Comme le référendum
qui a fini dans les oubliettes, l’ONU ne serait-il plus que ce « machin »
dont parlait De Gaulle ? Les interventions des pays occidentaux dans le
monde sont de plus en plus des ingérences faisant fi du gouvernement légal du
pays concerné et de l’autorisation d’intervenir donnée par l’ONU. Le premier
exemple a été la Libye où les conditions d’intervention accordées par l’ONU ont
été largement dépassées avec entre autres l’intervention secrète au sol ayant
conduit à l’assassinat de Kadhafi. Mais nous continuons au Mali où nous restons
alors que le relais doit être pris par une force d’intervention africaine sous
contrôle de l’ONU. Nous continuons en Irak et en Syrie sans se préoccuper d’une
quelconque autorisation onusienne. La Russie, qui s’était tenue à l’écart
depuis l’Afghanistan, intervient désormais officiellement en Syrie, ce qui est
beaucoup plus clair qu’une aide officieuse. Remarquons qu’elle arrive avec l’accord
du gouvernement légal !
Ceci n’était pas le cas de notre
intervention en Libye et ne l’est pas en Syrie. La présence américaine en Irak
n’est pas plus justifiée puisqu’elle a empêché la majorité sunnite de prendre
le pouvoir, et l’a confié aux chiites, sous contrôle d’ailleurs, comme de façon
similaire nous l’avons fait nous-mêmes au Mali. On voit que l’interventionnisme,
l’ingérence néocoloniale est devenue une pratique usuelle qui ne s’embarrasse
plus des règles de conduite internationales… du moment que les États-Unis n’y
mettent pas le holà. De la même façon la politique intérieure et la politique
étrangère font collusion et ce sont les règles de conduite du temps de guerre
qui perfusent dans la politique intérieure. Après le 11 septembre aux USA, c’est
le Patriot Act qui a introduit des
lois liberticides sous prétexte de défense globale à l’intérieur et à l’extérieur.
La même chose se produit en France depuis les évènements de janvier.
La décision prise par François Hollande de
mener des frappes en Syrie contre des djihadistes présumés montre une nouvelle
fois l’actualité de la citation attribuée au Général Clausewitz. Traquer et
identifier les terroristes potentiels sur le territoire français par une
surveillance renforcée d’Internet, liquider purement et simplement ceux opérant
sur le territoire syrien et le tout au mépris des principes du droit national
ou international sont les deux faces d’une même politique que n’aurait pas
reniée George W. Bush. Créatrice d’instabilité géopolitique et de chaos
intérieur, elle alimente la menace même qu’elle prétend combattre comme le montrent
les exemples Irakien, Libyen et Syrien.
Le terrorisme est en grande
partie une réaction, directe ou indirecte, à l’ingérence occidentale.
Totalement contre-productif, l’interventionnisme impérialiste n’en est pas
moins pratiqué avec un zèle qui ne se dément pas. François Hollande va pourtant
lancer des missions aériennes de renseignement en Syrie pour préparer des
éliminations ciblées et éradiquer les groupes terroristes qui menaceraient
directement la France. Autrement dit, tuer des djihadistes français partis
combattre en Syrie avant qu’ils ne reviennent en France planifier des
attentats. La multiplication à prévoir des attentats sur le sol français, avec
la présence inéluctable de djihadistes parmi les réfugiés, ne manquera pas de
justifier a posteriori les mesures liberticides prises pour
combattre le risque terroriste.
Les Américains, en justification
des frappes partout dans le monde avec ou sans l’aval des pays concernés,
plaide le droit naturel de légitime
défense (garanti par l’article 51 de la charte des Nations Unies). David
Cameron fait de même ainsi que François Hollande qui évoque le droit de
légitime défense en évoquant une guerre totale. L’ennemi de l’intérieur doit
être combattu aussi à l’extérieur, même si nous faisons tout ce qu’il faut pour
que cet ennemi soit de plus en plus motivé. Ceci conduit ainsi à une inversion
du droit pénal en créant un régime d’exception. Les lois antiterroristes votées
sous la présidence Hollande ont déjà sapé certains principes dont celui selon
lequel il n’y a pas de sanction sans fait punissable.
Selon Nicolas Bourgoin,
démographe et chercheur, la loi sur le terrorisme de novembre dernier, la loi
sur la géolocalisation de mars 2014 et la loi de programmation militaire de
décembre 2013, n’est que le point d’orgue d’un processus qui a débuté il y a
une dizaine d’années : le basculement progressif du droit pénal dans un régime
préventif. Cette nouvelle doctrine de sécurité est sans doute la plus terrifiante
arme de destruction massive des libertés publiques jamais inventée. Les
individus dont le comportement donne des indices de dangerosité, même ténus,
doivent être identifiés, voire neutralisés par précaution. La matérialité des faits
reprochés devient secondaire par rapport à la supposée menace dont ils sont
porteurs.
Droit d’ingérence sous prétexte de légitime
dense ou de démocratie et lois liberticides sont non seulement le signe de l’inefficacité
de l’ONU mais la marche en avant de la stratégie globale des USA poussée par la
Haute Finance et son complexe militaro-industriel. On mesure combien le symbole
agité de la démocratie pour les autres est celui que l’on confisque à l’intérieur.
Il n’y a plus de démocratie sans liberté et celle-ci est restreinte de jour en
jour. L’état de guerre annoncé par Manuel Valls permet toutes les atteintes à
la liberté jusqu’à celles de circuler (tout déplacement en Turquie, en Libye,
au Liban, en Jordanie, etc. est suspect), de s’exprimer même en privé puisque
la vie privée peut être soumise à investigation, contrôle et inculpation par
une police administrative qui ne réfère à la justice que pour information. La présomption
de culpabilité suffit.
Pendant que nous alimentons
la guerre et ses conséquences sur nos libertés, que fait l’ONU dans ce drame
humanitaire voulu poussant des populations sur les routes et les mers ?
Deux pays sont les lances à incendie humanitaire, la Libye et la Turquie. Que lit-on
sur son implication ? RIEN. On devrait voir cet organisme se préoccuper d’y
mettre fin. La Libye n’est plus gouvernée, il convient que l’ONU y envoie une
force internationale. La Turquie est complice. Elle alimente le flux de
réfugiés en offrant une base arrière au djihadisme pour lutter contre le régime
syrien et fait semblant de combattre l’EI pour pouvoir lutter contre les Kurdes.
A quoi l’ONU sert-il s’il n’intervient pas pour arrêter une transhumance en
direction de l’Europe qui vide ces pays du Moyen-Orient et de l’Afrique pour
des raisons inavouables ?
La réponse est malheureusement connue par la Russie et la Chine,
Les occidentaux font semblant de ne pas savoir.
Ils dénaturent les nations européennes,
Ils tuent leurs démocraties pour…
Livrer l’Europe… aux USA
Pieds et mains liés !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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