La France fait partie des nations les plus endettées
comme nous l’avons vu dans le précédent article. Il reste à voir si les
variations de la dette sont, d’une part indépendantes ou non du niveau
d’endettement de départ, et d’autre part ce qu’induit une variation de la
dette/PIB sur la dette/habitant. La dette étant finalement à rembourser par
ceux qui produisent la richesse, j’ai gardé la variation de la dette/population
active totale (temps et temps partiel) sur la période 2012-2016. Sur le
graphique ci-contre, où la plupart des pays se sont conformés aux grandes
lignes de la politique socio-économique de l’UE avec des résultats divers, on
trouve la réponse de l’indépendance de l’endettement par rapport au niveau de
PIB de départ dans le lien strict qui existe entre dette/population active et
dette/PIB.
Ensuite
on voit que le pourcentage de variation de la dette/habitant varie légèrement
plus vite que la dette/PIB, de 1,2% environ. Ceci veut dire que globalement sur
l’UE, l’augmentation de la dette/PIB a été prise un peu plus sur le dos de
l’habitant au fur et à mesure que la dette augmente. Mais peu de pays se trouvent
en-dessous de la ligne noir foncé qui détermine l’égalité de variation entre
les deux indicateurs. Tchéquie, Grèce, Hongrie et Chypre sont de ceux-là. Pour
la Grèce il faut tenir compte des subventions qui lui ont été accordées. Tous
les autres pays ont plus ou moins fait supporter la variation de la dette/PIB
par un alourdissement supplémentaire sur la population active. C’est le cas de
la France et de l’Allemagne. Cette dernière n’a pas déchargé la population
active de la part due à la diminution de la dette/PIB. Parmi les mauvais élèves
le Royaume-Uni, et beaucoup plus encore l’Irlande, la Roumanie, l’Estonie et la
Bulgarie, se distinguent. Ces pays sont allés au-delà de ce que permettait la
croissance ou la décroissance dans une juste répartition État-population. On
notera le quasi-équilibre de l’Espagne et de l’Italie. On voit nettement là des
marqueurs socio-économiques. Plus la dette/PIB augmente, plus la
dette/population active à tendance à augmenter plus vite. C’est ainsi que la
politique de Hollande a été beaucoup plus libérale que sociale sur le plan
économique. La France reste en 2016 avec un lourd handicap sur le taux
d’emploi avec un décalage de -15,6% sur l’Allemagne, -9,3% sur l’UE, et -8,2%
sur la zone euro.
Le
taux d’emploi et le PIB/habitant étant les deux critères économiques qui
intéressent directement la population, il est temps de regarder la relation qui
les lie. Le graphique ci-contre montre que le taux d’emploi progresse dans le
même sens que le PIB/habitant, ce qui n’est pas une découverte. Mais ce qui est
plus intéressant c’est de savoir à quelle vitesse. Selon la droite de
régression obtenue
à partir des données Eurostat sur la période 2012-2016, il
s’avère qu’il faut plus de 1,8% de PIB/habitant en plus pour espérer faire
croître le taux d’emploi. C’est exactement ce que l’on observe en France en
2017 où le taux de croissance annoncé est de l’ordre de 1,9% et où le nombre de
personnes sans emploi stagne. Mais pendant la période étudiée la France aurait
dû avoir une augmentation de 1,7% du taux d’emploi, ce qui n’a pas été le cas. La
croissance est passée ailleurs et elle a été inférieure à celle de l’UE et même
de la zone euro. C’est bien la preuve que la politique menée par Hollande,
tournée vers les entreprises, a été particulièrement néfaste à la France.
Durant cette période une variation de 1% du PIB/habitant a entraîné 0,35% de
variation sur le taux d’emploi, et la France est en queue de peloton pour ces
performances devant seulement la Grèce et Chypre ! La politique de
déversement sur les entreprises, reprise par Macron, a été un fiasco !
Par les études des articles précédents on a vu que le
taux de chômage ou d’emploi et le PIB/habitant sont liés, mais le graphique
ci-contre montre que le lien est aussi fort entre la variation de la population
active, donc le taux d’emploi, et celle du revenu des ménages. La variation de
ceux-ci sur la période 2012-2016 est statistiquement significative. On constate
que le revenu des ménages a crû de 3%, soit 0,6%/an, en moyenne dans l’UE.
