Il
est toujours bien hasardeux et présomptueux de faire des pronostics pour la
Présidentielle 2017 mais rien n’empêche de mesurer les forces qui vont s’affronter
dès septembre. Il est connu qu’une présidentielle se joue au « faciès »
et aux « promesses ». Le terme « faciès » recouvre
évidemment beaucoup de facettes, mais c’est la présence devant les médias, dans
les meetings, en direct face aux adversaires qui en est la clé. C’est le charme
de l’individu, sa faculté à soulever les foules, son charisme, sa détermination
et, comme pour les sportifs, sa résistance aux coups portés et son envie de
vaincre. Faire campagne et persuader que l’on sera le « Président de tous les français »,
phrase convenue de l’après élection, doit être ressentie même chez les
électeurs des autres candidats. Malheureusement aucun des candidats n’a aujourd’hui
une aura qui lui donne cette image gaullienne. Depuis au moins trois élections
nous sommes retombés sur des personnages soit mités par leurs échecs soit qui
ont fait illusion mais qui sont retombés comme des soufflets.
Si l’on
regarde de gauche à droite parmi ceux qui vont solliciter nos suffrages avec
une chance de dépasser les 15%, on va trouver Melenchon. C’est sans doute le
meilleur facies, intelligent, cultivé, excellent
orateur, ayant un bon sens de la répartie. Mais il s’est fourvoyé avec les communistes,
avec Tsipras et fustige l’Union Européenne après avoir voté Maastricht. Il
offre un grand terrain d’attaque à ses adversaires et le sentiment d’engager
une bataille personnelle contre Hollande. Son « faciès » est terni. Les
écologistes ont perdu avec Nicolas Hulot le seul « faciès », qui leur
permettait de cacher leurs querelles internes, et disparaissent du paysage. Hollande
est au fond du trou, la « normalité » a tué son autorité qui n’est
pas naturelle et qui ne trouve qu’un endroit pour s’exercer, celui de la guerre
où nos militaires le saluent comme leur chef (enfin de moins en moins). Sa
propension à ménager la chèvre et le chou, l’esprit de synthèse, lui a fait
oublier l’esprit d’analyse des évènements géopolitiques et la démocratie qui
devrait d’ailleurs le pousser à démissionner tant le rejet est fort en cette
fin de mandat.
On
voit émerger un ovni, un Macron proposé par Attali et les médias avec
Bruxelles, Berlin et Rothschild en toile de fond sans s’être jamais confronté
au suffrage des électeurs. Le « faciès » d’un jeune ambitieux a de
quoi plaire à ceux qui cherchent une nouvelle tête, mais son bilan de ministre
est maigre et les autocars risquent de l’emmener loin de l’Elysée. Il lui reste
à choisir entre la gauche et la droite mais il est parti du mauvais côté.
Premier Ministre ? Pas impossible dans un gouvernement de la « pensée
unique ». Pour Bayrou, la prochaine est toujours la bonne… depuis si
longtemps. Le duel à LR est circonscrit pour l’instant à Juppé et à Sarkozy. Juppé
reste dans une rigidité qui ne déclenche pas la sympathie naturelle, il se
force. Du coup vouloir entraîner un mouvement d’empathie et camper dans un
personnage sérieux mais distant, est une gageure. Il a la faveur actuelle d’une
bonne partie des français mais dans une rude bataille politique ses échecs
précédents comme Premier Ministre, sa condamnation judiciaire et son âge ouvriront
un large front d’attaque à ses adversaires.
L’ancien
Président Sarkozy traîne un nombre considérable de casseroles qui l’amène
régulièrement devant la justice. Le nombre finit par laisser une impression
très défavorable même si le cœur du parti LR reste mobilisé et peut le porter à
supplanter Juppé dans la primaire. Son « faciès » est devenu très
contrasté entre une image d‘hyperactivité, de réactivité et celle un peu plus schizophrène.
Son passé de Président n’est un atout que dans la mesure où le présent de Hollande
est pire. Sa propension à soulever les foules est largement émoussée tant son
image « bling-bling » et ses incartades verbales l’éloignent du
peuple. Fillon garde une image de soumis à Sarkozy qui lui colle à la peau même
s’il en est devenu l’adversaire. Il a pour lui d’avoir été adoubé, comme Juppé,
par le groupe Bilderberg de la ploutocratie mondiale. Le Maire se veut le
premier de la classe, le successeur à Juppé, mais sa propension à trop mettre
en avant sa relative jeunesse et son passage dans les ministères de Sarkozy, ne
lui permettent pas encore de se montrer comme ayant dépassé son maître Sarkozy
ni son rival Juppé.
