L’article
précédent nous a apporté plusieurs constats auxquels nous ne pouvons échapper
dans la recherche d’une vision d’avenir pour la production d’énergie électrique
- La nécessité de disposer d’énergie pilotables pour pouvoir exploiter des énergies intermittentes, les EnRia.
- Le constat expérimental que la production d’1kWh d’EnRia exige en moyenne sur l’année 1kWh d’énergie pilotable, thermique ou nucléaire
- La moindre adaptabilité du nucléaire à des variations rapides de son niveau de production et sa grande difficulté et le coût d’arrêt total inopiné, valable seulement en cas d’accident.
- La bonne adaptabilité de l’énergie thermique à des variations rapides de production, y compris des arrêts et redémarrages
- Le constat que sur les années précédentes, compte-tenu des productions de type hydraulique, biomasse et déchets, il restait 81% de la production à couvrir par les EnRia, l’énergie thermique et l’énergie nucléaire. Plus exactement on dispose par ces énergies de 63,6 TWh.
- On peut ajouter une information supplémentaire : la croissance moyenne de la consommation électrique est de 0,6%/an de 2014 à 2017 et a atteint 484,2 TWH en 2017
- On doit signaler que la production des EnRia a progressé de 24%/an de 2014 à 2017 et a atteint 39,4 TWh en 2017.
- On note de plus que la production nucléaire de 2016 et 2017 est respectivement de 384,0 TWh et 383,9 TWh avec un passage à 416,8 en 2015. La baisse est due aux opérations de carénage en cours.
Muni de ces informations
on peut essayer de prévoir les scénarios possibles de 2018 à 2021 compris. On
va d’abord postuler que la production des énergies renouvelables continue à se
développer au même rythme de 24%/an pendant 5 ans pour atteindre 115,5 TWh en
2021. On va également postuler que, malgré les économies d’énergie mais grâce à
la croissance retrouvée (?), la consommation continue à croître de 0,6%/an
pendant 5 ans pour atteindre 498,9 TWh en 2021. On va faire l’hypothèse que l’on
garde le même pourcentage de croissance de la production que celle de la consommation
pour garder la même marge afin de faire face aux variations entre production et
consommation. Ceci porte la production de 535,7 TWh en 2017 à 552 TWh en 2021. Compte-tenu
des productions hydraulique et biomasse, il reste 488,4 TWh à couvrir avec les
autres énergies. La production de 115,5 TWh d’EnRia demande une production
thermique équivalente. Ceci nous fait une production de 231 TWh laissant à l’énergie
nucléaire une production de 257,4 TWh. Le nucléaire est réduit à 61,8% de sa
production de 2015 et 67% de sa production de 2017. Cette nouvelle répartition
est représentée sur le graphique ci-contre.
A-t-on
réellement atteint nos objectifs ? La réponse est NON. On a atteint l’objectif
de réduction du nucléaire à 47% de la production totale soit en-deçà de l’objectif
des 50%. Les écologistes s’en réjouiront. Mais on a complètement raté l’objectif
fixé par Hulot d’arrêt des centrales à charbon ou plus exactement de toutes les
centrales produisant du carbone. La production thermique est passée de 48,6 TWh
en 2017 à 115,5 TWh soit une augmentation de 238%. Même si l’on arrête les centrales
au charbon, la production de carbone sera en gros doublée ! Mais l’impact
sera grand sur le coût du kWh qui doit augmenter d’une vingtaine de % auquel s’ajoute
1,5 Milliards/an pendant 5 ans pour l’extension du réseau électrique demandé pour
acheminer l’électricité des EnRia. Cette stratégie ne satisfait personne ni l’abonné
qui voit augmenter le coût de son électricité, ni l’Etat qui va devoir mettre
en service probablement de nouvelles centrales thermiques au gaz ou au fioul, ni
évidemment la doxa écologique de la réduction des émissions de CO2.
De
toute évidence il faut geler l’évolution des énergies renouvelables dès 2019.
