Il
est loin désormais le temps où les coalitions occidentales pouvaient faire
régner leur ordre sur la planète. Ces coalitions se résument d’ailleurs en fait
en un trio majeur où la France s’affuble du titre européen, où le Royaume-Uni
n’a jamais représenté que lui-même et son ancienne puissance mondiale, et où
les Etats-Unis pensent que leur dollar et leur armée permettent de ne pas être
dépendant du précédent. Mais il n’y a pas de puissance, pas plus que de guerre,
sans argent. C’est la dure loi à laquelle s’est affrontée notre royauté et même
les Révolutionnaires devant les caisses vides. L’argent ne peut plus être
demandé au Pape, ou aux Vénitiens mais sort des caisses des banquiers apatrides
et des milliardaires, qui tirent les ficelles par des actions sur les Etats, comme
le fait Rothschild, et des actions personnelles comme Soros, par exemple. Que
craignent ces gens-là ? La découverte du pot aux roses par des peuples
dont les réactions collectives sont seules capables de changer le cours du
destin qu’on leur fabrique.
La
mise en condition favorable des peuples est donc un impératif que seule la
désinformation par omission, travestissement de la réalité, fausses nouvelles,
etc. est capable de faire. Pour que l’attention de ceux-ci soit captée, il faut
désigner un ennemi sur lequel se déversera la désinformation. C’est par exemple
les OGM, le changement climatique, le nucléaire, ou un pays ennemi, pays
menaçant par nature. L’ennemi c’est la cible à abattre qui fédère les masses
sur laquelle l’information doit être continue et dense, dans un savant mélange
de vraies et de fausses nouvelles. Une désinformation efficace doit laisser un
créneau de constats réels et vérifiables. C’est le cas du changement climatique
où l’on mêle, autant que de besoin, les phénomènes météorologiques vérifiables
pour tout un chacun et les phénomènes climatiques invérifiables pour les
non-spécialistes. Mais dans ces cas la désinformation n’a que l’arme de la
communication et l’ennemi désigné n’a pas d’armes létales à court terme.
Pour ce qui est de la
possession des richesses, des ressources, des territoires, il faut faire parler
la puissance des armes par la menace allant jusqu’à l’action militaire. Le
temps où on paradait en Libye sous l’œil contrit de la Russie est désormais
révolu. La Russie est redevenue une puissance économique notable, classée à la
sixième place par son PIB (PPA) par le FMI alors que la France est en dixième
place après avoir été cinquième. Mais surtout la puissance militaire, qui lui a
manquée pour peser sur l’intervention occidentale en Libye, est redevenue d’une
efficacité redoutable en particulier dans la guerre électronique, la portée et
la précision des armes. Elle vient d’en faire la démonstration en Syrie où sans
s’engager à fond dans des combats au sol au côté des syriens, leur présence
partout, en particulier dans le renseignement et les conseils militaires, a
fait merveille. Grâce à eux la victoire a changé de camp et a obligé la
coalition occidentale à faire des contorsions pour ne pas avouer que le
véritable but n’était pas l’EI ou Al-Qaïda mais bien Bachar el-Assad paré de
toutes les atrocités nécessaires pour en faire un « boucher » de
l’humanité. La Syrie doit être dépecée et la Russie vient troubler cet objectif
en permettant la reconquête des territoires à un non-aligné sur la politique
étasunienne.
La
victoire militaire de Bachar el-Assad, et donc de Poutine, étant actée, il
importe désormais que l’image de ce couple aux yeux des peuples soit écornée
par leurs actions contraires au droit ou aux conventions internationales ou
affirmées comme telles. L’action Skripal finalement désavouée par le
laboratoire britannique compétent, ayant fait chou blanc, est mise sous le
tapis. Comme il n’y a jamais de fumée sans feu, il en restera toujours quelque
chose, le doute entretenu. Mais il faut relancer la machine de guerre de
l’information et de l’action sur la Syrie. Israël pousse à la roue et influe un
Donald Trump en difficulté permanente avec l’Administration américaine, la CIA,
les exclus du FBI, les démocrates d’Obama-Clinton, une partie des républicains,
les grandes puissances bancaires. Le rôle d’Israël est déterminant car il a la
puissance bancaire américaine et une armée prête à en découdre. Israël se fiche
éperdument des décisions de l’ONU et mène ses actions sur la Syrie ou Gaza comme
bon lui semble. Mais du côté du Royaume-Uni, Theresa May est aussi en
difficulté avec des discussions sur le Brexit qui clivent toujours le pays.
Quant à notre Macron, l’embellie de départ est terminée et sa popularité en
baisse sensible. Comme il ne connaît que la communication pour exister, il lui
faut se parer du rôle de chef de guerre qui a bien réussi à Hollande au Mali.
