Le double-jeu des occidentaux
a fini par menacer l’existence même de la Syrie et de son Président Bachar el
Assad. A force de faire semblant de combattre Daesh tant que celui-ci menaçait
les forces syriennes légalistes, l’objectif réel des occidentaux était sur le
point d’être atteint, à savoir la mainmise sur toute la Syrie. En même temps
Daesh a largement débordé du cadre qui était prévu et son influence a explosé
dans le monde musulman lui permettant de rallier de nombreux groupes
djihadistes et d’être présent bien au-delà de son territoire irako-syrien, de
la Libye à l’Afghanistan. Daesh devient désormais une menace pour tous les pays
non musulmans alors que son combat était au départ un combat religieux de
prééminence dans l’oumma. L’intervention des occidentaux fait évoluer cet Etat
Islamique vers une guerre de religion à vocation mondiale.
Les européens en prennent
conscience depuis les menaces proférées contre eux par l’EI et par l’afflux de
réfugiés qu’ils continuent à dénoncer. Ils plaident que c’est le fait de Bachar
el Assad alors qu’il est désormais évident que, comme en Syrie, nous en sommes
à l’origine et que c’est notre complaisance envers tout ce qui pouvait nuire à
Bachar el Assad qui a alimenté cet afflux. Nous avons suivi aveuglément la
stratégie américaine du chaos en se donnant bonne conscience avec l’accusation
d’utilisation d’armes chimiques, pourtant détruites par Bachar el Assad, sous
contrôle international d’ailleurs. De plus l’enquête onusienne, non publiée
officiellement mais connue, a conclu que cette utilisation avait été faite par
les forces anti-Assad. Pour faire bon poids on a ajouté les massacres d’Assad
et la lutte pour la démocratie dans le monde alors que la Syrie était l’un des
pays les plus démocratiques du monde musulman du Moyen-Orient. Désormais la France
se dit en état de légitime défense et incite tout le monde à détruire Daesh,
dont les russes, oubliant qu’elle n’a que peu affaibli celui-ci et a été de
connivence avec les USA qui ont permis son éclosion et aidé à sa survie.
La menace de chute d’Assad
et de l’implantation menaçante de Daesh ont poussé Poutine à intervenir après s’être
assuré que le calme revenait en Ukraine. Prenant acte du double-jeu occidental,
Poutine lance ses forces armées au secours d’Assad pour combattre l’ensemble
des forces anti-Assad dont Daesh. Il obtient un tonnerre d’applaudissements
dans son intervention à l’ONU et devient l’homme incontournable de ce conflit.
Tout change alors. Cette fois les frappes aériennes sont et vont être
parfaitement ciblées pour désorganiser les forces anti-Assad, toutes même
celles soutenues par les occidentaux. La France se trouve diplomatiquement
isolée dans son discours anti-Assad, l’urgence n’est plus là. La Russie se
prévaut d’une demande d’intervention du gouvernement légal syrien. La Chine
arrive avec son porte-avion et 1.000 fusiliers, l’Irak chiite accueille les
avions russes au nez et à la barbe des américains, les iraniens font un front
de coalition et sont en Syrie.
Ce n’est pas le nez de
Cléopâtre qui va changer la face du monde mais l’arrivée fracassante de la
Russie sur la scène internationale. Lorsque la Russie, la Chine et l’Iran font
front commun, avec des objectifs totalement différents de ceux des occidentaux,
tout peut arriver. Cette coalition veut lutter contre toutes les forces
terroristes mais en s’appuyant sur Assad, les occidentaux ne veulent que
contenir l’Etat Islamique tout en aidant les autres forces anti-Assad dont Al
Qaida et mettre la main sur la Syrie. C’est donc à une opposition frontale à
laquelle nous assistons et cette fois le leadership est russe et non américain.
Il est symptomatique de constater que les gouvernements turcs et irakiens
prennent leur distance. Israël, débouté de son désir d’en découdre avec l’Iran
par les USA, ne veut pas être absent de son terrain de jeu et projette de
combattre sur le territoire syrien en plus de son intervention aérienne avec
ses propres objectifs d’expansion. Il risque de compliquer la résolution du
problème de la Syrie et de l’Irak.
Nous sommes donc devant un
grand bouleversement dans les rapports de force et les USA sont atteints au
plus profond de leur stratégie. Obama en fin de parcours présidentiel peut
difficilement mobiliser le peuple américain et le Congrès pour déclencher une
guerre de blocs sans se servir d’un incident réel ou non, mais suffisamment
important et crédible, l’affrontement militaire. Mais reculer devant la Russie
serait l’aveu du déclin de la puissance américaine et de son hégémonie. Nous
revivons sous une autre forme l’affaire des fusées de Cuba, mais cette fois la
Russie ne pliera pas. Son engagement est total et la Chine, harcelée par les
USA sur son pourtour maritime, entend bien remettre en cause l’hégémonie
américaine. Les BRICS, la création d’un fonds commun d’investissement, la
création d’une Banque concurrente de la Banque mondiale, le rapatriement de l’or,
le désengagement des obligations américaines, sont autant de signes que l’équilibre
du monde est en train de changer. Poutine a clairement exprimé à l’ONU son
choix d’un monde multipolaire.
Ces changements se passent rarement sans
dégénérer en conflits armés. Les USA restent la première puissance militaire du
monde et nous y sommes liés par l’OTAN. Obama n’est que le pion politique d’un
complexe militaro-industriel pour lequel la guerre est toujours une source de
profit auquel le monde de la Haute-Finance s’associe. Les médias et les
politiques sont soit aveugles soit nous cachent l’ampleur des évènements en
cours. C’est déjà le monde qui est présent sur le théâtre conflictuel
irako-syrien et même du Moyen-Orient. En effet la guerre du pétrole s’y joue
aussi entre le gaz de schiste américain et le pétrole saoudien. Le Moyen-Orient
est devenu une poudrière. Seule une victoire rapide de la coalition
syro-russo-chino-irako-iranienne peut éviter que les tensions arrivent à leur
paroxysme et provoquent la guerre générale. Mais de toute façon la face du
monde vient de changer et la France, le nez dans le guidon, recommence comme en
1939, elle est à côté de la plaque et de l’histoire du monde.
La France, pour avoir cru que son avenir était de l’autre côté de l’Atlantique,
Ne prendra que bien après les autres le train de l’Eurasie de demain,
Mais à force de passer son tour, elle y entrera…
En guenilles et en mendiante !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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