La
France s’est engagée dans une coalition arabo-occidentale dans une opération
illicite sur les territoires irakiens et syriens depuis août 2014 à la suite de
l’éclosion du « printemps arabe »
syrien en 2011. C’est lors de la « Conférence
internationale sur la paix et la sécurité en Irak » à Paris, Quai d'Orsay, le
15 septembre 2014, réunissant une trentaine de participants sans l’Iran mais
avec la Russie, que s’est formalisée la coalition pour lutter soi-disant contre
l’EI. La France a pris part aux opérations aériennes en Irak à partir de
septembre 2014, en excluant toute intervention en Syrie pour soi-disant n'y
favoriser ni l'EI ni le régime de Bachar el-Assad (ceci en parfaite
contradiction avec les propos de Fabius, en août 2012 lançant dans les médias
que "Bachar el-Assad ne mériterait pas
d'être sur terre" et en décembre 2012 que "le Front al-Nosra fait du bon boulot").
Pour les Etats-Unis initiateurs de cette conférence, cette alternative d’intervention
en Syrie n’était pas exclue. D’ailleurs dès la nuit du 22 au 23 septembre 2014,
l'aviation américaine soutenue par l'Arabie saoudite, la Jordanie et les
Émirats arabes unis, intervient pour la première fois en Syrie en bombardant
une vingtaine de sites, principalement dans le gouvernorat de Raqqa. La
coalition s’engageait donc en dehors de tout mandat de l’ONU même si celle-ci avait
condamné les actions de l’EI en Irak. La participation des pétromonarchies du
Golfe à cette conférence et à la coalition n’a pas fait cesser le financement
indirect de Daesh par le truchement des « grandes fortunes » de ces pays. La France de son côté mène une
politique pleine de contradictions en refusant de bombarder la Syrie mais livrant
des armes à la « rébellion syrienne
démocratique », comme le président, François Hollande, le confirme dans un
entretien exclusif au « Monde », le 20 août 2014.
Devant
la prise de contrôle de territoires de plus en plus vastes en Syrie par la
coalition terroriste de l’EI, l’Armée syrienne libre dite de rébellion, Al Qaïda,
Al Nostra, et une armée de mercenaires venus de partout, Bachar el-Assad
demande l’aide de la Russie dans le conflit syrien. Celle-ci s’engage un an après
la coalition occidentale dont les résultats n’avaient pas freiné l’avance de
Daech ni en Irak ni en Syrie. L’arrivée de la Russie, qui n’est pas sans
intérêt pour elle, va inverser le cours de la guerre. Aujourd’hui, même si la
reprise en main par Bachar el-Assad du territoire syrien, hors du territoire
kurde et de ceux occupés par les occidentaux, ne fait plus de doute la
situation est encore loin d’être réglée. Des intérêts divergents s’affrontent
toujours avec des positions officielles et des actions cachées illustrant les
buts réels d’Israël, de la Turquie, des pays du Golfe, avec l’Arabie Saoudite au
premier plan, et des occidentaux.
Depuis
la guerre du Kosovo et le démantèlement voulu de l’ex Yougoslavie, on n’avait
pas vu de conflit aussi tordu où les acteurs ont joué et jouent toujours une
partie de poker menteur depuis leur ingérence dans ces pays du Moyen-Orient,
Irak et Syrie. A contrario, du côté du gouvernement légal de la Syrie et de la
Russie, les positions étaient et restent claires. La Russie était venue pour
aider d’abord le gouvernement légal syrien. Il l’a aidé en premier lieu contre les
forces armées syriennes en rébellion car l’EI ne menaçait pas encore Damas. Les
occidentaux, et la France toujours au premier rang, ont alors vilipendé la Russie
pour ne pas avoir attaqué d’abord l’EI, révélant ainsi leur véritable but, la
suppression mort ou vif de l’homme fort à la tête de la Syrie. Pourquoi ?
Pour une affaire de « tuyaux », des pipelines traversant la Syrie
pour aller de l’Iran vers l’Europe concurrençant la production provenant des
pays du Golfe. L’Arabie Saoudite wahhabite est d’autant plus mobilisée qu’il s’y
ajoute un conflit de prééminence religieuse avec l’Iran chiite.
