Les
guerres militaires ne sont que les résultantes des guerres économiques. La plus
connue de ces dernières est la guerre du pétrole. Elle fait rage au
Moyen-Orient sous la forme de la guerre pour les pipelines et les puits. La
cause principale de la guerre au Moyen-Orient est celle du pipeline des pays du
golfe qui devait transiter par la Syrie pour rejoindre l’Europe, une traversée
que Bachar el-Assad a refusée. Pire la Russie et l’Iran soutiennent le passage
d’un autre pipeline pour le pétrole caucasien et iranien. On peut étendre cette
guerre au gaz de la même façon mais pas au charbon. En effet le gaz et le
pétrole sont très inégalement répartis sur la planète, c’est moins le cas pour
le charbon qui est de plus surabondant pour l’instant. Même l’uranium présente
une assez bonne répartition dans le monde
même si notre présence militaire au Mali est la principale raison pour (espérer)
sécuriser nos mines au Niger. La plupart de nos concitoyens ne voient que cette
face énergétique des guerres en cours. Or d’une part l’évolution des
technologies et d’autre part les planches à billets qui créent des centaines de
milliards de monnaie de Monopoly pour éviter la chute des marchés et la
faillite des banques, sont la cause de nouvelles guerres qui participent au
changement de la face du monde.
Extraction du minerai en Chine |
L’une
des grandes industries de consommation est celle des portables, smartphones et
ordinateurs de toutes tailles. Elle inonde la moitié de la planète et son
développement ne cesse de s’accroître. Le monde s’arme avec frénésie, les
budgets Défense ne cessent d’augmenter partout dans le monde et alimentent
notre industrie militaire entre autres pays. Les missiles ne cessent de se
perfectionner par leur précision, leur efficacité, leur portée. Les énergies
vertes sont poussées en avant à coups de subventions. Pour toutes ces raisons
et bien d’autres les industriels qui sont à l’origine de tous les produits
cités ont un besoin croissant de « terres rares ». Les terres rares
ne sont, en réalité, ni des terres, ni rares. Les terres rares sont un groupe
moyennement abondant de 15 éléments métalliques connus comme la série des
lanthanides (numéros atomiques 57 à 71) ainsi que l'Yttrium (39). Bien que le Scandium
(numéro atomique 21) ne soit pas un élément de terre rare, il est généralement
inclus avec les lanthanides en raison de ses propriétés similaires. Ils sont
plus ou moins abondants sur la planète. Le cérium est aussi abondant que le
cuivre et le nickel. Quatre de ces éléments (soient le cérium, le lanthane, le
néodyme et l'yttrium) se retrouvent dans la croûte terrestre en quantité plus
abondante que le plomb, et sont plusieurs fois plus abondants que l'argent.
En fait leur rareté
provient de la rareté des mines exploitables au regard de leur teneur
suffisante et de la difficulté de séparation des différents corps dont les
propriétés chimiques sont très voisines. Groupe de métaux aux caractéristiques
indispensables pour de nombreuses applications civiles et militaires, les
terres rares se retrouvent dans les technologies vertes ainsi que dans les
technologies au cœur de notre société (téléphones portables, écrans plats,
disques durs, anneaux solaires, éoliennes, missiles, etc.). Elles revêtent une dimension
géopolitique majeure depuis que la Chine, qui contrôle 95% de la production
mondiale, a réduit ses exportations. États-Unis, Europe et économies de
l'Asie-Pacifique se tournent désormais vers un des principaux eldorados en la
matière : le Groenland. La Chine exploite toute la gamme des terres rares,
surtout en Mongolie Intérieure comme par exemple le dépôt de Bayan Obo, dans le
district minier de Baiyun. Deng Xiaoping qui a converti la Chine au capitalisme
aurait déclaré en 1992 : « Le Moyen Orient a le pétrole et nous avons
les terres rares ».
Même si la Chine ne détient que 36% des ressources mondiales, elle
assure plus de 90% de l’approvisionnement mondial. Les États-Unis, qui en
détiennent 13%, non seulement n’ont pas soutenu l’effort nécessaire dans ce
secteur mais ont laissé partir la technologie de traitement de ces métaux en
Chine. Pour la petite histoire Bill Clinton a assuré ainsi des fonds chinois pour
sa campagne électorale. Le couple Chine-Russie détient 58% des ressources
mondiales ! Devant la progression des besoins, en particulier pour ce qui
concerne les aimants présents dans les éoliennes aussi bien que dans nos
disques durs et dans les missiles de haute technologie, on comprend que la
dépendance du reste du monde devient un problème géopolitique de première
importance. La Chine depuis 2011 ne se place plus seulement en vendeur de
matières premières mais aussi en produits fabriqués. Elle peut fournir chaque
année 10.000 tonnes d’aimants,1.000 tonnes de lanthanides qui servent à stocker
de l’hydrogène, 10.000 tonnes de matériaux de polissage, 300 tonnes de
matériaux luminescents, 1.000 tonnes de minerais catalyseurs. Baotou est
devenue une ville High-Tech qui invite les industries technologiques du monde
entier et a créé des centaines de milliers d’emplois.
Mais ce tableau idyllique d’une Chine heureuse cache l’envers du décor
des mines et de l’industrie d’extraction loin de la ville. On y travaille à 9
euros de l’heure et dans des conditions d’insalubrité impensables en France.
Par ailleurs la campagne environnante est polluée par tous les rejets de l’usine
chargés en métaux de toutes sortes dont aluminium et fer. Les taux de cancer y
sont très élevés et la durée de vie des habitants est très menacée. C’est tout
le problème de la mondialisation et d’une société de consommation qui demande
de plus en plus de produits et tire les prix vers le bas. Mais il y a avec les « terres
rares » un enjeu stratégique majeur
que les occidentaux ont délaissé pour l’instant mais qui peut leur sauter à la
figure.
Autrefois, en 1990, la Chine exportait simplement
ses minerais et elle avait besoin des occidentaux pour les acheter et fabriquer
des produits dont eux-mêmes d’ailleurs avaient besoin. Désormais la Chine est
en passe de produire tous les produits dont elle a besoin et même de les exporter.
Ses besoins propres sont en expansion, il y a donc une double raison pour qu’elle
se fasse tirer l’oreille pour prendre le contrôle de ce marché, de réduire les
exportations et de faire ainsi monter le prix des terres rares qui ont octuplé
en un an. Elle s’est déjà servi de la restriction des exportations vers le
Japon, pays majeur dans la haute technologie mais particulièrement dépendant.
Le Japon a senti le vent du boulet. La France achète pratiquement tous les
produits de haute technologie fabriqués en Extrême-Orient, elle est donc
évidemment dépendante même pour ses industries aéronautiques, spatiales et
militaires. Elle commet en plus l’erreur de promouvoir les énergies vertes qui
accentuent cette dépendance sur une donnée majeure de notre vie tout court, l’énergie
électrique. Par ailleurs la Chine s’est lancée dans la fabrication des
éoliennes et des panneaux solaires et on voit mal comment la France pourrait la
concurrencer avec le triple handicap des salaires, des contraintes
environnementales, et la non-possession ni des matières premières ni des
industries de transformation.
Plus que la guerre du pétrole qui
conditionne notre politique étrangère
La dépendance aux terres rares nous
place en situation de faiblesse
Or non seulement nous ne prenons aucune
disposition contre
Mais nous prenons un malin plaisir à l’accentuer.
On va le payer cher, très cher !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon