Le chômage et le nucléaire font la
une des journaux en concurrence avec l’arrestation des terroristes dont on nous
parle dans les moindres détails alors que seuls leurs révélations présentent un
intérêt, le reste étant l’affaire de la Justice. Le nucléaire s’est remis dans
l’actualité après les pas en avant et en arrière sur le sujet et le trou de 37
milliards chez EDF. Entre Ségolène Royal qui augmente de dix ans la durée de
vie des centrales et François Hollande qui veut arrêter Fessenheim en 2018, l’incohérence
règne.
Cette incohérence est préjudiciable à
cette filière où la France a tenu une première place pendant longtemps. A force
de querelles d’hommes entre EDF et Areva, à force de pressions politiques sur
la sûreté nucléaire, à force de dénigrements politiques sur cette filière, et
sans doute d’erreurs de gestion, la filière française a perdu son aura et son
savoir-faire. Nous sommes concurrencés par la Chine et les États-Unis entre
autres, menacés de ne plus vendre de réacteurs et d’être dépassés par les
réacteurs russes de quatrième génération, sur lesquels nous avions vingt ans d’avance
avec SuperPhénix, arrêté pour raison politique par Lionel Jospin. Les réacteurs
EPR, comme Flamanville, sont à la pointe de la sécurité, dite « sûreté »
en termes nucléaires, mais plus en tête de la recherche. Nos querelles intestines
ont donné des chantiers mal gérés en Finlande et à Flamanville entraînant des
surcoûts et des délais supplémentaires inacceptables. Ceci étant dit, il s’agit de deux têtes
de série et il faut savoir que la rentabilité de la filière ne se fait qu’avec
la construction des suivants. Les économistes qui parlent de folie des
ingénieurs n’ont évidemment pas la notion de ce qu’est un prototype. Toutes
proportions gardées, le coût d’une innovation technologique se paie aussi bien
dans le nucléaire que dans l’automobile. Sur deux voitures prototypes l’industrie
automobile investit beaucoup d’argent, et ne va récupérer que sur la série qui
va suivre.
Cela va déjà beaucoup mieux avec les
deux réacteurs de Taishan, en Chine, sur lesquels travaillent EDF, Areva, et un
opérateur local, le Chinois China Guangdong Nuclear Power Holding Corp (CGNPC).
La construction n'a débuté qu'en 2008, pour un rendu prévu fin 2013. La
"deadline" a bien été repoussée, à deux reprises, au printemps 2014, puis à juin
2015 pour la première unité, septembre pour la seconde. Mais ils seront
terminés cette année avant Flamanville avec des coûts et des délais moindres. L’État
s’est rendu coupable d’engager EDF dans les Énergies Renouvelables pour
lesquels nous sommes partis très en retard sur ce marché dominé par le Danemark
et la Chine. Les industries allemandes ont déjà pris du recul malgré l’abandon
du nucléaire en Allemagne. Nous ne pourrons prendre que de petites parts du
marché et ce créneau n’est pas rentable sans aide de l’État, lequel ne s’est
pas privé pendant de nombreuses années de ponctionner sur les bénéfices d’EDF
pendant les vaches grasses. Ce sont les incohérences de la politique
énergétique française qui génèrent cette situation de quasi-faillite de l’EDF,
industrie majeure aux capitaux essentiellement d’État. Cette situation est
exploitée politiquement pour en remettre une couche sur l’arrêt du nucléaire et
le soutien aux EnR sans aucune raison scientifique ni même économique.
Alors
que notre pays est le plus
nucléarisé du monde par habitant, alors qu’aucun accident majeur n’a
endeuillé
ou nui gravement à l’homme et à l’environnement, les mouvements
écologiques ne
cessent de vouloir en finir avec cette énergie. Ils sapent ainsi toute
tentative de persuasion ou d’éducation de la population en perturbant
toute
réunion publique, j’ai pu en être témoin. Ils finissent par introduire
une
psychose qui n’a aucun fondement mais qui joue sur la peur devant un
phénomène
physique, la radioactivité, laquelle a le malheur de n’être révélée que
par les
instruments de mesure. La petitesse de son unité Becquerel, le choc
d’une
particule par seconde, porte deux inconvénients majeurs exploités au
maximum, l’importance
du nombre de Bq dès que l’on fait une mesure même dans un environnement
dit « normal »,
dans une maison bretonne en pierres par exemple, et le terme « choc »
qui porte une valeur traumatisante. L’écologisme excelle dans le
maniement de
la peur. Ne parlons même pas du Sievert, grosse unité de dose, et des
Rad, Rem, Gray, qui fleurissent dans certains articles mais qui
n'évoquent rien pour la majorité des gens. Comme le public non informé
n’a aucune notion de la relativité des
choses, il est à priori traumatisé par un danger inconnu, non visible,
et facilement trompé par la grandeur des nombres attribués aux mesures.
L’excellente
émission d’ARTE sur l’après Tchernobyl a montré que les dégâts humains
d’une catastrophe
nucléaire tenaient beaucoup plus aux séquelles de l’angoisse et de
l’anxiété qu’à
la radioactivité elle-même, par ce qu’elles suggèrent dans les esprits.
Nous sommes là devant une
désinformation caractérisée dont les effets sont finalement très nuisibles. On
ne s’attarde guère dans les médias sur le fait que des habitants des zones
interdites, tant autour de Tchernobyl, qu’autour de Fukushima, ont refusé de
partir et y vivent depuis sans que l’on puisse mettre en évidence une mortalité
particulière ou des fréquences de maladie plus élevées que dans les autres
zones contaminées ou non. Les vétérinaires y font les mêmes constats sur les
mammifères domestiques. Pour les ukrainiens ou les biélorusses, cela dure
depuis trente ans. Ce simple constat montre que le maniement de la peur à
priori ne sert que des intentions politiques ou simplement la mobilisation d’énergies
humaines pour militer pour une cause que l’on fait croire comme indispensable à
la survie de l’humanité. Chacun sait que tout individu, soumis en permanence à
l’angoisse, au stress et à l’anxiété, est une cible pour de nombreuses maladies
dont le cancer est un des mieux connus. L’éducation de la population rendrait
les individus moins perméables à cette distillation de la peur. Devant la
puissance des détracteurs, il appartient à l’État d’être leader dans la
communication, mais il est surtout complice. Dans un cycle de conférences dont
j’étais un des acteurs, j’avais l’habitude de dire : « Si vous soulez
que je vous fasse peur avec la radioactivité et l’énergie nucléaire, il me faut
cinq minutes, si vous voulez que je vous rassure, j’ai besoin d’une heure et demi ».
Dans une dernière partie sur la
désinformation, je vous ferai part d’un exemple concret de désinformation que
nous venons de vivre dans les médias à la suite de l’anniversaire des 30 ans
après Tchernobyl. Aujourd’hui nous sommes dans une entreprise de destruction
systématique de l’opinion sur le nucléaire, qui fut l’un des joyaux de l’industrie
de pointe française, et les conséquences économiques se font déjà sentir.
Pendant ce temps, les russes, les chinois, les indiens, les iraniens, les
britanniques et même les japonais continueront l’aventure sans nous.
La désinformation, le refus d’information,
Et les empêchements d’en débattre
Sont les deux plus grands ennemis
D’une véritable démocratie !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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