mercredi 21 février 2018

L’indépendance se perd aussi par la politique énergétique



Notre perte de souveraineté a des conséquences de plus en plus visibles. La première perte est ancienne et date du Traité de Maastricht en 1992 avec la perspective de passage à l’euro entre autres. La perte de la maîtrise de la monnaie signifie l’entrée en dépendance, mais les traités suivants, Amsterdam (1997), Nice (2001), Fonctionnement de l'Union Européenne (2009), Lisbonne (2007) ... accentuent notre dépendance à l’UE. Le Traité de Fonctionnement de l’UE renforce la primauté des décisions de Bruxelles sur celles de Paris, et celui de Lisbonne est le symbole du déni de démocratie après le refus par référendum de la Constitution Européenne (2005). Depuis le référendum n’a plus vu le jour et l’UE n’a cessé de promouvoir sa mise au placard.
 
Mais la perte d’indépendance ne se limite pas à la tâche régalienne, qui consiste à battre monnaie, elle touche aussi la Défense Nationale dont la première tâche est de défendre ses territoires contre des agressions étrangères. L’appartenance à l’OTAN étant devenue un critère d’adhésion à l’UE, la défense des intérêts français doit se confondre avec celle des États-Unis, sous peine de rupture d’alliance. La pression amicale ou contraignante du pays le plus puissant ne peut se concevoir comme non orientée vers ses propres intérêts. Nous sommes donc aussi en dépendance militaire et stratégique. Mais l’indépendance se perd également par le dépouillement de nos ressources naturelles du sous-sol (énergétiques, minières), de notre patrimoine (immobilier, industriel, artisanal, touristique, agricole), de notre suffisance alimentaire. On voit que, comme en Grèce, le dépouillement est en cours, on vend, on brade. Les acheteurs chinois, américains, qataris, etc. se précipitent, car l’argent de Monopoly n’est jamais aussi bien placé que dans du solide, du concret, du non périssable. La libre circulation des capitaux devient une immense foire à l’encan. Le pays se vide de ses richesses, et les nouvelles terres chinoises acquises ne vont plus nourrir les français. On pourrait ajouter la perte de la langue, comme le signale la Corse qui en fait un symbole de son « émancipation ».


De plus, la modernité a ajouté une autre perte d’indépendance, devenue désormais vitale, c’est la dépendance énergétique. Un pays sous dépendance énergétique n’a plus aucun moyen de résister aux pressions étrangères, car son économie et sa défense peuvent être paralysées à tout moment dans un conflit avec un pays étranger. Si la Russie et l’Iran résistent aux sanctions, c’est tout d’abord parce qu’ils ne sont pas dépendants en énergie. La Russie a résisté sur le plan alimentaire en développant rapidement sur ses terres les produits alimentaires de base et c’est elle qui tient l’Allemagne en dépendance avec le gaz. Sur le plan de l’énergie la France est en train de brader sa dernière carte d’indépendance avec son plan énergétique de production d’électricité au nom de son soi-disant leadership dans la « décarbonisation » de la planète. J’ai montré dans l’article précédent qu’il s’agissait d’un attrape-nigaud, la France ne pouvant avoir qu’un impact microscopique dans ce « combat » alors qu’elle est déjà mieux placée que la majorité des nations.

Ce ne serait pas trop grave si cela se limitait à rehausser l’image du Président Français, qui ainsi se moque de Trump le chauffagiste du réchauffement climatique, mais cela débouche sur un surcout financier inutile et une perte d’indépendance de notre pays. Avant de montrer la nature profondément européenne de disparition des nations par perte d’indépendance, je voudrais rappeler les directions qui devraient être celles d’une politique énergétique de production d’électricité garantissant l’indépendance maximale et le coût minimum du kWh :

  • Arrêt dès 2019 de l’implantation des éoliennes terrestres et maritimes
  • Maintien du parc de centrales thermiques
  • Passage progressif des centrales au charbon vers les centrales au gaz moins polluantes
  • Suppression des subventions à l’énergie solaire et son utilisation en autoconsommation
  • Prolongation de la vie des centrales nucléaires sauf avis technique contraire de l’ASN
  • Prévision de nouveaux réacteurs nucléaires pour accueillir les véhicules électriques.

