L’Europe est soudain prise d’une schizophrénie
migratoire qui met en lumière l’imprévision de ses élites politiques et la
montée d’un nationalisme égocentrique qui défient l’idée d’une Union Européenne
solidaire et responsable dès qu’un problème grave se produit. Cela fait suite à
l’état de faillite de la Grèce où ce pays s’est retrouvé sous le joug des « institutions »,
nouveau mot pour éviter de garder celui de « troïka » qui avait été l’objet
de la colère grecque. Le peuple grec a pu constater que son expression
démocratique était ignorée comme une fin de non-recevoir comme le vote des
français pour la Constitution Européenne. Les peuples de l’UE peuvent ainsi mesurer
que l’Europe fédérale, que préparent banquiers et lobbies sous l’impulsion
américaine, ne peut être que technocratique, anti-démocratique et sous le joug
allemand. L’immigration de masse, qui prend une ampleur soudaine, fait suite à
la chute de Palmyre en Syrie. Cet évènement majeur aurait dû éveiller des
réactions politiques qui dépassent le regret de la destruction de trésors
archéologiques. Devant les décapitations médiatisées à dessein le peuple syrien
a été pris d’une peur panique en comprenant que toutes les bonnes paroles d’Obama
n’étaient que du vent. C’est pourtant bien pire, ce sont des mensonges éhontés
de déstabilisation voulue de toute une région du Moyen-Orient.
Aujourd’hui,
comme pour la Grèce, l’Allemagne est au premier rang dans l’action sur la
gestion du flux migratoire. Elle se garde bien de proposer son aide militaire
au Moyen-Orient et laisse ce rôle à la France qui va obtempérer en allant faire
des frappes aériennes en Syrie, frappes qui ne changeront rien comme en Irak,
mais qui donneront encore plus de force au recrutement des djihadistes dans
notre pays et à l’opprobre jetée sur notre pays dans tout le monde musulman.
Mais l’Allemagne reste pratique et Angela sait que son pays est le siège d’une
crise démographique grave qui assombrit son avenir. Il va manquer 1,8 millions
de travailleurs en 2020 et 4 millions en 2040 selon les études démographiques
si rien ne change. Elle a pris une décision politique, courageuse devant une
opinion publique réservée mais une décision pragmatique, celle d’accueillir
800.000 migrants, réfugiés, clandestins. J’emploie ces trois appellations pour
montrer toute la différence d’approche entre la France et l’Allemagne. La
première, la France, se perd en péroraisons sur le bon terme à employer et en
appels à l’humanité de ses citoyens, l’autre, l’Allemagne, met en place le
recensement des qualifications des nouveaux arrivants et de toutes les
conditions nécessaires à leur intégration rapide et leur accès à l’emploi, dont
des centres d’apprentissage.
Nous sommes
dans l’émotion, l’Allemagne dans l’action. Angela Merkel sait que l’image, pour
moi indécente, de l’enfant mort à Bodrum, émeut les populations, dont le peuple
allemand, mais que c’est son action de leader européen qui fera bouger les responsables
politiques des autres pays. D’ailleurs Hollande, qui était opposé aux quotas, s’y
rallie finalement comme toujours. Cette politique des quotas est en soi un
désaveu de la construction européenne, puisqu’il montre l’incapacité des chefs d’État à trouver un accord où chacun apporterait ses possibilités d’accueil
pour finalement arriver au nombre nécessaire. Il n’a pas échappé à Angela
Merkel que les émigrés syriens, irakiens et libanais étaient issus pour la
plupart des classes moyennes et aisées donc qualifiées et pouvant rapidement
remplir un emploi. Elle va s’employer à les capter ou à les faire accepter dans
des pays européens de sa zone d’influence. Nous risquons de ne récupérer que
des libyens, des maliens, des ivoiriens, etc. dont l’intégration sera beaucoup
plus difficile.
Cette méthode des quotas ne tient d’ailleurs pas compte des desiderata
des réfugiés dont on sait qu’ils veulent aller pour la plupart en Allemagne ou
au Royaume-Uni. On peut constater ceci à Calais où les propositions d’asile en France
sont presque toujours refusées par ceux qui tentent le passage de la Manche
alors qu’ils vivent dans des conditions humainement très dures. Par ailleurs l’imposition
de quotas par l’UE est encore un dépouillement de plus de la souveraineté des
états. Le constat est que l’unanimité des États sera difficile à obtenir et on
peut le comprendre. La Hongrie est prête à laisser partir ses réfugiés mais
encore faut-il que l’Autriche les accueille, laquelle le fait si l’Allemagne les
prend. On est en plein délitement de l’idée européenne et on se rapproche à
grands pas d’un éclatement de l’UE.
Le
rappel de la réalité des frontières que l’on a voulu supprimer est remis en
lumière et le dernier sondage sur la sortie de l’UE par le Royaume-Uni vient de
recueillir la majorité des opinions britanniques. L’opinion française a clairement
compris que l’immigration espagnole, portugaise, italienne, polonaise d’autrefois
et même bulgare, roumaine et ukrainienne d’aujourd’hui, n’avait pas le même
impact que celle des musulmans du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Elle a
mesuré le risque d’un choc de civilisation dans notre pays puisque l’assimilation
de celle-ci s’avère refusée en grand nombre par ses jeunes qui se radicalisent de
plus en plus. Le problème religieux ne peut être ignoré et il est
volontairement occulté par les deux partis de gouvernement actuels. Elle a
compris que la guerre au Moyen-Orient était d’abord un problème intra-religieux
de prédominance de califat avant tout, problème que nous envenimons en y
faisant la guerre et qui alimente notre djihadisme intérieur. Ceci explique aussi
pourquoi les pays du Golfe comme l’Arabie Saoudite et le Qatar ne veulent pas
participer à l’accueil des réfugiés alors qu’ils ont la richesse nécessaire
pour mener non seulement la guerre en Irak, au Yémen mais aussi pour financer
des révolutions dans de nombreux pays ou l’implantation de l’islam sunnite en France.
Observez le silence des « autorités » musulmanes françaises sur
l’émigration syrienne.
L’UE
va se déchirer pour un problème qui n’était pas le sien.
Elle
récolte son incapacité à avoir une
politique extérieure
Capable
de prendre en charge les intérêts européens
Dès
qu’ils sont différents des intérêts américains.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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