Nous avons vu dans le précédent article
que les EnR ne répondaient pas aux deux objectifs fixés à savoir la réduction
du CO2 et le remplacement du nucléaire. Elles polluent indirectement car leur
implantation est étroitement liée à l’augmentation conjointe de la production
des centrales thermiques charbon-fuel-gaz. Ceci est prouvé par les informations
de production électrique de la RTE entre 2014 et 2015. Autrement dit on ne peut
mener ensemble les deux objectifs. Remplacer du nucléaire, c’est accepter
une augmentation de la pollution dont celle du CO2. Par ailleurs nous avons
noté que la France est globalement exportatrice d’énergie électrique à plus de
11 à 12% de sa production alors que l’ensemble des énergies renouvelables n’atteint
pas 7% de la production. Les autres formes d’énergies sont donc suffisantes
pour assurer la consommation française. Les EnR ne servent ainsi qu’à l’exportation
et leur caractère intermittent demande des ajustements de la production des
autres sources pour faire face à la demande et la surproduction doit être
souvent bradée sur le marché de l’énergie car elle ne trouve pas forcément
preneur à l’étranger.
Alors
on pourrait espérer que les EnR produisent de l’électricité moins chère. Ce n’est
pas le cas et de plus le courant fourni est de moins bonne qualité sur le
voltage et la fréquence de 50 kHz. On constate déjà sur les informations
fournies par la RTE sur 2014 et 2015 que pour 1MW installé de puissance
éolienne et nucléaire, l’éolien ne fournit que 30% de la production du nucléaire
ou 1MW nucléaire installé produit 3,3 fois plus de kWh que 1 MW éolien
installé. Pour le solaire c’est 5,5 fois plus et 0,7 fois plus pour la
bioénergie, mais celle-ci est polluante en CO2. Ces chiffres sont incontestables
et tirés du tableau déjà fourni et
complété en tête de la chronique. Il reprend les données officielles publiées.
La presse ne nous donne que les puissances installées et omet de spécifier la
puissance utile. En 2015, elle est de 75% pour le nucléaire, de 23% pour l’éolien
et de 14% pour le photovoltaïque de la puissance installée. Ces chiffres
traduisent l’intermittence des EnR qui demandent des palliatifs pendant la
majeure partie du temps.
Je
vous propose par des calculs simples d’examiner la politique énergétique française
basée sur deux principes, la réduction des émissions de CO2 et la réduction du
nucléaire à 50% par installation des EnR. On a montré que la réduction des
émissions de CO2 par le développement des EnR était impossible par suite de l’accroissement
corrélatif des énergies fossiles compte-tenu que le stockage de l’énergie
électrique est irréalisable pour des questions pratiques et de coût, mis à part
le stockage limité dans les barrages. Intéressons-nous alors au deuxième
principe, celui de la réduction du nucléaire. La France est exportatrice d’électricité,
il est donc possible de cesser de l’être avec un bilan nul export-import soit
une baisse de la production de 61,7 TWh en 2015 et donc un objectif ramené à
484,3 TWh. Le gain de 61,7 TWh peut être obtenu par une diminution de la
puissance nucléaire installée de 9345 MW (61,7*63130/416,8). Ceci correspond à plus
que l’arrêt de 10 réacteurs de 900MW, les plus anciens soit la fermeture de
Fessenheim, du Tricastin et de 2 réacteurs de 1000Mw ailleurs. L’objectif est
atteint partiellement sans rien changer par ailleurs car la part du nucléaire,
ramenée à 355,1 TWh pour une production totale de 484,3 TWh, n’est passée que
de 75,1% à 73,3% bien loin des 50% visés. Le gain en CO2 est nul puisque le
nucléaire n’en émet pas. Nous n’exportons plus, ce qui est supposé être un
manque à gagner. Un autre inconvénient, c’est que les EnR sont largement subventionnées
et leur coût est réparti sur les KWh produits lesquels ont diminué, le
consommateur verra donc le KWh augmenter sur la CSPE qui passera de 14% à 15,8%.
Ce scénario ne remplit pas les objectifs, renchérit le KWh et prive EDF des
ressources de l’export. Politiquement il fait plaisir aux écologistes par l’arrêt
de centrales nucléaires mais laisse l’apport en CO2 au même niveau et bloque l’expansion
des EnR puisque la consommation n’évolue plus.