Mais
c’est aussi une affaire des grandes firmes pétrolières occidentales pour lesquelles
les États-Unis, le Royaume-Uni, et la France sont prêtes à entrer en guerre. L’occasion
de l’EI était tellement un prétexte idéal, qu’il n’existe plus guère de doute sur
son entraînement en Jordanie sous le contrôle américain, qu’Israël a servi de
base arrière pour les blessés, et que les financements des pays du Golfe ne lui
ont pas manqué avant qu’il ne se serve sur les puits de pétrole conquis,
pétrole vendu à la Turquie à bas prix et revenant en partie sur l’Europe. Les
américains et les britanniques ne se sont pas privés d’alimenter le conflit en
leur parachutant plus ou moins discrètement des armes, de la logistique et en
les prévenant avant de bombarder des villes où l’EI était présent. La Turquie
joue un double ou triple jeu depuis le début. Tout lui est bon pour résoudre le
problème kurde, ce à quoi elle s’emploie désormais en les combattant en Syrie sans
que la France y trouve à redire alors que les États-Unis se sont établis en Syrie
ainsi que nos forces spéciales pour aider les kurdes à lutter contre l’EI !
Le
but commun de l’alliance occidentale, de la Turquie, des États du Golfe, et d’Israël
est le démantèlement de la Syrie. C’est ce but non avoué qui oppose frontalement
la coalition occidentale à l’axe Russie, Syrie et Iran sans oublier le
Hezbollah dont Israël veut l’extermination. La France dans tout ce conflit joue
depuis le début un rôle de vassal, prête son Armée et y investit nos sous. Pour
enlever la Grand-Croix de la Légion d’Honneur à Bachar el-Assad et récupérer l’objet
en Syrie, il a fallu faire agir l’ambassade de Roumanie, car nous y avons fermé
la nôtre. Cette fin est lamentable après les frappes récentes, dispendieuses et
inefficaces sur la Syrie pour une raison d’utilisation d’armes chimiques dont
on attend toujours les preuves d’existence par l’OIAC, seule habilitée auprès
de l’ONU. D’ailleurs il faudra, si c’est le cas, encore prouver quel
belligérant les a utilisées quand les Russes prétendent avoir découvert des laboratoires
et des produits concernés dans la zone incriminée et libérée.
La
situation au Moyen-Orient n’est non seulement pas calmée mais des grandes
puissances s’affrontent au Moyen-Orient plus ou moins directement. Le nouveau
lien stratégique de la Russie avec la Chine a fait arriver la marine chinoise
en face des côtes syriennes entrainant une présence rapprochée des navires
américains. Mais la guerre des Turcs contre les Kurdes fait toujours rage. Une
fois éliminée la présence de l’EI et de l’ensemble des forces terroristes ou
rebelles, on ne sait pas ce que fera la Russie au côté de Bachar el-Assad pour
cette partie de territoire. Si la Turquie et la Russie, liés désormais économiquement
sur le gazoduc en construction en Turquie allant de la Russie à l’Europe, peuvent
forcer à un accord final, il est vraisemblable que les occidentaux, et Israël, qui
s’est invité militairement dans le conflit, chercheront à brouiller les cartes.
Il vient se joindre à cela la relance de l’accord de 2015 avec l’Iran sur la
limitation de l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles et l’interdiction
de toute arme porteuse d’ogives nucléaires. Le nouvel accord, compromis esquissé
avec Trump, reçoit déjà le véto de la Russie, de la Chine, et une fin de
non-recevoir de l’Allemagne et du Royaume-Uni.
Si l’on regarde l’intérêt national, donc
celui du peuple français, on cherche en vain une cohérence dans la politique
étrangère française depuis le départ des « printemps arabes ». Nous
avons mis à feu et à sang la Libye, détruit la barrière que ce pays offrait à l’immigration
avec sa capacité d’employer ces migrants dans un pays en pleine prospérité. Son
arsenal militaire s’est répandu dans tous les groupes terroristes de l’Afrique
et du Moyen-Orient et aujourd’hui les forces islamiques s’y sont reconstituées
en partie. L’abcès crevé en Irak et en Syrie pollue la Libye et l’Afghanistan,
où nous n’avions rien à faire non plus. Nos attaques militaires d’ingérence en
terre d’Islam et verbalement inutilement vexantes contre l’Islam ne font que
coaliser contre la France, déclarée ennemi commun, et de propager une lutte sur
notre propre territoire. L’EI quitte la Syrie mais se reforme ailleurs et le
problème syrien oppose de front les plus grandes puissances de la planète
mettant en danger la paix du monde. Fiasco total. Mais sous l’éclairage des
multinationales pétrolières, la politique française devient plus lisible. Cela enrichit-il
notre peuple et cela vaut-il une troisième guerre mondiale ? Alors les
chefs concernés mériteraient d’être punis pour complot contre le peuple français pour
vassalité à une puissance étrangère entraînant la France sur le sentier de la
guerre.
L’image de la France dans le monde
devient trouble
Ce qui est un comble pour le pays des
Lumières.
Entre l’armement de puissances
guerrières
Qui sème la mort de milliers d’humains,
Et notre ingérence en terre d’Islam,
Qui la sème en retour chez nous
Le perdant est notre peuple,
Les gagnants le narguent
Sur des tas de dollars !
Claude Trouvé
25/04/18
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