Macron
joue avec le feu et ce pourrait être le feu nucléaire. Après l’attaque des
missiles du 14 avril sur la Syrie, la situation ne s’est nullement détendue.
S’il semble probable que Trump ne veut pas la guerre, ce n’est pas le cas des
forces militaro-industrielles et bancaires qui lui imposent sans cesse des
concessions. Trump réagit à l’instinct du manager qui jauge ses adversaires et
leurs atouts dans une joute verbale et gestuelle. La visite
« cordiale » de Macron à Washington est très révélatrice de
l’attitude feinte du protecteur Trump sur le vassal Macron. Trump n’a rien cédé
sur la remise en cause de l’accord de Vienne en 2015. L’engagement de Macron
sur un nouvel accord est une victoire à la Pyrrhus et un accroc à ses propres engagements
de campagne. Il fera ce que Trump décidera et, en échange, ce dernier a fait de
vagues promesses sur son maintien en Syrie, promesses que ne peut qu’approuver
son gouvernement de l’ombre. Macron est le vassal parfait comme le lui a fait
entendre Trump en le prenant par son côté de surestimation de lui-même comme s’il
allait en faire le nouveau Président d’une Europe façon américaine.
Macron dictateur dans son pays, vassal des États-Unis, rêve de la marche supplémentaire vers l’Europe. Il a seulement
oublié qu’après lui, c’est Angela Merkel qui sera l’invitée de Trump. Celui-ci
a besoin de Macron, essentiellement pour notre siège au Conseil de Sécurité,
son aval de la politique hégémonique américaine avec ce qui nous reste de
prestige dans le monde, et nos forces d’intervention armée permettant aux États-Unis de privilégier pour eux-mêmes le soutien logistique et le
renseignement, mais le vrai partenaire des États-Unis est depuis longtemps
l’Allemagne. L’UE a été conçue et voulue par les États-Unis comme la nouvelle
forme du rêve hitlérien, et ces fondements stratégiques, qu’a dénoncés De
Gaulle, sont toujours d’actualité. Seule l’Allemagne doit être ménagée et le
lien de vassalité est plus proche du partenariat. L’Allemagne n’est pas
preneuse de la remise en cause de l’accord sur l’Iran, et il va falloir la
convaincre. Elle cèdera mais pas sans une réelle compensation, il sera sans doute
question des exemptions possibles concernant les taxes douanières sur l’acier
et l’aluminium. Ce sujet est l’exemple type de ce qui sépare ces deux pays, le
libéralisme mondial pour Merkel, et le libéralisme contraint pour Trump. Le
triptyque occidental repose néanmoins sur les États-Unis et deux partenaires
exigeants, plus ou moins autonomes, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Les autres
tournent autour, France comprise.
Je ne ferai pas l’affront à Macron de ne pas le
savoir, mais sa préoccupation première est la satisfaction de ses ambitions et
il compte bien établir une monarchie républicaine où la démocratie est petit à
petit réduite à sa plus simple expression. Les ordonnances poursuivies le plus
longtemps possible ont été le premier signal de cette destruction programmée. D’ailleurs
les tentatives de passage en force se multiplient et le sentiment que les
députés de la majorité ne sont que des godillots est de plus en plus ressentie même
au sein des LREM. Les discussions sur la base d’objectifs intangibles est une
mascarade, comme la fin de non-recevoir des revendications étudiantes de Macron
qui les renvoie à la préparation de leurs examens pour lesquels il n’y aura pas
de faveur spéciale. Mais l’attitude dictatoriale de Macron perce dans les
discussions internationales. La volte-face sur l’accord avec l’Iran faite
devant Trump, sans avoir consulté aucun de nos partenaires européens, fait
suite à sa visite impromptue en Europe de l’Est pour résoudre seul le problème
des travailleurs détachés.
Nous entrons dans une phase aigüe du comportement du
couple franco-allemand. Les divergences vont prendre progressivement le pas sur
les ententes. Dans la mesure où Macron joue la partition allemande de
l’austérité et du libéralisme mondialiste, les bases de l’entente sont solides.
