Quand je dis seuls cela
contient néanmoins la garde rapprochée européenne France-Royaume-Uni. L’Allemagne
manœuvre désormais pour juguler le flux migratoire avec la Turquie sans se
préoccuper des conséquences de ce rapprochement pour l’ensemble des peuples européens.
La France fait pourtant de son mieux pour se faire entendre en clamant à contretemps
la nécessaire éviction de Bachar el Assad. Il devient en effet évident que
Poutine lance une intervention éclair, prend la peine de ne pas exposer son
armée de terre et réussit à former des alliances impensables il y a un mois.
Après le ralliement de la Chine, matérialisé par sa présence en Méditerranée, et
la présence de l’Iran qui s’apprête à combattre auprès de l’armée légale
syrienne, l’engagement coordonné de la Jordanie des actions militaires, et ce à
Amman, est un signe très fort de la désagrégation de l’influence américaine sur
les pays arabes. Par ailleurs l’Arabie Saoudite se prête au dialogue avec la
Russie, le pétrole n’est sans doute pas étranger à ces discussions. Ce pays
mène une guerre des prix qui handicape la Russie mais fait encore plus mal aux
USA avec leur gaz de schiste qui devient trop cher à moins de 50$ le baril.
Un autre pays qui jouait double jeu avec
les USA, c’est la Turquie. Erdogan est pris à son propre piège et ses intérêts
ne peuvent se comprendre sans l’aspect du transit du futur gazoduc sur son
territoire, projet juteux et engagé. Néanmoins son appartenance à l’OTAN et son
problème avec les Kurdes rendent indésirables les actions russes qui
affaiblissent les forces de l’ISIS que combattent les kurdes. Un incident
provoqué à la frontière turco-syrienne avec l’aviation russe serait la
bienvenue pour mettre Poutine dans l’embarras. Ce dernier joue très fin avec ce
pays et l’on voit combien la diplomatie russe surclasse celle calamiteuse,
magouilleuse et finalement honteuse des USA. Même Israël, mobilisé par la
révolte palestinienne, est obligé d’admettre que la Russie est maître du jeu et
ne peut oublier la grande masse de juifs russes installés chez lui. Poutine a
tracé les lignes rouges aux actions israéliennes mais Israël reste le bras armé
(ou la tête pensante) des États-Unis. Néanmoins la Russie est en train d’apparaître
la nation qui peut garantir un règlement du conflit qui assurerait aussi la
sécurité d’Israël vis-à-vis de la Syrie reconstituée en tout ou partie.
La stratégie et la
diplomatie russes ont l’énorme avantage d’être énoncées clairement et elles s’expriment
sur trois axes principaux. C’est d’abord le maintien d’un pays syrien stable et
allié à la Russie avec une implantation militaire renforcée de celle-ci à
Tartous et Lattaquié. C’est ensuite le démantèlement du terrorisme islamique
qui mettra un frein à l’action américaine de déstabilisation des anciennes
républiques islamiques de l’URSS pour y mettre des dirigeants pro-américain et
insuffler des terroristes en Russie. La guerre de Tchétchénie a laissé des
traces chez les russes. C’est enfin la nouvelle présence russe dans les
relations stratégiques, économiques et pétrolières avec le Moyen-Orient.
S’il s’agit là de
motivations purement russes, il faut y ajouter le grand bouleversement mondial que
constitue un monde multipolaire déjà symbolisé par les BRICS. Tous ces pays et
d’autres qui s’y joignent progressivement sont en train de se coordonner sur le
plan économique, monétaire, financier et militaire. Le dollar est remis en
cause comme monnaie de réserve, une nouvelle banque commune va concurrencer la
banque mondiale et de grands projets d’investissement en Asie en découlent. La
puissance militaire russo-chinoise vient se hisser au niveau des USA. D’ailleurs
les russes ont pris une avance impressionnante dans la guerre électronique. De
véritables zones d’exclusion de tout engin aérien non autorisé, sous peine d’une
électronique de bord rendue inopérante, sont créées en Syrie de l’aveu même du
général américain Phillip Breedlove commandant l’OTAN. Les 26 missiles tirés
depuis la Mer Caspienne, dont la portée était évaluée à 300km, ont franchi
1.500km en traversant l’Iran et l’Irak à faible altitude pour atteindre les
cibles prévues. Du coup les USA retirent leur flotte du Golfe Persique dont le
porte-avions Roosevelt, 26ème Président des USA… le message codé a
été reçu.