Si l’on
veut néanmoins développer les EnR dans le but de ramener le nucléaire à 50%. Il
faut partir sur un scénario qui ajoute cette contrainte au précédent, le bilan
nul import-export. Le nucléaire ne produit plus alors que 242,15 TWH (484,3/2).
Ce chiffre est ramené à 175,5 TWH si l’on tient compte de l’apport constant de
la biomasse et de l’hydraulique. Le complément est apporté par les EnR associées
aux énergies fossiles obligatoirement liées. L’ensemble des 2 énergies donnait
70,5 TWH en 2015. Il faut donc les multiplier par 2,49 pour atteindre la
puissance voulue. L’énergie fossile va de plus partager, à part égale avec les
EnR, les 175,5 TWh à réaliser, soit 87,775 TW. La part du photovoltaïque est
actuellement d’environ un tiers de celle de l’éolien. Ceci donne les objectifs
suivant : 52,875 TWh pour l’éolien, 17,625 TWh pour le photovoltaïque et 87,775
TWh pour l’énergie fossile. Par rapport à 2015, ceci veut dire que le parc
éolien est multiplié par 2,5 et porté à 25841MW soit 8700 éoliennes de 2MW en plus.
Les surfaces photovoltaïques sont multipliées par 2,38 et la puissance
installée est portée à 14746 MW au lieu de 6191 en 2015. L’énergie fossile est
multipliée par 2,57 et peut être supportée par la puissance installée qui n’est
utilisée qu’à 17,4%. Ce scénario s’avère possible, mais rend nul le bilan
export-import et les ressources correspondantes. Il arrête la moitié du parc
nucléaire mais multiplie par 2,57 les rejets de CO2 et autres gaz polluants
avec 8700 éoliennes de 2MW en plus et des surfaces de l’énergie photovoltaïque
multipliée par 2,38. Il présente aussi l’inconvénient d’augmenter le coût du
KWh qui peut faire passer la taxe CSPE de 14% à 15,8% due à la baisse de
production et de 15,8% à ( ? ) car les subventions aux EnR seront à
multiplier par 3.
Le
dernier scénario est celui du maintien du statu quo de la production et de l’objectif
de 50% d’énergie nucléaire. Le nucléaire ne produit plus alors que 273 TWh. Le
reste se répartit entre bioénergie à 7,9 TWh, hydraulique 58,7 TWh, énergie
fossile 103,2 TWh, éolien 77,4 TWh et photovoltaïque 25,8 TWh. Le tout réalise
les 546 TWh produites en 2015. L’éolien est multiplié par 3,67 soit 37827 MW
installés ou 14000 éoliennes de 2 MW en plus. Le photovoltaïque est multiplié
par 3,47 donc la surface couverte. L’énergie fossile est multipliée par 3 donc
la pollution en CO2 et autres polluants et 52,5% de la puissance installée est
utilisée. Il reste alors au plus 11800 Mw de puissance disponible pour pallier
à l’intermittence des EnR qui est justement la puissance demandée en cas d’arrêt
total. La solution est ric-rac et suppose une disponibilité à 100% des
centrales à énergie thermique. Ce parc s’avère donc trop juste et nécessite de
ranimer une ou deux centrales thermiques. Si ce scénario laisse les recettes de
l’exportation d’énergie, il multiplie par 3 les rejets de CO2 et autres
polluants. Son impact sur le prix de l’électricité conduit probablement à
doubler voire plus le prix du KWh pour les ménages. Compte-tenu de la distance
de 400m à respecter entre deux éoliennes, chacune interdit un carré de 200m de
côté soit une surface de 0,04km2. Ceci représente une superficie totale supplémentaire
de 560km2 pour 14000 éoliennes supplémentaires soit la surface de la
Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne réunis. Est-ce raisonnable même si l’on
envisage d’en mettre une partie le long des côtes ?
Le plan énergétique français vise à
réaliser deux buts incompatibles.
On ne peut pas diminuer le nucléaire
sans augmenter le CO2.
On ne peut pas développer les EnR pour
diminuer le CO2.
Le nucléaire à 50% coûtera très cher aux
ménages.
Mais la taxe carbone et le marché des
EnR
Rendra heureux... les multinationales !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire