Deux
publications récentes montrent l’ampleur de la désinformation à laquelle est
soumis la population qui lit les journaux « mainstream » ou qui
regarde la télé de 20h. Il s’agit de la communication des chiffres du chômage
de mars 2016 et la commémoration de l’accident de Tchernobyl. Dans les deux cas
on retrouve la même propension à nous faire prendre des vessies pour des
lanternes : le chômage est en baisse et le danger de la radioactivité n’a
pas quitté le sol de notre pays depuis Tchernobyl. Autrement dit Hollande réussit « l’inversion
de la courbe du chômage » et a raison de (re)demander l’arrêt de
Fessenheim, prévu avant 2017… pour 2018, ce qui concernera son successeur.
Le chômage est en baisse de 60.000 demandeurs d’emploi dans la
catégorie A soit -1,7% et les
commentaires vont déjà bon train pour dire que François Hollande va réaliser
son pari pour 2017. Par contre lorsque les chiffres sont mauvais, on vous dit qu’il faut
relativiser et que, l’hirondelle ne faisant pas le beau temps, il faut regarder
les chiffres sur plusieurs mois avant de conclure. Regardons donc les chiffres
du chômage publiés par DARES :
On s’aperçoit
vite que le meilleur chiffre de baisse est celui de la catégorie A des demandeurs sans
emploi, objet de la communication gouvernementale et sur laquelle se joue à tort le
pari. On nous fait croire que la situation du plein emploi s’améliore du fait
de la diminution des demandeurs d’emploi dans cette catégorie, c’est une
interprétation mensongère. En effet on constate un glissement de la catégorie A
(remplie par les ruptures des contrats en CDI) vers les catégories B et C, des
demandeurs d’emploi à activité réduite, ce qui n’est justement pas bon signe.
Or on voit que ces deux catégories ont augmenté respectivement de 2,0% et 3,2%.
Autrement dit il y a de moins en moins de travailleurs en CDI et donc proportionnellement
moins de demandeurs d’emplois dans cette catégorie A. On peut même constater
que l’augmentation est plus forte en catégorie C qu’en catégorie B, ce qui peut
être aussi un glissement de B vers C. La précarité de l’emploi s’installe tout
simplement. C’est donc l’ensemble des catégories A, B, C qu’il faut regarder. Alors
ce n’est plus 60.000 demandeurs en moins mais seulement 8.700. Si l’on prend l’ensemble
des catégories on tombe à 7.600 soit
-0,1%. Il n’y a déjà pas de quoi
pavoiser.
Le
constat sur 3 mois est encore moins bon. Ce n’est plus que 50.000 chômeurs en moins en catégorie A soit -1,4% mais +3% sur l’ensemble
des catégories A, B, C avec le même phénomène de glissement de la catégorie A
vers B et encore plus vers C. Sur l’ensemble
des catégories la diminution n’est plus que 26.000 demandeurs soit -0,4%. Ajoutons que 322.400 demandeurs d’emploi ont disparu des listes pour cause de radiation, défaut d’actualisation ou
autres, et non pour cause de reprise d’emploi, stage, maladie, maternité. La
durée moyenne à Pôle emploi avant de retrouver un travail est de 304 jours mais
elle a augmenté de 3 jours depuis janvier et de 20 jours en un an. Sur 1 an c’est
près de 200.000 demandeurs d’emploi
en plus sur l’ensemble des catégories et le glissement vers les catégories à
activité réduite est aussi évident avec une augmentation de 10% dans la
catégorie C. On observe aussi une augmentation très forte de 12,2% de la
catégories E des mises en formation.
En
conclusion la diminution forte en mars 2016 ne montre pas à l’analyse une évolution
positive de l’emploi. Les contrats à temps plein se raréfient au profit de
contrats à temps partiel. Ces derniers poussent à s’inscrire à Pôle emploi. On
peut prévoir que la statistique à venir sur le taux d’emploi ne sera pas bonne.
L’augmentation des chômeurs en formation ne peut déboucher sur une situation
pérenne que si l’économie va beaucoup mieux. L’embellie provisoire, qui n’est
pas générale dans le monde, a été mieux mise à profit en moyenne par les autres
pays de l’UE. Voilà donc une belle démonstration de la manipulation de l’opinion
et non une information réaliste. Ce genre de procédé se retourne toujours
contre les désinformateurs, mais cela a deux conséquences. La première c’est
que le temps passe et que les auteurs ne sont plus aux commandes quand les yeux
du peuple s’ouvrent. La seconde c’est que le crédit des hommes politiques ne
cesse de décroître dans l’opinion.
La
deuxième information sur l’après Tchernobyl par les médias fera l’objet du
prochain article.
Non seulement les chiffres peuvent être
manipulés
Mais leur interprétation l’est presque
toujours
Par des politiciens qui finalement
Creusent la tombe de la…
Démocratie !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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