais on peut penser aussi que la
faiblesse relative des autres pays européens va commencer à jouer sur ses
exportations et que l’austérité affaiblit la consommation intérieure. Néanmoins
c’est le pays qui profite le mieux de l’UE et de la zone euro qui lui ont
permis de distancer les autres grands pays européens.
Le cas de la France est
celui d’un grand pays amorphe depuis 2011. La France décroche nettement des États-Unis. L’UE et la zone euro ne lui amènent aucun surplus de dynamisme et
elle décroche même par rapport à la moyenne de l’OCDE. On note que les deux
pays parmi ceux ayant le PIB/habitant le plus élevé du monde, Norvège et Suisse,
marquent le pas. Ceci ne dédouane pas la France de sa faible performance même
si les pays du Sud, Chypre, Grèce, Portugal et Italie font moins bien. Elle se
laisse même rattraper par l’Espagne. On note les performances de l’Irlande et
de Malte. L’Irlande bénéficie d’avantages spécifiques sur les impôts sur les sociétés,
et Malte de son « statut » de paradis fiscal.
Mais
le graphique montre d’une façon claire que la zone euro performe moins bien que
l’UE, laquelle fait moins bien que les pays de l’OCDE, et encore moins bien que
la performance mondiale sur ces dernières années. On peut en déduire que l’UE s’enfonce
par rapport aux autres continents et n’apporte aucun plus global. Les pays
bénéficiaires, Allemagne, pays baltes et de l’Est, le font simplement au détriment
des pays du sud. Cela suffit à condamner définitivement cette organisation qui
prend du retard, non seulement par rapport à l’Asie de l’Est mais aussi par
rapport aux Etats-Unis qui se servent de l’UE comme glacis économique et
militaire. On notera que la réussite n’est liée ni à la taille de la population
des pays ni à son niveau de PIB/habitant. L’exemple de l’ile Maurice, à une
demi-heure d’avion de l’île de la Réunion, a un dynamisme qui ne doit rien à
personne et un PIB/habitant supérieur à la moitié du nôtre, donc de la Réunion,
et est en pleine progression.
Il faut se rendre à l’évidence, la France
perd pied dans l’avenir économique du monde. Elle est précédée par l’Italie, le
Portugal, Chypre et la Grèce, alors que l’Espagne rame pour revenir dans la
course. L’UE sombre lentement avec des écarts entre pays du Nord et du Sud qui s’agrandissent.
Cette UE est incapable de faire progresser l’ensemble d’une façon harmonieuse.
Elle prend aux uns pour donner aux autres, mais nous coulons tous, même l’Allemagne.
L’avenir est en Chine et plus largement
dans l’Asie du Sud-Est et dans le Pacifique. Ce pôle va drainer avec lui la
Russie mais aussi l’Inde et l’Iran. Ces alliances multiformes respectent la
souveraineté des nations et sont en train de donner un nouveau sens à une
mondialisation non hégémonique. Leurs projets d’investissement sont colossaux
et la guerre contre le dollar est inéluctable. Le monde multipolaire et le
dollar, monnaie incontournable, sont incompatibles.
Toutefois cela tient
essentiellement à notre façon de gérer notre pays et à l’évolution de nos
mentalités. Si l’Irlande réussit si bien, c’est parce qu’elle a réussi à
obtenir des droits spéciaux sur l’impôt des sociétés qui attire l’argent des
plus grosses dans ses caisses. Mais elle a réussi ce que la France ne fait pas,
c’est d’en redonner une partie importante à son peuple, nourrissant ainsi la
consommation intérieure. La recette est simple et Trump l’a compris, du coup la
croissance américaine s’accélère. En dehors de la Chine, qui au rythme actuel
aura dépassé notre PIB/habitant dans 18 ans soit en 2035, la France passe de la
29ème place à la 45ème sur les 48 pays représentés entre
2016 et 2035. Le plus inquiétant est que l’UE perd 12 places et la zone euro 16
alors que l’OCDE en gagne 5. Même si sur 18 ans, beaucoup de choses peuvent
changer, cet éclairage prospectif montre qu’en moins d’une génération tout peut
évoluer très vite si nous ne changeons rien. L’Union
européenne n’amène ni augmentation relative de richesse, ni dynamique sur le PIB/habitant,
elle nous fait au contraire reculer par rapport à l’évolution mondiale. La zone
euro est plus un frein supplémentaire qu’un avantage économique.
Terminons
en remarquant sur les graphiques que parmi les pays qui sortent du lot, on
trouve les paradis fiscaux (Panama, Malte, Hong-Kong, Singapour, Luxembourg et
Malte). Ces pays pompent l’argent qui échappe aux pays de provenance démontrant
une fois de plus que la lutte contre eux est une fiction savamment entretenue
par les grandes puissances financières mondiales. Le mondialisme sans
contrainte et la libre circulation des capitaux conduit vers un monde où les
inégalités ne peuvent que se creuser entre les riches et les pauvres. Il est
temps que ce dogme trouve enfin une autre alternative que l’hégémonie
américaine que nous soutenons par notre vassalisation germano-américaine. La France
devrait avoir un autre destin que celui de jouer le rôle de supplétif. La France,
libre de ses entraves, peut aussi bien faire que l’Irlande ou l’Islande.
Notre
pays s’étiole et la France est en panne
De
la grande épopée d’un historique destin
Ce
pays en jachère et que les riches damnent
Livre
son patrimoine à leur cruel festin.
Faudra-t-il
que le peuple perde sa liberté
Que dans
la pauvreté de ce pays qui crève
Son
envahissement, ses inégalités
Dresse
le peuple enfin dans la rue et la grève ?
Ce n’est
pas dans vingt ans, qu’il faut se réveiller
Le
monde aux oubliettes aura classé la France
Qui
n’aura même plus la force de veiller
A
garder à sa langue… son appartenance.
Jacques Ouvert
Claude Trouvé
03/04/18
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