Notons qu’il s’agit du revenu brut. La France est toujours très en retrait de
l’Allemagne qui a réussi une augmentation des revenus des ménages de 2%/an et
augmenté le taux d’emploi de 2% sur la période. Mais ce qui est remarquable
c’est qu’une hausse du taux d’emploi de 1% va avec une augmentation des revenus
de 3,4% ! Autrement dit les revenus des ménages sont très sensibles au
taux d’emploi, lequel devrait être beaucoup mieux connu des citoyens et
faire partie des communications officielles périodiques. Ce résultat n’est pas
étonnant en soi, mais c’est son ampleur qui est surprenante et qui montre que
le lien PIB/habitant-revenus des ménages-emploi-taux de privation étant très
fort, c’est tout ce qui peut faire bouger le PIB/habitant qui est le nerf de la
guerre.
Il nous faut désormais regarder ce que nous pouvons faire des
enseignements tirés de toute cette étude. Le premier constat est que le PIB,
qui détermine la croissance ou la décroissance, n’est pas un indicateur de la
richesse disponible pour chaque citoyen. En effet l’évolution démographique est
un facteur important comme nous l’avons vu pour l’Allemagne où la croissance ne
s’est pas intégralement répercutée sur le PIB/habitant. D’autre part c’est bien
sur une période longue et en comparaison avec les autres pays européens, pour
le moins, que l’on peut juger d’une politique socio-économique. Le chômage et le taux de pauvreté diminuent,
le revenu des ménages et le taux d’emploi augmentent, lorsque le PIB/habitant
croît avec l’augmentation des salaires. En moyenne 1% d’augmentation
des salaires entraîne l’augmentation de 0,9% du coût total de la main-d’œuvre.
Voilà
l’essentiel des résultats de cette étude. J’ai montré dans des articles
précédents, publiés pendant la compagne présidentielle que l’augmentation de la
durée du travail hebdomadaire, et celle du travail annuel étaient des mesures
contre-productives sur le PIB/habitant et le chômage. Elles ne sont pas valables
en dehors de périodes de plein emploi. Cette étude s’inscrit en faux sur les
bienfaits de la politique du « ruissellement » sur le triptyque
PIB/habitant-Emploi-taux de pauvreté. Elle profite essentiellement aux grandes
entreprises exportatrices. Ces dernières n’ont pas pour objectif de rendre
leurs profits à l’État mais de les maximiser en les répandant sur le marché du
mondialisme, économique et financier. La politique du « ruissellement »
ne peut marcher que dans un système de contrôle de la circulation des capitaux
et des délocalisations.
Pour
juger sainement d’une politique économique, il faut bien faire la différence
entre une croissance due aux facteurs externes et celle due aux facteurs internes. Les résultats d’une
politique économique ne se jugent que sur les facteurs internes et non sur les
embellies ou les périodes sombres de la croissance mondiale ou européenne. C’est
ainsi que le résultat de la croissance française à 1,9% en 2017 est à comparer
à la variation de celle-ci dans la zone euro et dans l’UE qui est de 2,5%. Sur
la croissance la France fait moins bien de -0,6%
que la moyenne des pays européens, les facteurs externes lui ont été favorables
mais la politique Macron nous laisse
toujours derrière les autres. Elle poursuit celle de Hollande, dont l’étude
a montré les résultats relatifs désastreux.
C’est une autre politique qui est la
bonne, c’est celle de la baisse des impôts et taxes sur les particuliers, et de
la hausse des salaires. L’axe vertueux est la hausse du pouvoir d’achat pour
les classes moyennes et pauvres qui forment la grande masse des consommateurs.
Mais ceci doit s’inscrire d’une part dans une maîtrise des capitaux et de l’immigration,
et d’autre part dans une dévaluation de la monnaie remettant la France au
niveau du 1 pour 1 dans la zone dollar. La maîtrise des capitaux
permet de juguler l’évasion fiscale licite ou non, et d’empêcher le rachat de
notre patrimoine, rural, historique, et industriel. La politique de l’UE, les
directives données aux États, sommés de s’y conformer comme l’exige le Traité
de Fonctionnement de l’Union Européenne, est totalement contraire à cette politique
de la demande et de la souveraineté des États. Son application demande la sortie
de l’UE, et comme l’UE est une création sous contrôle des Etats-Unis et de l’OTAN,
il faut finalement sortir de la zone
euro, de l’UE et de l’OTAN, comme le préconise clairement François Asselineau.
La politique du « ruissellement »
est relativement suicidaire
Dans le contexte actuel de
mondialisation sauvage.
Mais celle de l’axe vertueux du pouvoir
d’achat,
Des capitaux et de la monnaie maîtrisés,
Et d’une immigration bien régulée,
Ne peut se faire aujourd’hui
Qu’en sortant de l’UE !
Claude Trouvé
02/02/18
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