Je ne peux que me réjouir
de voir de nombreux articles sur la souveraineté ainsi que des prises de
position de politiques allant jusqu’à l’utilisation
du mot comme dans le cas du Front National. D’ailleurs la guerre cornélienne
qui y fait rage laisse présager un changement de nom du parti… pourquoi pas
Front souverainiste ! Ce n’est qu’une supposition qui poserait bien des
problèmes aux souverainistes de la première heure, mais sait-on jamais. La
souveraineté n’est pas l’apanage de la Révolution Française. La France de la
Royauté a défendu la notion de souveraineté et le roi était le souverain du
royaume. Cette souveraineté s’exerçait sur un territoire dont les frontières
étaient portées sur une carte. Petit à petit, après des avancées et des reculs
de superficie, la France s’est constituée vraiment avec Philippe Auguste qui a
stoppé l’expansion anglaise. Il est important de voir qu’il n’y a pas de souveraineté
sans territoire, donc sans frontières, et que c’est la conquête ou la défense
de son territoire qui est le moteur d’une nation et qui en fait un État
souverain. C’est ce qu’ont bien compris les salafistes intégristes avec la création
d’un État islamique qui peut imposer ses lois sur le territoire conquis.
La notion de souveraineté est donc aussi
vieille que la France et on peut parler du principe de souveraineté nationale avec
un souverain et des sujets mais on ne peut pas parler de démocratie à cette
époque. Seul un nombre restreint d’individus parlaient au nom de tous les
autres sans que ceux-ci puissent le contester sans avoir affaire à la justice. Il
peut cependant y avoir une démocratie sur un territoire souverain comme nous l’ont
montré les Grecs. Ils ont servi d’exemple aux principes gagnés par la
Révolution français à savoir un État d’un peuple souverain géré « par le peuple, pour le peuple ». Il
s’agit donc bien d’une souveraineté populaire qui défend une souveraineté
nationale et l’un est indissociable de l’autre. Cet État ne peut admettre d’ingérence
étrangère car le peuple n’y est plus souverain par définition. La souveraineté
permet de se défendre aussi bien de l’extérieur, contre l’ingérence comme
contre l’Espagne au moment des guerres de religions, contre l’envahisseur prussien
ou allemand, que contre ceux qui s’opposent entre eux à l’intérieur. La Nation souveraine
ainsi constituée protège de la « guerre
de tous contre tous » pour reprendre la formule de Thomas Hobbes qui
pensait que « l’homme peut être un
loup pour un autre homme ».
Reprendre la parole au
peuple ou refuser de la lui donner est crime contre les fondements de la
République et contre la démocratie. Il peut y avoir de la souveraineté sans
démocratie mais l’inverse n’est pas possible. Mais dans notre République les
deux sont indissociables sur un territoire dont les frontières bordent notre
Nation et lui confèrent son identité. Or le peuple constate actuellement que la
maîtrise de son destin lui échappe et qu’on le fait entrer dans un monde de
tyrannie et de barbarie. La tyrannie c’est les décisions, de moins en moins
démocratiques prises par Bruxelles, comme les ressentent nos agriculteurs et
comme nous l’avons vu se dérouler en Grèce. Ce peuple grec est condamné à une austérité
plus sévère qu’il a démocratiquement refusée et ses banques ont été
volontairement détruites. Ce n’est plus 82
ou 86 milliards qu’il faut mais déjà près de 100 milliards selon le FMI et
aujourd’hui sans doute 20 de plus tant les créances douteuses s’accumulent.