Ce plan est exactement à l’inverse de ce qui est prévu dans le plan Hulot, sauf peut-être l’utilisation de l’énergie solaire en autoconsommation qui serait évoquée dans les projets. Cet anti-plan garantit l’indépendance maximale, le coût minimal du kWh, la satisfaction de la consommation, et la non-évolution des émissions polluantes et de CO2. L’ostracisation du nucléaire dans le pays, qui en a prouvé la plus grande maîtrise jusqu’ici, devient une idée mortifère qui conduit à des orientations contraires à l’intérêt collectif. La décision d’arrêt d’un réacteur ne peut être une décision politique, c’est une décision technique et du pouvoir délégué à l’Autorité de Sûreté Nucléaire, voulue organisme public indépendant par l’Etat. Sur ce point je note que les Etats-Unis, à défaut de construire de nouveaux réacteurs pour cause d’emploi du gaz de schiste, veulent prolonger leurs centrales jusqu’à 60 ans, or la plupart de leurs réacteurs sont sous la même licence de construction Westinghouse, que nous avons achetée puis modernisée pour pouvoir exporter. Ils sont donc exposés aux mêmes dangers que nous !

Pour ceux qui croient que l’avenir du nucléaire est fermé, je propose ce graphique qui montre que les deux nations qui s’apprêtent successivement à dominer le monde, la Chine et l’Inde, ont misé sur le nucléaire, en particulier la Chine qui a déjà en prévision 23 réacteurs. La Chine a collaboré avec nous pour la construction de deux réacteurs EPR, type Flamanville, dont l’un est en cours de démarrage et le combustible chargé (photo ci-dessous). Nous sommes associés avec eux sur les 2 EPR à construire au Royaume-Uni. Le nucléaire est boudé par l’Europe mais la Russie veut se placer pour vendre les réacteurs de 4ème génération.


En fusionnant début février, la CNNC (China National Nuclear Corp) et la CNEC (China Nuclear Engineering & Construction) ont accouché d’un géant. Un mastodonte du nucléaire de 150.000 salariés, pesant en Bourse plus de 100 milliards de dollars ! Alors que la France était la deuxième industrie mondiale de vente de réacteurs, elle régresse et perd des marchés. On vend difficilement ce que l’on veut arrêter chez soi ! Cessons de mettre en exergue les incidents d’exploitation, les menaces éventuelles relevées par l’ASN. Elle est dans son rôle et assure que l’exploitant EDF est surveillé et ne délaisse pas la sécurité au détriment de la productivité. Les travaux et constats de l’ASN sont publiés et à disposition sur leur site. Quelle industrie dangereuse publie les moindres constats même ceux de niveau zéro dans l’échelle internationale des accidents nucléaires ? Nous n’avons eu aucun mort dû à la radioactivité sur le sol métropolitain, ne l’oublions pas quand nous sommes le peuple le plus nucléarisé du monde par habitant. L’ASN n’a demandé aucun arrêt de réacteur mais a exigé des opérations de maintenance à réaliser dans un temps donné pour valider à cette date la continuation de l’exploitation. Elle ne s’est d’ailleurs pas privée d’arrêter provisoirement certains réacteurs quand elle a estimé le risque déraisonnable. 

Après l’examen du nucléaire, et la nécessité de ne pas arrêter les réacteurs existants atteignant 40 d’âge sous réserve d’autorisation de l’ASN, le plan anti-Hulot demande des explications supplémentaires qui vous seront fournies dans le prochain article en s’appuyant sur les failles du plan énergétique gouvernemental.
 
D’une position mondiale chèrement acquise 

La France est en train de sortir du progrès

Cela au nom soi-disant de la sécurité et 

D’une course à l’éolien dit gratuit.

Elle y brade son indépendance 

Et jette son argent… au vent !
 
Claude Trouvé
21/02/18

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