Les conditions
étaient donc réunies pour tenter en Syrie une action de déstabilisation de
l’ennemi désigné, la Russie. Le bellicisme humanitaire a trouvé alors sa
justification dans l’utilisation réelle ou fausse d’utilisation de gaz le 7
avril dernier. C’était l’occasion de l’attribuer illico à Bachar el-Assad, et à
son complice russe. La puissance médiatique occidentale répandait la nouvelle en
plus assortie du mot « présomption d’utilisation » qui cachait à
peine les certitudes affichées par le trio occidental soutenu par les banquiers
américano-juifs de la City. L’action devait être rapide et ne pas s’embarrasser
de précautions inutiles sur la véracité des faits qui risquaient de détruire
l’impact médiatique sur les peuples. Inutile donc d’avoir l’aval du Conseil de
Sécurité, ni le rapport d’experts de l’OIAC, ni l’aval du Conseil des chefs
d’Etats européens, ni bien sûr de demander l’avis du Congrès pour Trump, ni de
l’Assemblée Nationale pour Macron au nom de l’urgence et de la gravité, Il
fallait frapper vite et spectaculairement.
Poutine est prévenu
et l’assurance lui est donnée que ses troupes ne seront pas visées, et
suffisamment de détails sont fournis pour que Bachar el-Assad prenne ses
précautions. Poutine de son côté promet de ne pas participer à l’interception
des missiles, ce qui est une garantie de réussite minimale pour le trio
occidental. Dans la nuit du 13 au 14 avril, l’opération missile est lancée. Les
commentaires officiels parlent aussitôt d’attaque de trois sites de recherche
et de stockage de gaz de combat, et d’une réussite parfaite de l’intervention
militaire sans mort chez les militaires et les civils syriens et russes. Une
opération chirurgicale, un coup de semonce, dont le trio peut être fier,
donnant aux militaires une satisfaction méritée, et atteignant ou pensant
atteindre le but caché de l’aura intérieure et extérieure des chefs d’État
impliqués.
Mais
les gagnants ne seront sans doute pas du côté du trio occidental, car depuis
l’affaire de l’intervention en Irak où la France avait découvert la
supercherie, les affaires douteuses se sont multipliées, et les peuples en ont
pris conscience. Contrairement aux certitudes affichées des médiaux occidentaux
aux ordres, les utilisations d’armes chimiques par le gouvernement syrien n’ont
jamais pu être confirmées par les experts de l’ONU. La précipitation du trio à
intervenir n’était pas justifiée en soi et laisse le sentiment d’une opération
programmée en dehors de toute preuve et de rapport d’experts approuvé par
l’ONU. Mais le déroulement même de l’intervention soulève beaucoup de points
d’invraisemblance. Si les russes et les américains semblent d’accord sur le
fait que les troupes russes n’ont pas eu de victimes, que les batteries
anti-aériennes russes ne sont pas intervenues, et sur le nombre de missiles
employés (103 pour les russes, 105 pour les américains dont 2 égarés), il n’en
est pas de même sur les sites visés.
Le
trio occidental s’est ingénié à dire que les sites visés ne concernaient que
des armes chimiques sur trois sites. Mais si tous les missiles ont atteint leur
cible, selon le trio, ces trois sites devraient être pulvérisés et des gaz
devraient s’être répandus dans l’atmosphère. Ce n’est pas le cas, les bâtiments
ne sont que partiellement détruits et des badauds se promenaient aux alentours
de ces sites dès le jour venu. Donc ou bien ces sites n’étaient pas des sites dédiés
et sécurisés, vu leur dangerosité et leur secret, ou bien ils n’ont été
atteints que par un petit nombre de missiles. Où sont alors passés les
autres ? Selon la version russe, finalement plus crédible, 6 autres cibles
auraient été visées, six aéroports civils et militaires. Evidemment l’avouer
vient contredire la thèse selon laquelle, seule la détention d’armes chimiques
était punie par l’intervention. C’est d’autant plus difficile à avouer que ces 6
sites, précieux pour la Syrie, étaient défendus par une défense aérienne
syrienne rendue efficace par les russes, et que selon ces derniers sur les
71 missiles envoyés sur eux, seuls 7 n’ont pas pu être interceptés avant
l’impact.
S’il
en est ainsi, et ceci est forcément connu des Etats-Majors du trio, ce n’est
pas une réussite militaire mais un échec cuisant qui va laisser des traces dans
les armées avec la réussite de 30 missiles sur des sites non défendus et qui ne
renfermaient peut-être rien, et 10% de réussite sur les autres aéroports,
défendus eux. L’efficacité des armes russes équipant les syriens et celle de la
défense électronique d’approche des missiles, permettant l’efficacité des
interceptions, vient d’être démontrée. Autrement dit si les russes avaient
participé avec leurs propres armes à l’interception, aucun missile n’aurait
atteint son but. Mais l’échec risque d’être cuisant sur le plan diplomatique.
Les pays de l’UE mis devant le fait accompli ne vont pas apprécier le cavalier
seul, surtout celui de la France car le Royaume-Uni est déjà considéré comme
parti. L’ingérence répétée sans mandat de l’ONU de l’alliance occidentale ne
peut qu’inciter les autres pays à se constituer des défenses dissuasives. La
Corée du Nord a déjà justifié ainsi ses armes nucléaires. En plus la résolution
diplomatique du problème syrien n’en devient que plus difficile et la France
perd toute chance de jouer un rôle de médiateur et même de peser dans les
négociations.
Le mensonge prend le risque d’en
discréditer ses auteurs
Et la France s’y adonne désormais avec
les États-Unis
Qui ont déjà prouvé qu’ils sont les
spécialistes.
Les intérêts du camp israélo-américain
Détruisent notre souveraineté
Et ne sont pas les nôtres !
Claude Trouvé
17/04/18
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