Les
autres candidats LR sont là pour représenter des courants et non pour gagner la
Présidentielle. C’est le cas aussi des courants souverainistes qui ont pour eux
de représenter une véritable alternative mais dont la dispersion et les
querelles internes ne permettent pas d’en faire aujourd’hui un réel groupe
porteur du changement. Parmi eux trois personnalités émergent : François
Asselineau, Philippe De Villiers, Nicolas Dupont-Aignan. Le premier donne une
image de Monsieur « je sais tout » qui passe mal et est le plus visé
par les médias qui le repoussent. Malgré tout, sa vision, sa culture historique
donne une consistance à ses interventions au-dessus de la plupart des
candidats. Dupont-Aignan a un « faciès » de personnage actif mais
dont la vision n’est pas aussi panoramique et moins tranchée. Il a une tendance
à ne pas aller à l’essentiel et au
traitement des causes. Certaines de ses interventions ont parfois un aspect
infantile. Néanmoins il progresse dans les sondages et est actuellement en phase de récupération des LR déçus
et des épouvantés par le FN. De Villiers n’est pour l’instant que l’homme de l’ombre
mais celui qui, à chaque intervention médiatique, marque l’empreinte de son « faciès »,
devenu moins guindé et plus accessible avec son humour qui fait mouche et sa
grande vision géopolitique. Nous réserve-t-il une surprise en octobre ?
Le
premier parti de France, même si son implantation dans les élus est encore
faible, est personnifié par Marine Le Pen, même si Marion Maréchal attend son
heure et est prête à lâcher sa tante. Le « faciès » de Marine est encore
trop copié-collé sur son père, même si les deux sont devenus adversaires. Bonne
débatteuse, en progrès dans le discours et les phrases qui portent, sa féminité
ne s’exprime pas pour l’aider et la finesse n’est pas son fort. Par contre elle
montre une pugnacité qui lui vaut des sympathies fortes et des refus sans
retour. Son retrait, voire son indécision devant certains problèmes, nuit à sa
crédibilité de fonceuse. En deux mots elle n’a pas encore un « faciès »
qui efface celui de son père, ce qui est un handicap pour capter les voix du
grand large.
Il
convient de parler du volet « promesses » sensé représenté le
programme des candidats. La situation est claire, il y a trois camps, la « pensée
unique », la « souveraineté », et les « mi- chèvre mi- chou ».
La « pensée unique » représente le camp le plus nombreux et le mieux
placé aujourd’hui pour remporter la Présidentielle et le « faciès » y
jouera un rôle plus important que le programme. L’enjeu est de mettre un nom
sur le Président car les « promesses » recouvrent une pauvreté des
programmes qui restent la copie conforme des vingt dernières années à gauche et
à droite, du parti socialiste au parti républicain. En dehors d’un déni
prononcé de la démocratie, la conformité à l’engagement dans l’UE, dans l’euro
et dans l’OTAN, trace son engagement derrière la ploutocratie mondiale où s’abreuvent
les technocrates bruxellois et les politiques européens, français
particulièrement. L’acceptation de l’hégémonie étasunienne et allemande régit
non seulement sa politique étrangère, militaire, monétaire et économique, mais
aussi de l’immigration heureuse dans un multiculturalisme béat. La gauche et la
droite « pensée unique » se battent dans le même champ clos.
Dans
le camp de la « souveraineté », le FN tient la place essentielle et
coince une frange souverainiste entre elle et LR. Le refus de présenter un seul
front souverainiste fait le bonheur de la pensée unique. Si le Front de Gauche
a choisi le camp mi- chèvre mi- chou, le Front, gauche-droite souverainiste, n’existe
pas et se laisse stigmatiser de populisme sans en tirer parti bien qu’il
représente probablement les idées majoritaires du pays. C’est tout le paradoxe
de cette élection où ce camp ne trouve pas un leader capable de rassembler
au-delà des 35 à 40% tout en collant parfaitement au désir de changement d’un
peuple enfumé depuis vingt ans et désenchanté par l'Union Européenne. Le peuple souffre de
se voir imposer l’immigration massive et la guerre derrière les USA dont les
retombées menacent sa sécurité, et un euro-mark qui ne vise pas à l’amélioration
de son bonheur mais à l’enrichissement des banquiers et des multinationales. L’antidote
au chômage qui perdure, à l’insécurité, au déni de démocratie et à la perte de
souveraineté, reste encore en cale sèche… il reste 8 mois pour lui faire
prendre la mer.
Comme ce ne sont pas toujours les
meilleurs
Qui remportent la médaille d’Or
Dans les jeux olympiques,
La Présidentielle risque
D’accoucher encore
Du plus mauvais !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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