On
avait eu le sentiment que l’élection de Macron à la Présidence était une
entourloupe d’un peuple français, dégoûté des deux précédents locataires de l’Elysée,
et que celle-ci avait été longuement et minutieusement préparée par une
campagne médiatique à sens quasi unique et d’une ampleur que seuls les moyens modernes
permettent de réaliser. C’est un peuple sonné, dégoûté, qui a subi un
matraquage continu où le candidat abreuvait les français d’une logorrhée répétée
en boucle où les mots « Penser printemps » permettaient de ne pas promettre
des jours meilleurs, et où « Ni de gauche, ni de droite » et « Europe »
servaient de viatique à la nouveauté et à l’espoir. Devant des salles chauffées
à blanc par une clique claque, payée pour se faire, il égrenait ensuite une
série de mesures apparemment non liées dont le but réel était soigneusement
masqué. La France allait se reprendre en main et se projeter dans l’avenir,
sous-entendu radieux, car Macron incarnait déjà celui-ci par lui-même. Le monde
des affaires avait en effet flairé une bonne affaire, et les cadres et les
professions libérales étaient sensibles à la vigueur revenue après une période
plutôt triste abreuvée d’inversion de la courbe du chômage qui ne venait pas.
Les retraités, inquiets pour cette jeunesse qui cherchait du travail et
quittait souvent le pays, ont vu dans ce jeune et fringant candidat, remonter
les souvenirs de leur passé actif où la France croyait encore en elle-même.
Bref
grâce à la défection de Hollande, à une orchestration médiatique ne laissant que
peu de créneaux à l‘opposition, et à un dernier petit coup de pouce de
magouille électorale pour le premier tour, Macron a terrassé Marine Le Pen, promise
au bourreau et les mains liées derrière le dos. Il n’en reste pas moins que l’abstention
avait battu des records et que le Président de tous les français partait avec
un bagage de seulement 18% du corps électoral. La vague « macroniste »
lancée permettait de décrocher une place de député à d’illustres inconnus et de
s’assurer une large majorité à l’Assemblée Nationale. L’embellie s’est
poursuivie avec le tambour des médias où les journalistes bavaient devant le
culot, l’art de la communication, et la jeunesse du Président. Fort de ce résultat
inattendu pour le monde entier, mais non par les puissances de l’argent qui l’avait
préparé, et fort de ce monde derrière lui, Macron déployait les ors de la République
pour accueillir les grands de ce monde et en particulier Poutine et Trump, et disait
rehausser le couple franco-allemand à un niveau jamais atteint.
Dans
un démantèlement général des partis traditionnels, une illusion des syndicats
devant un ancien Ministre de gauche qui promettait d’ouvrir largement les
négociations, la refonte de la loi Travail est passée comme une lettre à la poste.
Le Medef était déjà aux anges et Bruxelles aussi, car la première loi travail s’était
mise en retrait sur la flexibilité par rapport au projet initial de Macron
Ministre avec la patate chaude passée à Madame El Khomri. Macron commençait à remettre
la France dans les clous de l’Union Européenne. C’est le début d’une politique
d’austérité, affichée comme étant d’abord appliquée à l’Etat lui-même, mais en
réalité dirigée contre la classe moyenne et les laissés pour compte. La France devait
renaître par des largesses faites au patronat, surtout aux grandes sociétés
exportatrices, et aux plus grosses fortunes sous prétexte de les retenir en France.
La socio-libéralisme affiché en campagne électorale, se teintait alors de
libéralisme à odeur de capitalisme
La
période du mépris présidentiel était enclenchée, puisque le besoin de séduire n’avait
plus lieu de continuer après une prise de pouvoir sans partage tant l’opposition
représentative était à terre. Le Président des villes et des riches perçait
sous le masque. Dans la rue qu’il affrontait sans complexe, le Président
tançait les récalcitrants sans état d’âme et avec des propos blessants. Ces
coups médiatiques ont commencé à rester dans la mémoire du petit peuple, la France
d’en bas, celle qui devait se contenter de ce qu’elle avait, et se réjouir d’avoir
un Président tourné vers l’avenir des multinationales et des start-ups. Mais cette
frange de nos compatriotes ne peut se faire entendre que dans la rue, et le corporatisme
encouragé ne permettait pas un mouvement d’ensemble. Macron peaufinait sa
stature de Président en contrôlant tout, en donnant à fond dans la communication,
et en lançant des mesures plus ou moins utiles comme une volée de bois vert qui
paralysait une opposition sollicitée au-delà de ses possibilités d’examen.