Mais sur le fond il existe une divergence fondamentale. Macron pense seulement
à lui-même et au tremplin de l’Europe pour assouvir sa soif de pouvoir. Il y
est poussé par les puissances financières qui lui ont permis de subjuguer un
électorat français, désespéré par la classe politique et cherchant l’homme
providentiel, par une campagne médiatique forcenée de 18 mois sans équivalent
historique. Sa volonté est de renforcer l’Union monétaire et d’établir un Fonds
monétaire européen (FME) répondant à deux objectifs. Le premier est d’assurer
la solvabilité de la zone euro en général, et de la France en particulier, sur la
vigueur de l’économie allemande : « après
la crise nous avons introduit des instruments pour renforcer la responsabilité
(…) mais nous avons aussi besoin de solidarité au sein de l’Union monétaire
», a-t-il dit le 19 avril, lors de son allocution commune avec la
Chancelière. Le deuxième objectif est plus politique : il consiste à accentuer
la tutelle supra-étatique, technocratique et financière, sur les pays membres
de la zone euro, afin d’établir les États-Unis d’Europe dont Emmanuel Macron
s’imagine déjà en père fondateur. Trump ne l’a sûrement pas
« détrumpé » sur ce point, mais avec une promesse qui n’engage que
celui qui l’écoute.
La vision allemande est toute autre et le suivisme
français ne lui avait pas vraiment posé de problèmes jusqu’alors. L’Allemagne
est aujourd’hui plus que jamais le centre de gravité de l’Union européenne et
le bassin industriel de la zone euro. Le couple avait marché au bénéfice pour
l’Allemagne et au préjudice de la France aggravant l’écart économique entre les
deux pays. Les excédents allemands sont formés par les déficits de ses partenaires. Cet
écart franco-allemand est arrivé à un point tel que l’Allemagne lit dans la
volonté de Macron un espoir de domination et un besoin de sécurité financière
qui ne peut pas exister sans la garantie et l’apport financier allemand. La
vision de l’Europe par l’Allemagne ne peut pas gommer la nationalité allemande,
alors que ce sentiment a été renforcé par la réunification nationale il n’y a
pas trente ans, et par celui de sa réussite économique. L’Allemagne ne veut pas
disparaître dans l’UE, d’ailleurs sa constitution lui interdit, mais se servir
d’elle pour créer une Europe allemande, le vieux rêve du pangermanisme. Elle ne
veut pas servir de vache à lait, fermant les yeux sur le dépouillement qu’elle
a exercé sur les autres pays.
Mais la construction de l’UE, sous domination
américaine et partenariat avec les États-Unis jusque dans la monnaie sur un
euromark, la tourne résolument vers l’atlantisme. Avec la Bavière, l’Autriche
et l’ex-Allemagne de l’est, c’est près de la moitié de monde germanique qui
penche déjà du côté conservateur de l’UE. Le bassin du Danube et la grande
plaine européenne regroupent 100 millions d’Européens des PECO (Pays d’Europe
centrale et orientale) intégrés à l’UE, et au-delà s’étendent les vastes
horizons du XXIe siècle promis par la Route de la Soie. Or les pays Baltes, la
Pologne ont gardé un fort sentiment antirusse et attendent l’aide de l’OTAN en
offrant leurs territoires aux bases et missiles américains. L’Allemagne abrite
la plus grande base militaire de l’OTAN dans l’UE. Elle est un pion capital
pour la politique agressive menée par les États-Unis contre la Russie. Angela
Merkel oppose donc les plus grandes réticences au projet de réforme de l’UE
soutenu par Macron le réduisant à faire des effets de manche lors de la réunion
du 19 avril devant une Merkel impassible quand il a invoqué « l’urgence de la situation » et le « moment
historique » dans lequel se trouve l’Europe.
Jusqu’ici, ses propos malheureux sur la Pologne et
la politique de division ouvertement menée à l’encontre du groupe de Visegrád (Hongrie,
Pologne, République tchèque et Slovaquie) constituent un maigre bilan
concernant l’Europe centrale. D’une façon générale la politique européenne
actuelle est désastreuse. En effet si les intérêts de la France et de
l’Allemagne divergent de plus en plus, ceux de la France avec l’Europe latine,
en particulier avec l’Italie, deviennent de plus en plus évidents. La proximité
géographique et linguistique, mais surtout la communauté d’intérêt face à la
prépondérance allemande appelle à une action interétatique concertée, comme l’a
bien compris le groupe de Visegrád.
Sur la politique européenne et atlantique, Macron
joue avec le feu et mène la France dans une impasse économiquement coûteuse et
à un flirt dangereux avec une guerre mondiale qui peut désormais se déclencher
sur un évènement inattendu et apparemment sans importance. Son égocentrisme devient
un tel handicap qu’il va le conduire d’échec en échec, comme cela a déjà
commencé sur le plan international, et un autoritarisme sur son peuple qui peut
déboucher aussi sur une crise intérieure majeure n’importe quand.
On ne
peut mener un peuple sur ses seules ambitions.
Même
Napoléon avait une vision stratégique
Sur la
survie de son pays par les guerres
Nécessaires
au départ pour le sauver.
Quand son
égocentrisme l’a envahi
La
retraite de Russie et Waterloo
Ont
terrassé la France et lui !
Claude Trouvé
26/04/18
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