Mais c’est aussi la barbarie
qui s’installe avec des ingérences militaires dans des pays totalement ou
partiellement détruits comme la Libye et la Syrie, ingérences diplomatiques et
de services secrets pour fomenter des guerres civiles comme en Ukraine sous
prétexte de défense de la démocratie. La liberté d’agir était dix fois plus
grande en Libye que dans tous les États de la péninsule arabique. La liberté de
s’instruire, de pratiquer sa religion, de commercer, de se réunir y était aussi
bien plus grande en Syrie. Seule la maîtrise des communications des forces
alliées par les Russes a fait reculer Obama et évité que nous soyons
officiellement engagés même si officieusement nous y participons. La guerre est
soutenue par la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis qui jouent des double
et triple jeux. Nous sommes devenus des barbares sans foi ni loi qui se permettent
de régir le monde selon leurs propres critères, dont la démocratie qui a bon
dos. D’ailleurs qui dit que ce régime est adapté au développement de tous les
pays. Etions-nous prêts à la démocratie sous Louis XIV alors que la France
était au faîte de son prestige ?
Comme l’apprenti sorcier
nous découvrons avec horreur que des enfants meurent et on nous dit qu’il a fallu
une photo pour que nous nous en apercevions. Non il a fallu une photo pour que
l’effondrement de la solidarité européenne se produise, une photo pour que le
nuage de poudre aux yeux se dissipe. Cette photo ne nous apprend rien sur l’horreur
de la guerre mais elle met en évidence l’horreur de notre comportement où nos
actions sont toutes guidées par nos intérêts propres ou le suivisme des
Etats-Unis et non pour les nobles raisons de démocratie, de défense de nos
ressortissants. Elles ont détruit un Etat libyen en pleine progression
économique, le vide de ses habitants et en fait une plaie béante d’où s’écoule
le sang de toute une partie de l’Afrique où nous intervenons. La même
transhumance affecte la Syrie, l’Irak et nous récoltons un ennemi de l’intérieur
qui n’est pas la cause de notre intervention mais le résultat de notre barbarie
guerrière.
Que derrière tout cela se
cache une géostratégie américaine de destruction des identités des nations et
de construction du fédéralisme européen, ne nous dédouane pas de notre
culpabilité. Ce n’est pas dans les salons de Bruxelles mais dans ses geôles que
nos dirigeants devraient être jetés. On demande désormais aux peuples de faire
preuve de charité, de solidarité alors qu’ils sont les auteurs de cette fuite
de réfugiés. Nous n’aurions pas d’attentats fomentés par Daesh si nous n’étions
pas en train de le bombarder. Nous n’aurions pas autant de candidat au
djihadisme si la perspective d’une guerre religieuse n’était une motivation
pour ceux qui nous voient combattre en territoire musulman. N’oublions pas que l’État islamique mène d’abord une guerre intra-musulmane de prédominance d’un
califat, ce qui n’est pas notre affaire. Nous les combattons, ils nous combattent.
N’inversons pas l’ordre des choses.
En
même temps que notre État s’affaiblit, que le peuple tombe dans un malaise
identitaire et désespère de ne pas pouvoir encore agir sur son destin, la
tyrannie européenne, germanique, étasunienne, et la barbarie occidentale et
celle du fanatisme religieux s’installent. C’est la rançon de notre perte de
souveraineté et de notre recul démocratique associé qu’on le veuille ou non.
Accueillir les réfugiés est un acte humanitaire mais non seulement il ne résout
pas le problème migratoire mais il l’aggrave en augmentant notre pouvoir d’attraction.
Les passeurs qui jettent les migrants à la mer au large des côtes libyennes, migrants
sauvés désormais plus facilement par les bateaux européens, récupèrent leurs
embarcations, et reprennent d’autres migrants à jeter à la mer en leur disant
qu’ils seront récupérés. Nous alimentons le trafic. Il en est de même en mer Égée. La résolution à moyen terme ne se trouve que dans l’arrêt par les États-Unis de leur stratégie de pourrissement identitaire de l’Europe, et l’arrêt
de notre suivisme suicidaire !
La seule véritable défense contre la tyrannie et la barbarie
Est dans l’affirmation de notre souveraineté
Et de notre démocratie !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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