Le
nucléaire représente toujours 73% de la production électrique française malgré
les opérations de « grand carénage » et l’augmentation de la
puissance installée des énergies renouvelables (EnRia). S’il en est ainsi c’est
parce que l’on ne se défait pas facilement d’une énergie bon marché et non
polluante comme l’est l’énergie thermique. Il faut savoir que le grand carénage
consiste en des opérations de maintenance décennales et des modifications
issues des constats faits sur la catastrophe de Fukushima, modifications pour
améliorer encore la sûreté des réacteurs. Cette opération coûte 1 Mds€ par
réacteur. Etalé sur la décennie avant une nouvelle intervention décennale, ceci
représente un surcoût de 1,5 c€/kWh produit par ce réacteur. L’adaptation du
réseau électrique au transport des productions des EnRia coûte 1,5 Mds€/an. Sur
2017 ceci a représenté un surcoût de la production des EnRia de 3,8 c€/kWh. Ce
coût est répétitif chaque année si l’on continue à implanter des éoliennes. Ces
chiffres permettent de relativiser les choses, d’autant plus que la durée de
vie des éoliennes et des panneaux solaires est estimée à 20 ans.
Pour en terminer avec
la production nucléaire, il faut parler d’un sujet d’actualité sur
l’enfouissement des déchets à Bure (photo ci-contre). D’abord il ne s’agit pas d’enfouir
seulement les déchets des réacteurs nucléaires mais de tous les déchets
nucléaires à longue vie et radioactivité importante, issus de l’industrie en
général mais aussi des utilisations faites ailleurs y compris dans le milieu
médical. Le volume total à enfouir chaque année n’a rien à voir avec celui des
déchets à l’air libre qui s’accumulent auprès de nos villes. Chaque année en
France, un habitant produit 354 kg d’ordures ménagères (chiffre ADEME). Si l’on
ajoute la quantité de déchets municipaux par habitant, la quantité produite
monte alors à 536 kg par an, et intègre ceux des collectivités et également une
partie des déchets d’activités économiques. En prenant en compte les déchets
professionnels (BTP, industrie, agriculture, activités de soin), on atteint
13,8 tonnes de déchets produits par an et par habitant. Selon l’ADEME, 36% des
déchets vont dans les décharges soit 5 tonnes/habitant et par an. Pour 2017
ceci représente 333 millions de tonnes de déchets dans les décharges licites
ou non un peu partout en France ! Mon premier étonnement est que les
Zadistes ne ciblent pas cette pollution grandissante de nos sols, véritable
cancer qui détruit nos paysages et peut agir sur notre santé par la pollution
des sous-sols, donc des nappes phréatiques et les émanations de gaz putrides.
Et je parle pas des 30% de déchets « incinérables » qui carbonisent
(ce qui ne m’inquiète guère) mais polluent la planète
Mais
revenons maintenant à nos déchets nucléaires qui sont comptabilisés par l’ANDRA,
l’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, et qui proviennent
de 5 secteurs d‘activité : électronucléaire, défense, recherche,
industrie, médical. L’utilisation des propriétés de la radioactivité dans de
nombreux secteurs est à l’origine de la production de déchets radioactifs qui,
pour des raisons techniques ou économiques, ne peuvent être réutilisés ou
recyclés. Outils, vêtements, ferrailles, plastiques : la grande majorité des
déchets radioactifs ont l’apparence de déchets classiques.
Cependant, étant
radioactifs, ils ont la particularité d'émettre des rayonnements pouvant
présenter un risque pour l’homme et l’environnement. De ce fait, ils ne peuvent
être gérés comme des déchets classiques et doivent être pris en charge de
manière spécifique et tout utilisateur de matières ou produits radioactifs doit
déclarer ses déchets et les envoyer à l’ANDRA. Les déchets radioactifs
présentent des caractéristiques chimiques, physiques et radiologiques très
différentes. Leur nature détermine la manière dont ils sont traités,
conditionnés puis gérés. En pratique, les déchets radioactifs sont classés en
cinq grandes catégories : les déchets de haute activités (HA), de moyenne activité à vie longue (MA-VL), de faible
activité à vie longue (FA-VL) à demi-durée de vie supérieure à 31 ans, de
faible et moyenne activité à vie courte (FMA-VC) à demi-durée de vie de 100
jours ou moins, et de très faible activité (TFA). Chaque catégorie bénéficie
d’une gestion adaptée à sa nature, qui vise à la confiner pour éviter
l'exposition des populations, et est traitée et conditionnée pour éviter la
dispersion des substances qu’elle contient. Ensuite, les déchets sont stockés
dans des centres spécifiques.
