L‘article
précédent a présenté un contre-projet du plan énergétique gouvernemental qui
mérite d’autres explications même si elles se trouvent dispersées dans de
nombreux articles publiés sur ce blog. Si je l’ai publié c’est que le gouvernement
semble à un tournant dans ses réflexions et que l’EDF ose donner des
indications précises, autres que celles de suivre les prescriptions de l’Etat
pour le développement des énergies renouvelables. Dans ce domaine la concurrence
étrangère sur les panneaux solaires et les éoliennes n’a fait que creuser le
déficit EDF-AREVA, c’est sans doute ce qui explique que les langues se délient
et que l’Etat, à la recherche d’argent à donner ensuite aux multinationales,
laisse filtrer des propos contradictoires ou suffisamment vagues pour préparer
un retournement de tendance. J’en veux pour preuve la dernière déclaration de
Hulot : « L’arrêt des centrales
nucléaires fera l’objet d’un planning précis ». On ne peut être plus
évasif quand on a déjà reculé en avouant que l’on ne pourra pas arrêter en même
temps les centrales nucléaires et celles à charbon d’ici 2022. La déclaration ci-contre
du 15 février d’Emmanuel Macron prépare l’opinion à un virage probable à 180°.
Un
tel virage doit être pris prudemment, et lentement introduit dans la pensée
populaire et Macron y est passé maître, car il n’est pas à une contradiction
près. Rester le leader mondial de la « décarbonisation » et promoteur
des énergies renouvelables devient une position d’équilibriste politique. Rien
ne l’arrêtera car il a continué à proposer des centrales nucléaires dans le
monde entier, dont l’Arabie Saoudite, tout en soutenant leur arrêt en France en
mettant Hulot comme Ministre d’État à ses côtés, autrefois pourfendeur du
nucléaire.
Mais
la parole d’EDF n’est plus muselée et c’est un signe qui ne trompe pas. Dans
des articles précédents j’ai prouvé que la France ne pourrait pas aller au-delà
de 21% d’énergies renouvelables intermittentes et aléatoires (EnRia), ce qui
rend impossible le 30% en 2032 sans augmenter le pourcentage d’énergies
pilotables donc thermiques polluantes. J’ai même montré que le plan pour 2022 n’était
pas réalisable, sauf moyen de stockage de l’électricité à découvrir ou appel à
l’importation d’électricité ce qui rend notre pays dépendant de ses voisins. Ceux-ci
peuvent d’ailleurs ne pas disposer de la puissance demandée en cas de grand
froid et d’absence de vent et ce serait le black-out. Les techniciens d’EDF ont
dû avouer leur impuissance à réaliser ce qui les attend dans des conditions de
sécurité d’alimentation et financières acceptables. La réalité va finir par s’imposer
à l’idéologie, l’espoir renaît.
Si la
France est bloquée à 21% d’EnRia par rapport à la production totale, l’Allemagne
est aussi en train d’atteindre rapidement son maximum possible de 30%, compte-tenu
de son parc de centrales thermiques pilotables. Elle a d’ailleurs arrêté la
fermeture de ses centrales à charbon, lignite et gaz, se contentant d’améliorer
leur pollution. Les dernières centrales nucléaires ne sont toujours pas
arrêtées. Le graphique ci-dessous montre que sa capacité de production des
énergies pilotables et polluantes pour la plupart, située à 100 GW depuis 2002,
n’a pas évolué malgré le développement parallèle d'un doublon intermittent,
éolien/solaire de presque 100 GW. Evidemment cela n’améliore pas ses émissions de
CO2 sauf passage du lignite au gaz. Ceci la place toujours dans les
pays polluants européens. Le couple franco-allemand se trouve désormais devant
la contradiction entre la doxa de la « décarbonisation »
ajoutée au « Stop au nucléaire »,
et la réalité qui va finir par s’imposer. Le changement de paradigme sera
difficile. Mais « la Propagande est
aux démocraties ce que la violence est aux dictatures. (Noam Chomsky) »,
elle peut conduire le peuple vers l’abime tout aussi bien que vers des jours
meilleurs… alors espérons.
Parfois quelques chiffres
font réfléchir et je vous en propose deux séries, la première est sur le tableau
joint, connu des physiciens, et la seconde, peu connue, est le constat
expérimental que j’ai fait sur les productions électriques de trois pays, Allemagne,
Belgique et France. L’énergie nucléaire reste une énergie d’avenir et de
progrès, grâce à sa puissance énergétique représentée sur le tableau. Malgré trois
catastrophes maximales ayant conduit à la destruction de cœurs de réacteur, la
sécurité d’exploitation ne cesse de s’améliorer et seule celle de Tchernobyl a
détruit des vies humaines. Les 18 à 20.000 morts du tsunami n’ont rien à voir
avec ses conséquences sur les réacteurs nucléaires de Fukushima qui n’ont entraîné
des morts que par la panique d’évacuation mal maîtrisée même si elles laissent
encore des traces dans l’environnement. Le Japon a donc pris la décision de
remettre en service ses réacteurs après mise en œuvre des modifications
nécessaires tirées des enseignements de cette catastrophe. Sont-ils plus fous
que nous dans le seul pays du monde ayant connu la destruction massive des
armes nucléaires ?
En
résumé, cessons de toujours écouter ceux qui distillent la peur en permanence
pour nous endoctriner et retenons trois chiffres. Alimenter une maison en électricité pendant un an, demande 1100 kg de
charbon ou 7 grammes d’uranium, et 1 kWh d’EnRia sur un an doit être en gros accompagné
de 1 kWh d’énergie pilotable (charbon, fuel, gaz) polluante. C’est sur ce
dernier chiffre que l’article suivant parlera de la nécessité d’arrêter l’implantation
des éoliennes.
La réalité finira toujours par détruire
les idéologies funestes
A l’avancée incessante du progrès dont
les effets néfastes
N’attendent qu’une amélioration par l’intelligence
D’une société responsable toujours plus
instruite
Et non d’être stoppés, et que tous les progrès
N’aillent pas vers l’argent aux
puissants
Au détriment d’un peuple
Asservi par la peur !
Claude Trouvé
22/02/18
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