Nous
sommes depuis toujours sous un matraquage permanent de nos esprits au sujet des
fonctionnaires avec ces phrases du café du commerce du style « Trop nombreux et bien trop payés pour ce qu’ils
foutent ! ». Il est vrai que des exemples existent particulièrement
dans l’administration territoriale, dans les Ministères et chez tous ces hauts
fonctionnaires planqués dans des commissions et missions diverses dont l’efficacité
est proche de zéro. Mais les mentalités changent, d’abord parce que l’accueil dans
les administrations n’est plus celui d’un « assujetti », mais d’un
citoyen en quête du service qui lui est dû. Il y a aussi une prise de
conscience que dans la justice, la sécurité, la santé, l’enseignement, les
tâches sont devenues imparfaitement réalisées par manque d’effectifs. Mais la politique
libérale veille au grain et on nous reparle de fonctionnaires trop nombreux,
comme avant. Il faut tailler dans le mammouth pour faire des économies. L’économie
passe donc devant le service rendu au citoyen dans la mentalité
gouvernementale.
S’il est vrai qu’il n’y
aucune raison de conserver des fonctionnaires qui n’ont aucun rendement
effectif et de leur payer un emploi à vie, cette idée du trop-plein de
fonctionnaires est-elle réelle ou une idée enfoncée dans la tête du citoyen et
une proie facile pour une politique d’austérité, doxa européenne ? Mon
esprit critique me dit de toujours me méfier des matraquages, ils n’ont souvent
aucun fondement mais sont liés à des axes politiques dont le gouvernement n’a
aucune envie de discuter, comme le catastrophisme de la sortie de l’euro et du
réchauffement climatique, ou la panacée des énergies renouvelables. Le trop-plein
de fonctionnaires fait partie de ces sujets dits évidents que seuls des idiots
sont autorisés à en parler en privé. Alors je vous propose d’aller gratter dans
l’information de ce côté-là. L’opinion couramment exprimée est que le nombre de
fonctionnaires augmente sans cesse de façon démesurée. Le graphique ci-contre ne
traduit nullement cette opinion compte-tenu de l’évolution de la population. Les
fonctionnaires représentaient 8,29% de la population totale et 19,01% de la
population active en 2007, ces chiffres sont passés respectivement à 8,50% et
19,66% en 2015, soit une augmentation de 2,5% à 3,4% en 8 ans, ce qui n’est pas
épouvantable.
« Nous n’avons jamais eu autant de
fonctionnaires » disent certains à juste raison, mais nous n’avons
jamais eu autant d’habitants. Néanmoins le gouvernement veut supprimer 120.000
fonctionnaires soit 2% d’entre eux en donnant le sentiment qu’ils sont devenus inutiles
ou pléthoriques par rapport aux tâches à accomplir, sans toutefois cacher qu’il
s’agit de faire des économies. En fait tout le problème se résume en deux
interrogations ? D’une part le nombre de fonctionnaires est-il ou non
pléthorique par rapport à l’accomplissement complet de toutes les tâches à
remplir et d’autre part l’Etat maintient-il ou non le service au citoyen quel
qu’en soit le coût ? Il faut répondre à la première question avant d’aborder
la seconde. Or cette réponse est très subjective et seule une comparaison avec
d’autres pays européens peut amener un éclairage non subjectif, les chiffres
étant incontestables même s’ils demandent une interprétation et des précautions
à prendre sur leur signification.
Comme de toute évidence la motivation
gouvernementale est la recherche d’une baisse des dépenses publiques, nous
allons regarder les chiffres sur le coût des administrations publiques et les
relier à la démographie en 2016, chiffres que nous donne l’OCDE. On voit qu’effectivement
ce coût est très lié au nombre d’habitants. La tendance est un coût de 15400€/an par
habitant. C’est sur cette base que l’on peut juger de l’écart du coût d’un pays
donné par rapport à la tendance générale. On voit que la France se signale par
un coût très supérieur à la tendance générale. Toutefois l’Allemagne et la France
étant les pays les plus peuplés, la valeur des écarts est évidemment grande. C’est
donc sur les écarts en % par rapport à la tendance qu’il faut se baser pour
juger de la place réelle de la France.
On obtient alors ce
graphique particulièrement intéressant. La France n’est pas le pays qui est le
plus dépensier même s’il affiche un surcoût de 29% par rapport à la tendance
générale. Les pays du Nord et la Suisse sont beaucoup plus dépensiers, en
particulier le Danemark. A l’inverse on trouve des pays qui sont très peu
dépensiers, comme des pays baltes et les pays du sud soumis à une politique d’austérité
drastique. Il est clair que nous dépensons plus dans ce secteur que le Royaume-Uni
et même que l’Allemagne. Plusieurs questions se posent alors. Offre-t-on ou non un
service global supérieur au citoyen ? Est-ce bien sur notre nombre de
fonctionnaires qu’il faut faire peser une économie de gestion ? Les pays proches
de nous comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la Suisse, l’Espagne, l’Irlande,
sont-ils comparables géographiquement et même historiquement ?
C’est
donc à ces questions que j’essaierai de répondre par les chiffres dans le prochain
article avant de conclure sur ce qu’il faut penser de cette annonce de
réduction des fonctionnaires.
Il est patent que la France répond aux
directives européennes
Qui font mener une politique d’austérité
aux pays du sud.
Or cette politique ne permet pas à ces
pays
De rattraper leur retard économique.
La pertinence de cette politique
Ne s’impose toujours pas !
Claude Trouvé
03/02/18
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