Elles seraient bloquées à une production annuelle de 39,4 TWh * 1,24 soit 48,9
TWh. La production thermique de 48,6 TWh de 2017 peut facilement passer à 48,9
TWh pour assurer l’intermittence aléatoire des EnRia. Avec cet apport de 97,8
TWh (2*48,9), et les 63,6 TWh de l’hydraulique et de la biomasse, la part du
nucléaire serait de 390,6 TWh (552 - 63,6 - 97,8). Cette production nucléaire
est légèrement supérieure à celle de 2017 avec 383,7 TWh mais très inférieure à
la production maximale de 2015 à 416,8 TWh. Ce plan énergétique pour 2021 est
parfaitement réalisable avec une augmentation de seulement 24% des rejets de
carbone à condition de maintenir le parc de centrales à charbon et nucléaire.
Evidemment aucun des objectifs n’est atteint, ni l’augmentation prévue des EnRia,
ni l’arrêt des centrales à charbon (sauf remplacement par des centrales à gaz (1,7
fois moins polluantes que le charbon et 2 fois moins que le lignite utilisé en Allemagne).
Mais le replacement des centrales à charbon par des centrales à gaz permettrait
de diminuer non seulement l’impact des rejets de CO2 mais aussi de tous les
autres polluants qui sont eux néfastes à la santé.
Il
faut bien comprendre que l’énergie thermique reste aussi indispensable que les
EnRia. Du coup l’énergie nucléaire le devient aussi. On peut donc parier que,
comme Hulot commence à le découvrir, on ne pourra plus aller très loin dans la
mise en œuvre des EnRia sauf d’accepter l’augmentation de l’énergie thermique
et ses polluants. Tous les efforts doivent donc se concentrer sur l’investissement
pour assurer la prolongation de la vie des centrales nucléaires existantes et
la décarbonisation des centrales thermiques. Sur ce point la technique de
décarbonisation avant combustion dans les centrales à charbon existe et a l’avantage
de produire de l’hydrogène. On fait donc d’une pierre deux coups. Ce qui peut
être très intéressant pour les batteries à hydrogène qui équipent déjà certains
véhicules électriques. Son intérêt est de ne pas demander un couplage au réseau
électrique national qui exige une infrastructure de raccordement sur tout le
réseau routier.
Car
je n’ai pas parlé de l’arrivée des véhicules électriques mais on sait que l’électrification
totale du parc français de véhicules demandera la production de 20 réacteurs
nucléaires de 1000 MW. Vouloir générer cette énergie avec de grosses éoliennes de
3 MW en demande 29 000 (20*1000/3/0,23) de plus. Lorsque l’on voit ce que
représente une ferme de centaines d’éoliennes en Allemagne de l’Est on prend
peur. Ceci d’autant plus qu’on ne couperait pas à développer l’énergie
thermique polluante pour elles avec 130 TWh de plus soit 2,7 fois plus de pollution
qu’aujourd’hui sans parler des surcoûts énormes par rapport à l’énergie
nucléaire. Il faut crier haut et fort à la gabegie qui se profile dans un
domaine où les coûts se chiffrent par dizaines de milliards. En matière de coût
électrique la France a pris un net avantage sur l’Allemagne, qui compense un
peu le décalage du handicap de la monnaie. Elle commence à le perdre par
idéologie et écoute des puissances de l’argent qui tiennent le marché du climat
et des EnRia à implanter dans toute l’Afrique entre autres.
Si l’on veut faire face à l’avenir de l’augmentation
de la production électrique due à la voiture électrique, non seulement il ne
faut pas arrêter les centrales thermiques, mais il faut développer le parc
nucléaire, stopper l’évolution des EnRia dans les éoliennes, et limiter la
production des panneaux solaires à l’autoconsommation !
Sur le problème de l’énergie électrique
L’enfumage est tel que les politiques
Ne savent plus quoi en penser
Et répètent la doxa apprise
Par ceux qui manipulent
Le monde de l’argent !
Claude Trouvé
08/02/18
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