La
vitesse d’exécution, plombant la démocratie représentée par les élus, est
devenue alors une méthode de gouvernement qu’une majorité d’élus, aux ordres et
partiellement incompétents, permettait sans coup férir. Cette atteinte à la
démocratie est devenue une marque d’un pouvoir qui tourne à l’autoritarisme à
vocation dictatoriale. Ses propos à la BBC au Royaume-Uni, exprimant son
opinion sur la volonté européenne de son peuple d’en sortir s’il autorisait un
référendum, mettent en lumière deux choses. La France ne sortira pas de l’UE et
la pratique du référendum est exclue, comme le souhaite Bruxelles sous le manteau.
Un an après le masque est définitivement tombé. La campagne électorale est
lancée pour les élections européennes et la pratique démocratique est annoncée.
Selon lui la démocratie est assurée par des « consultations », qui,
affublées de l’adjectif citoyen, permettent au Président de tester la réaction
du peuple à une action politique et de préparer au mieux la communication qui
va faire adhérer celui-ci sans changer quoi que ce soit aux modalités de l’action
prévue.
Sur
le plan économique on peut prévoir, que hormis des domaines de pointe avec les
start-ups et les grandes sociétés exportatrices, la dynamique économique,
malgré une petite reprise récente dans une période plus faste en Europe et dans
le monde, la France ne remontera pas la pente qui commence à la séparer du
peloton de tête européen. La politique du ruissellement n’est pas adaptée à une
mondialisation assortie d’une libre circulation des capitaux. Les investisseurs
et les grandes sociétés jouent tout autant sur leurs productions que sur la
spéculation, et des flots d’argent sortent de France dans des délocalisations
et des manipulations financières plus ou moins légales dans les paradis
fiscaux. Mais sur le plan intérieur la grogne a commencé par la hausse de la
CSG pour les retraités dont la motivation ne passe pas. Mais il apparaît au
grand jour que le dépouillement du patrimoine industriel et culturel de la France
est engagé sous prétexte de réussir à équilibrer les dépenses de l’Etat. C’est aussi
désormais les services publics qui sont dans la ligne de mire. Cette fois une
grève dure est en cours, et elle entraîne successivement toutes les
corporations qui n’osaient pas aller seules au combat et souffraient néanmoins
de voir leur environnement de travail se déliter.
Cette
facette de la dénationalisation fait fi d’un principe que tout le peuple a
droit à une égalité de service public dans le transport, dans l’énergie, dans
les infrastructures, dans la santé, dans la sécurité. Il paie des impôts pour
cela. Si la richesse n’est pas directement créée par les fonctionnaires et les
services publics, ils y contribuent indirectement et préservent cette égalité
dans le service rendu. Le privé a le critère rentabilité chevillé au corps, et
s’il ne le fait pas il meurt. On ne peut
attendre de lui qu’il change d’objectif. On ne peut même pas penser qu’un Etat,
accroché au libéralisme, puisse longtemps lui imposer des contraintes de
service public, comme osent le dire certains. C’est tout simplement contre
nature et cela ne marche pas longtemps. On est donc devant une politique affirmée
de retrait de l’Etat qui vend les bijoux de famille, comme on va chez ma tante,
mais, sachant qu’il n’a qu’un fusil à un coup, c’est retirer au peuple ce qui
devait être passé aux générations futures, le faire payer pour un service inégalitaire,
et favoriser un exode rural qui ne résoudra rien.
Cette
revue d’une année de présidence mérite que l’on en dise plus dans le prochain
article, car il faut se rendre compte que, sous le masque qui se déchire un
peu, nous avons élu un personnage qui mène la France où on lui dit de la mener.
Cet avenir ne sera pas radieux pour la majorité de notre peuple parce qu’il est
prévu par les grandes puissances financières pour lesquelles la France moyenne
et d’en bas ne représente que des productifs et des consommateurs, comme la chair à canon pour les
militaires.
La France est cette fois réellement en
danger
Il faut que le peuple ouvre enfin les
yeux
Que Macron s’ingénie à lui fermer
Avant qu’il ne soit trop tard !
Claude Trouvé
18/04/18
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