La production de
déchets radioactifs en France représente environ 2 kg par an et par habitant.
Ceci est à comparer aux chiffres sur les autres déchets/habitant/an de 354, 536
voire 13,8 t/habitant/an. Compte-tenu de la nécessité de conditionner les
déchets avant stockage, on parle des déchets radioactifs en unité de volume. Il
existe déjà des centres de stockage qui accueillent certaines catégories de
déchets. Des recherches se poursuivent pour créer les centres adaptés aux
autres catégories de déchets. En attendant, ils sont entreposés en toute
sécurité dans des installations spécifiques, le plus souvent sur le site même
où ils sont produits. Le projet de stockage géologique profond pour les déchets
radioactifs, Cigéo (Centre industriel de stockage géologique), concerne un centre
de stockage réversible profond (à 500 mètres de profondeur) pour accueillir les
déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL). L’ANDRA a déposé la demande
d’autorisation de création de cette installation en 2015 et la mise en service
du site choisi de Bure est prévue en 2025, sous réserve de son
autorisation. Le centre de stockage dans l’Aude (10) à Malvési, est dédié
aux déchets faiblement et moyennement radioactifs à vie courte (FMA-VC) et très
faiblement radioactifs (TFA), comme l’était celui de la Manche actuellement
fermé et surveillé. Les déchets à haute activité et à vie longue, d’origine
électronucléaire et mélangés avec des corps à vie courte émettent beaucoup de
chaleur et sont vitrifiés (pour éviter tout contact avec l’environnement), puis
stockés provisoirement dans des silos enterrés sur des sites nucléaires dédiés
comme Marcoule (photo ci-dessus). Ils sont destinés ensuite à rejoindre le site de Bure.
Il ressort de tout
cela que le site de Bure est destiné à stocker 3,2% de la production totale de
déchets radioactifs à vie longue, essentiellement issus du fonctionnement des
réacteurs nucléaires. Ceci représentait en 2010 un volume de 4200 m3
équivalent conditionné soit un cube de 45m de côté. Mais les déchets de Haute Activité,
issus du traitement des combustibles usés sortant des réacteurs ne représentent
qu’un cube de 14m de côté. Il faut savoir que sur les 25t d’une recharge
annuelle d’un réacteur, le traitement à la Hague du combustible usé permet de
récupérer 96% sous forme d’uranium pour 95% et de plutonium pour 1%. Les
déchets de HA représentent 0,2% soit seulement 50kg.
Ces explications sont
nécessaires pour comprendre que le stockage à Bure n’est pas fait au hasard
mais le fruit d’une recherche des meilleurs scientifiques en la matière et que
l’autorisation finale ne sera donnée qu’en 2025. Le site sera réversible
pendant 100 ans avant d’être définitivement fermé. Quand j’entends des
journalistes dire qu’il y avait bien d’autres endroits pour réaliser un tel
centre de stockage, c’est faire fi des études géologiques qui avaient
primitivement retenu seulement trois sites répondant à un stockage définitif
des produits radioactifs à vie longue. Cela implique entre autres que les
nappes phréatiques ne puisent être atteintes et que le lieu ne soit pas
susceptible de séismes violents. Par ailleurs si on refuse le stockage en
profondeur, on prend beaucoup plus de risques en se repliant sur un stockage en
surface dont l’intégrité ne peut être assurée sur des siècles ou des millénaires.
Cette
folie qui consiste à répandre dans l’esprit du public des peurs continuelles
est une insulte au progrès, aux chercheurs, aux ingénieurs et techniciens que
le monde nous a envié et qui sont éminemment conscients de la sauvegarde de l’humanité.
Ce n’est pas sortons du nucléaire qu’il
faut scander
Mais sortons de l’obscurantisme qui a
crucifié
Galilée au nom d’une idéologie funeste.
Sinon l’homme finira par avoir peur
De son ombre !
Claude Trouvé
23/02/18
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