La donne est complètement changée. Tous
les intervenants dans le conflit Syrie-Irak sont obligés d’abattre leurs cartes
et la duplicité de la Turquie et des occidentaux apparaît au grand jour.
Poutine les humilie militairement et diplomatiquement par une intervention qui
va s’avérer décisive sous réserve que des troupes puissent assurer le contrôle
des zones libérées. Son intervention 2015 à Sotchi devant la réunion annuelle du club Valdaï se nourrit
de nos contradictions. Il rappelle que nous sommes intervenus au Kosovo sur
demande du gouvernement légal et que nous sommes malvenus de lui reprocher de
faire de même en Syrie. La France est sans aucun doute le pays qui se couvre le
plus d’opprobre et ne sait plus comment il doit se sortir d’un isolement
diplomatique qui tourne au fiasco. La Russie est de retour et c’est elle qui
apparaît, jusqu’à nouvel ordre, avoir les habits les plus propres. A l’approche
des élections présidentielles, les USA entrent de plus dans une zone de
faiblesse décisionnelle. Elle se trouve déjà obligée de rameuter ses vassaux
pour continuer à maintenir un semblant d’ordre en Afghanistan en y renvoyant
des troupes.
Extrait
du discours de Poutine lors de son discours au club international Valdaï le 24
octobre 2014 :
« Dans une situation où
vous aviez la domination d’un pays et de ses alliés, ou plutôt de ses
satellites, la recherche de solutions globales s’est souvent transformée en une
tentative d’imposer ses propres recettes universelles. Les ambitions de ce
groupe sont devenues si grandes qu’ils ont commencé à présenter les politiques
qu’ils concoctaient dans leurs corridors du pouvoir comme le point de vue de
l’ensemble de la communauté internationale. Mais ce n’est pas le cas. La
notion même de « souveraineté nationale » est devenue une valeur relative pour
la plupart des pays. En essence, ce qui était proposé était cette formule :
plus la loyauté de tel ou tel régime en place envers le seul centre de pouvoir
dans le monde est grande, plus grande sera sa légitimité. »
Le chaos voulu et généralisé
saute désormais au nez de ses auteurs dans une évolution de moins en moins
maîtrisable. Il reste l’Europe qui cherche toujours l’aile protectrice de l’OTAN
et la manne économique des lobbies qui arrose d’argent et de présents tous les
députés et commissaires européens. Le TAFTA va lui passer le dernier licou. Les
banquiers et le cartel des grandes entreprises vont s’implanter un peu plus
dans nos pays pour extorquer au moindre prix le labeur des peuples, et les
militaires pourront rallumer la peur de la guerre pour montrer leur utilité. Le
monde multipolaire des BRICS ne sera peut-être pas finalement meilleur mais il
ne peut être pire que celui que celui où nous englue le Nouvel Ordre Mondial
auquel nos politiques font allégeance. Le souci carriériste, beaucoup plus que
du bien commun, de politiciens de métier, pantins finalement de la grande
Cabale, les discrédite jour après jour. Un souffle nouveau ne peut que faire
mieux respirer le monde.
La Russie ne sauvera peut-être pas le monde mais elle peut le délivrer
D’une emprise hégémonique sur un grand nombre de peuples
Qui date de la fin de la Première Guerre Mondiale
Soit tout prêt d’un siècle d’esclavage !
Après la chute du mur de Berlin
Brisons le mur de la peur !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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