Dans
l’article précédent nous avons vérifié le lien étroit entre les dépenses d’administration
publique et le nombre de fonctionnaires d’une part, et d’autre part le fait que
la France n’était pas la Vice-championne derrière le Danemark dans ce domaine.
On a également vu que des écarts sensibles se faisaient jour entre les pays,
une fois retirée la tendance moyenne du lien entre coût et population. Les pays
de l’Est et les pays du sud, où sévit toute la rigueur de l’austérité imposée
par Bruxelles, ont drastiquement diminué leurs dépenses administratives. A l’inverse
les pays du Nord se caractérisent par un surplus de dépenses auquel n’échappe
même pas l’Allemagne. La France ne se situe qu’en septième position de ce
groupe de « dépensiers ».
Regardons ce qu’il en
est sur les effectifs de fonctionnaires par rapport à la population. On ne dispose
de statistiques complètes que pour 2011 mais les effectifs n’ont pas dû
sensiblement changer relativement les uns par rapport aux autres. On vérifie là
aussi que la France n’est pas le pays ayant le plus grand pourcentage de
fonctionnaires par rapport à la population et se situe encore en 7ème position
derrière le Danemark en tête. L’Allemagne est en 14ème position, et
le Royaume-Uni dans le groupe de queue. On a d’ores et déjà le sentiment que, tant
le coût global de l’administration publique que le nombre de fonctionnaires, n’ont
pas un lien fort avec la réussite économique des pays. On peut même penser que
si ce lien existe, les pays du sud à faible économie ont une faible dépense
administrative, et que des pays à forte réussite économique, comme le Danemark et
la Suède, ont de fortes dépenses administratives. Ceci irait à l’encontre du dogme
qui dit qu’il n’y a pas de réussite économique sans une baisse des dépenses
publiques, donc des fonctionnaires.
Il
est temps de mettre en lumière la relation entre le coût/habitant de ces dépenses
et le pourcentage de fonctionnaires sur un panel des principaux pays de l’UE
pour lesquels nous disposons des informations nécessaires. Le lien statistique
est net et une tendance se dégage où l’on voit qu’une dépense de base se fait
jour en dehors du coût des fonctionnaires. Elle s’évaluerait même à 6634
euros/habitant. On retrouve toujours le Danemark en tête des dépensiers et les
pays du sud, soumis à toute la rigueur de la politique d’austérité, dans les
pays les moins dépensiers. On met en évidence une tendance générale qui veut
que 1% d’augmentation du nombre de fonctionnaires par rapport à la population entraîne
une augmentation de 1276 euros par habitant. A population égale, ceci veut dire
que diminuer le nombre de fonctionnaires de 2% entraîne un gain de 2552€/habitant.
Regardons ce qu’il
reste comme écart par rapport à la tendance générale, une fois celle-ci
soustraite. On note que la France n’est toujours pas en tête des pays
dépensiers et se place même derrière l’Allemagne. On retrouve encore les pays
du sud dans les pays à austérité budgétaire d’État. Que traduisent ces écarts ?
Si un pays a des dépenses administratives supérieures au poids de ses dépenses
liées à son nombre de fonctionnaires par rapport à la population, c’est qu’il
dépense plus dans les autres coûts administratifs autres que les charges
liées à son personnel. C’est le cas de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la Belgique,
des Pays-Bas et de l’Autriche au-delà du surcoût pour la France. Or tous ces
pays n’ont rien à envier à la France sur le plan de la réussite économique en
particulier l’Allemagne !
Mais
ceci vient conforter l’impression que la réussite économique d’un pays n’est
pas liée à l’austérité budgétaire sur le nombre de fonctionnaires. Ceci ne veut
pas dire que la recherche d’efficacité ne soit pas nécessaire à une saine
gestion. Mais toute atteinte au nombre de fonctionnaires peut se faire au
détriment du service rendu. On ne décrète pas une suppression de fonctionnaires
sous prétexte d’austérité budgétaire sans mettre en péril le service rendu au
citoyen. Or dans de nombreuses administrations, la qualité du service rendu
affiche une baisse d’efficacité, dans la justice, la sécurité, la santé et l’enseignement
entre autres, baisse liée au manque d’effectifs. On peut envisager certains
transferts d’une administration à l’autre mais ceci reste limité dans la
pratique et demande un effort de formation. Supprimer du personnel pour amener
des contractuels n’est pas forcément une bonne solution car le coût horaire est
nettement supérieur. Cela ne se conçoit que dans le cas de hausses temporaires
du service à rendre, du type épidémie ou catastrophe humaine dans les hôpitaux
par exemple.
Il
est donc évident que le dégraissage par départ volontaire ne coïncidera pas
forcément avec les besoins, et par ailleurs l’Etat renie sa promesse d’un
emploi à vie et remet sur le carreau du personnel, relativement âgé, qui va se
diriger vers pôle emploi. Avec 120.000 départs c’est environ 250.000 personnes
dont le niveau de vie va brusquement baisser. Le gouvernement a oublié de
préciser ce qu’il fera s’il n’y a pas assez de départs volontaires. Enfin la
solution consistant à ne pas remplacer tous les départs à la retraite est
socialement beaucoup plus acceptable. Il est donc probable que nous nous dirigeons
vers une nouvelle baisse de la qualité du service public sans que cela se
traduise par un véritable assainissement de notre déficit budgétaire. Par contre
nous avons un déficit de croissance de -0,6% par rapport à la zone euro et à l’UE
en 2017, ce qui signifie que nous avons un manque de près de 14 Mds€ sur
le PIB et du même pourcentage vraisemblablement sur les recettes de l’Etat. Avant
de procéder à une politique d’austérité sur le personnel, comme le font les
entreprises, il serait plus judicieux de simplifier le travail administratif,
depuis le temps que l’on parle de simplification, et de procéder grâce à cela à
une hausse de la qualité du service avant de licencier. Mais là encore nous
suivons les directives de Bruxelles qui sont claires sur ce sujet !
La politique d’austérité budgétaire à base
de baisse du service
Ne vise d’une part qu’un seul axe
économique
Mais d’autre part n’a pas prouvé dans l’UE
Qu’elle signifiait un axe de gestion
Assurant la croissance et
Le service au citoyen !
Claude Trouvé
05/02/18
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