Le 24 octobre 2007, le
Parlement européen a voté une résolution établissant que l’énergie nucléaire
« est indispensable pour couvrir les
besoins énergétiques de l’Union Européenne à moyen terme ». Le
Parlement européen rappelait :
- « le rôle de la fission nucléaire dans la sécurité de l’approvisionnement »,
- que « l’Europe est notamment leader des technologies de l’énergie de fission nucléaire »,
- « l’importance de la plateforme technologique pour une énergie nucléaire durable, lancée en septembre 2007, dans l’établissement d’un agenda stratégique européen de recherche sur la fission nucléaire ». Elle invitait également à « développer, les réacteurs nucléaires de nouvelle génération ».
Le 11 mars 2011 a eu lieu au
Japon la catastrophe de Fukushima,
accident industriel majeur, à la suite du séisme et du tsunami de 2011 de la
côte Pacifique du Tōhoku. En ouverture de la première conférence environnementale en septembre
2012, François Hollande, tournant le dos à la résolution du Parlement européen
sur la nécessité du nucléaire, annonçait que la centrale de Fessenheim
(Haut-Rhin) fermerait "à la fin de
l'année 2016". C’était l’une de ses 60 promesses de campagne qui
comportait l’objectif de ramener le nucléaire à 50% de la production totale
grâce aux énergies renouvelables EnR.
Concomitamment Angela Merkel
annonçait le retrait du nucléaire en Allemagne et une politique tournée vers
les EnR. En France le 2 mars 2015, alors que les doutes sur cette fermeture
s'intensifiaient, le Président a réaffirmé cet engagement évoquant "l'horizon de la fin du quinquennat".
"Cela reste vrai", a assuré
François Hollande, lors d'une visite du Premier Ministre québécois. Pourtant plus
de 7 mois plus tard, le 26 octobre 2015, Jean-Bernard Lévy, le patron d’EDF
annonçait la relance du nucléaire par EDF avec la perspective de lancement de
30 à 50 réacteurs nucléaires d’ici 2050. Que se passe-t-il alors que l’énergie
nucléaire est diabolisée en exacerbant les peurs naturelles de la population et
en soulignant exagérément sa dangerosité, parfois par idéologie, souvent par
méconnaissance ? Car enfin EDF est une entreprise sous le joug de l’État. Serait-ce
les lois de la physique qui auraient illuminé le cerveau de nos politiques ?
Pourtant politiquement le choix des EnR semblait payant. Une partie de la
population a tendance à diviniser les EnR, à magnifier leurs vertus et à leur
accorder des capacités qu’elles ne possèdent pas. Le potentiel théorique de
production des EnR, notamment celui du vent et du soleil, est considérable mais
c’est une énergie « diluée ». Il faut de gigantesques moyens
(éoliennes et panneaux photovoltaïques par exemple) pour en récupérer une
infime partie.
Alors que le Président prépare fébrilement COP21 pour
décembre, il y a là un revirement apparemment inexplicable. Réfléchissons. La France
est aux abois pour respecter ses engagements envers Bruxelles, le budget 2016
est bricolé et tient essentiellement aux largesses en liquidités que la BCE de
Mario Draghi va déverser jusqu’en 2017. Cela est espéré maintenir notre
économie à flot mais nous faisons globalement moins bien que la moyenne des
pays européens et la machine à austérité s’essouffle car la pente est de plus
en plus pénible à gravir sans perdre des voix électorales. Et si c’était
finalement les raisons économiques qui l’emportaient sur l’idéologie de l’écologisme
à tout crin ? Le Royaume-Uni relance le nucléaire et la transition
énergétique se passe de plus en plus mal sur le plan économique en Allemagne,
pays leader dans les EnR avec le Danemark.
Fin 2013 les consommateurs allemands avaient
déjà payé 109 milliards d'euros pour les EnR depuis 2000, et les augmentations
n’ont pas cessé depuis. Entre 2000 et 2013, le prix réel de l'électricité
domestique a augmenté de 80%. Le cabinet McKinsey montre que les prix de
l'électricité domestique en Allemagne ont augmenté de 48% par rapport à la
moyenne européenne. Dans le même temps, les prix énergétiques européens ont
augmenté de 40% entre 2005 et 2013, contrairement à ceux des États-Unis qui ont
baissé. Rien que pour le
solaire, l'Allemagne s'est engagée à payer des subventions de plus de 100
milliards d'euros sur les 20 prochaines années, bien que le solaire ne
constitue actuellement que 0,7% de la consommation primaire en énergie. Cela
a-t-il diminué les émissions de CO2 ? L'Allemagne a augmenté ses émissions
de CO2 depuis sa sortie du nucléaire entamée en 2011, et cela, malgré les
subventions incroyables consacrées aux EnR. Pire, selon les recherches
effectuées par quelques-uns des plus éminents économistes de la planète,
incluant trois Prix Nobel, pour le Copenhagen Consensus Center, les
subventionnements actuels des EnR sont si peu bénéfiques que sur chaque euro
dépensé en subvention, 97% est gaspillé.
Quand on racle les fonds de tiroir et que l’on crie que l’on
n’augmente pas les taxes et les impôts, cela fait réfléchir non ? Le
patron d’EDF, qui se bat pour essayer d’exister dans le marché des EnR qui ne
survit que par les subventions, a sans doute profité de son arrivée pour mettre
les chiffres sur la table. Par ailleurs, notre nucléaire, malmené par les
orientations gouvernementales, décrié, ridiculisé par les retards de
Flamanville alors que les chinois vont mettre en service leur réacteur de même
type avant nous tout en l’ayant commencé après nous, demande que notre
supériorité dans ce domaine redore son blason. Le marché britannique de deux
réacteurs français n’est obtenu qu’en laissant la construction aux chinois !
La relance de notre nucléaire s’adjoint un allongement de la durée de vie des
centrales existantes qui passe de 40 à 60 ans, comme aux États-Unis. C’est un
tournant à 180° qui renie la promesse faite aux écologistes avant la Conférence
COP21 chargée de pousser la cote de François Hollande dans l’esprit des
français !
Reconnaître son erreur
est une preuve d’intelligence
Sauf que gouverner c’est
prévoir !
Mais y-a-il toujours un…
Pilote dans l’avion ?
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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