Après les déclarations de
nombreux politiques et de membres du gouvernement, l’arrivée massive des « réfugiés »
a été assimilée à un « appel d’air ». Le caractère léger de cette
définition d’un mouvement humanitaire, qui entraîne des drames et des morts
humaines, la rend proprement indécente. Elle n’est que le reflet du peu de cas
que cette affaire suscite en haut lieu tant que la population ne manifeste pas.
L’arrivée en France ne sera que massivement progressive au fur et à mesure que
les pays européens feront sentir aux arrivants leur trop-plein. Les français ne
verront pas arriver des milliers de migrants en une seule journée, ils les
digèreront lentement mais sûrement qu’ils le veuillent ou non. Pour les
politiques, ce n’est en effet qu’un appel d’air qui n’appelle aucune autre
préoccupation que locale et au fil du temps. L’important reste les élections
régionales et présidentielles qui débouchent sur les législatives. Ces
évènements à venir sont autrement importants, l’air de rien. Ils sont
conscients qu’un violent appel d’air peut les éloigner du pouvoir législatif ou
exécutif, eux pour qui cela représente la seule bouée de sauvetage ou le
couronnement d’une carrière passée dans les bras de l’Administration.
Cet appel d’Air France a
pourtant fait parler de lui avec un évènement médiatisé de molestations de
cadres supérieurs de cette entreprise. « Ces évènements sont inadmissibles
et doivent être condamnés » dit Valls. « L’image de la France est
écornée » dit Hollande. Ces deux-là ne manquent pas d’air. Le premier,
Valls, semble avoir oublié l’une des raisons des difficultés d’Air France, et
même la première à savoir la concurrence des compagnies low-cost. Quelle est la
première mesure qu’a prise Ryanair ? Mettre son siège social en Irlande pour
bénéficier d’impôts sur les sociétés beaucoup plus faibles. Qui définit les
impôts sur les sociétés ? Celui qui gère la France, Valls. Pourquoi l’Irlande
peut-elle le faire et pas nous ? Parce que l’Irlande a consenti à revoter
la Constitution européenne à condition de pouvoir maintenir cette exception
européenne. Le second, Hollande, semble avoir oublié qu’il est l’auteur du plus
bel affront que peut faire un pays à un autre en matière économique, c’est de
signer un contrat et de ne pas l’honorer. Un tel acte discrédite une
entreprise, il en est de même d’un Etat qui est censé être le représentant dont
la crédibilité se répand de plus sur toutes les entreprises du pays.
Donc avant d’accuser des
salariés, devenus violents parce qu’on leur ôte leur emploi, ces deux chefs de
notre pays feraient mieux de faire d’abord leur autocritique et avouer qu’ils
ne savent pas juguler le chômage, que notre croissance est trop faible et n’est
même pas à la hauteur de la moyenne européenne, et que notre dette continue à
augmenter. Par ailleurs ils devraient comprendre que licencier 2.900 salariés
dont 1.300 au sol est un acte porteur de désespoir. Ces derniers avaient d’ailleurs
réalisé les gains de productivité qui leur avaient été assignées. Lorsque l’on
balance un tel plan de diminution du personnel, on peut s’attendre à des
réactions vives qui dépassent celles des syndicats. L’exfiltration du PDG dès
le début de la réunion montre que celui-ci savait ce qui pouvait se passer. La
colère ne pouvait alors s’adresser qu’aux responsables qui se trouvaient piégés
dont évidemment le DRH.
Comme pour Louis XVI fuyant
jusqu’à Varennes pour finir au bout d’une pique, la colère populaire est
révolutionnaire et violente. Sa seule excuse est l’exaspération et un sentiment
d’injustice. Si les pilotes ont refusé d’aller plus loin que 13% de gain de
productivité, ce n’était pas le cas du personnel au sol. Il avait rempli son
contrat et il se voit remercié par des suppressions drastiques d’emploi. Air France
ne peut soutenir la concurrence, mais c’est la faute de qui ? Dans l’ordre
c’est l’Etat, ensuite les gestionnaires et enfin du personnel qui n’a que la
grève pour se faire entendre. Remarquons d’ailleurs que les agriculteurs
utilisent fréquemment des moyens violents pour se faire entendre et pas
seulement les bonnets rouges. Lorsque dans un pays l’exaspération monte, elle
peut mener le pays à une fronde généralisée et pas sur l’air des lampions. C‘est
d’ailleurs sans doute ce qui peut lui arriver de mieux.
Le peuple
se rend compte qu’il n’a plus aucune influence sur son destin par les voix
démocratiques ou pseudo-démocratiques. Les élus, de plus en plus, ne
représentent qu’eux-mêmes et les hommes du pouvoir exécutif captent le pouvoir
législatif pour donner notre pays au monde de l’économie mondiale que gèrent la
Haute-Finance et quelques centaines de lobbies. Les fameuses « loi
Macron » démantèlent les tribunaux Prudhommaux et envisagent de s’attaquer
au Code du Travail. On peut craindre qu’il s’agisse plutôt de diminuer les
possibilités de recours du salarié plutôt que d’une véritable simplification. Il
est contradictoire de prétendre vouloir un « dialogue social apaisé »
et de tout faire pour démanteler les institutions et les règles qui permettent
à ce dialogue social d’exister. Le social-libéralisme ne faillit pas au talon d’Achille
du capitalisme qui peut donner lieu à un transfert de l’argent de bas en haut dans
une prospérité qui augmente les inégalités comme l’indicateur Gini le met en
lumière depuis la fin du XXème siècle. Philippe De Villiers appelle à la
dissidence, c’est tout ce qui reste à un peuple bafoué, cocufié et exploité par
ses gouvernants, l’UE et les puissances de l’argent. La « Révolution des casseroles »
des Islandais montre que le peuple peut faire sa révolution pacifique mais
radicale car l’Air de France est de plus en plus vicié.
L’entrée dans une économie libérale contient le mot « liberté »,
Liberté d’entreprendre, liberté de posséder et de partager.
Lorsqu’elle signifie exploitation, spoliation, pauvreté,
Restriction des libertés, enfumage et soumission
Elle se nomme l’esclavage des peuples !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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