Visiblement le chômage suit
une trajectoire montante avec une croissance bloquée depuis 2012 à des valeurs
qui sont en-dessous du 1,5% (2,0% en 2010, 2,1% en 2011, 0,2% en 2012, 0,7% en
2013, 0,2% en 2014, 1,2% ramené à 1,0% en 2015). Cette valeur est considérée
comme celle au-dessus de laquelle on peut espérer une baisse du chômage vers
des valeurs considérées comme le plein emploi, soit vers 4%. Il n’est donc pas
étonnant que le nombre de demandeurs d’emplois augmente, nombre d’ailleurs très
inférieur au nombre de personnes en âge de travailler et sans emploi, puisque
la croissance est inférieure à 1% sur l’ensemble des deux années 2013-2014. C’est
nettement insuffisant. Remarquons d’ailleurs que la cassure de croissance du
PIB s’est produite dès le troisième trimestre 2011 donc sous le gouvernement
Fillon-Sarkozy.
En 2013-2014 on assiste à
une légère augmentation de la consommation par rapport à 2012 mais à une
augmentation des stocks, une diminution des investissements et à une contribution
plus faible du commerce extérieur. Si l’augmentation des stocks est momentanément
un élément positif de croissance du PIB, ce n’est pas un indicateur de santé
économique. Sans lui, la croissance serait ramenée à 0,5% en 2013 et 0% en
2014. Le plus préoccupant est la diminution des investissements qui handicape l’avenir
même si ceci est motivé par une politique d’austérité. Tout bon manageur sait
que ce n’est que lorsque l’on a épuisé toutes les économies possibles sur les
dépenses de fonctionnement que l’on diminue les investissements. Pourquoi la
croissance est-elle faible, loin des 2% de 2010-2011 alors que nous
bénéficions d’une baisse significative de l’euro par rapport au dollar de l’ordre
de 1,35-1,40€/$ en 2011, 1,25€/$ en 2014 et à 1,12% aujourd’hui soit une baisse
de plus de 10% en 2014 et de plus de 20% aujourd’hui par rapport à 2011 ?
Pourquoi ne bénéficie-t-on pas de la baisse spectaculaire du pétrole de
plus de 40% ?
En ce qui concerne la
parité de l’euro avec le dollar, l’impact de la baisse de l’euro n’influence qu’environ
1/3 de nos exportations qui se font hors zone euro ou monnaies liées à l’euro.
On voit donc que c’est notre lien à l’euro qui paralyse notre économie alors que
des pays comme l’Espagne, le Portugal et l’Italie font plus ou moins une
dévaluation interne (baisse des charges et des salaires). Pour ce qui est de la
baisse des hydrocarbures ceci a moins d’impact en France qu’en Allemagne et
dans la plupart des pays européens. Par ailleurs le poids des taxes, de l’ordre
de 70% sur le gas-oil, rend peu sensible la baisse des prix à la pompe. Enfin les
sanctions contre la Russie et les mesures prises par celle-ci en rétorsion ont
affaibli nos exportations en particulier dans le secteur agricole.
Le résultat se traduit dans
le chômage mais d’une façon corrélée par le nombre de défaillances d’entreprises.
Selon une étude d’ALTARES, le nombre de défaillances d’entreprises a augmenté
de 7,6% entre le premier trimestre 2014 et le premier trimestre 2015. Ce sont
particulièrement les très petites entreprises de 1 à 2 salariés qui sont
touchées avec une augmentation de près de 50% sur un an. Hors les entreprises
de 200 salariés et plus, et 50 à 99, toutes les catégories d’entreprises sont
touchées par cette aggravation (26,4% dans les PME de 20 à 49 salariés). Assez
logiquement les défaillances sont plus nombreuses dans les entreprises
anciennes que dans les plus récentes de moins de 3 ans. En effet les créations
d’entreprises se font de préférence dans les secteurs porteurs d’activité.
Dans une économie mondiale
qui bat de l’aile, en particulier dans les pays émergents comme le Brésil ou
comme la Chine qui se relance en pratiquant la dévaluation et l’investissement,
il y a peu d’espoir que la loi « Micron ! » fasse des
merveilles. Ce ne sont pas les autocars qui vont suffire à relancer la
croissance en France. La réécriture du Code du Travail doit être laborieuse,
synthétique tout en étant complète. Ce travail d’Hercule n’est pas prêt d’aboutir
alors que les syndicats feront tout pour savonner la planche. De plus son
impact sur l’activité et l’embauche des entreprises ne sera pas immédiat et n’empêchera
pas que les marchés doivent être porteurs. Or ils se rétrécissent plutôt et la
concurrence sera d’autant plus rude en faveur des pays qui auront la souplesse
de leur monnaie pour s’ajuster. Quand le bâtiment va tout va, dit-on. Grâce en
partie à Cécile Duflot on ne construira que 340.000 logements au lieu des
500.000 prévus.
L’agence de notation Moody’s
dans sa dernière note sur la France estime que « les contraintes
institutionnelles et politiques » empêchent toute réforme importante. La
dette souveraine de la France a donc été dégradée d’un cran par Moody’s. C’est
la troisième fois que l’événement se produit depuis 2012. Il s’agit bien d’une
sanction contre les choix économiques pris par le gouvernement français depuis
trois ans. Ceci n’empêche pas de nous dire que l’investissement va connaître un
vrai rebond. Croyez-vous qu’un entrepreneur prend le risque d’investir si le
marché n’est pas porteur même si on l’y pousse par des largesses de l’État ?
On prévoit néanmoins 1,5% de croissance pour 2016 mais Michel Sapin cherche
toujours des économies, en lorgnant vers les collectivités territoriales, pour
boucler le budget prévisionnel. Visiblement, les recettes ne sont pas bonnes
car il va falloir savoir nourrir le pays sans une croissance artificiellement
boostée mais par l’innovation et la recherche, c’est-à-dire avec une croissance
beaucoup plus faible en attendant un grand saut des technologies qui lui redonne
du souffle comme celui des grandes inventions des deux siècles passés.
Si la France est parée de
tels espoirs de réussite, pourquoi les immigrés se dirigent-ils vers l’Allemagne,
le Royaume-Uni et la Suède alors que nous offrons les meilleures conditions d’accueil
dans l’attente d’un emploi ? Parce que quand les voies d’eau envahissent
le navire, les rats cherchent à le quitter. Dommage pour les immigrés que le Royaume-Uni
veuille les « recalais » !
Pas de plein emploi sans une croissance suffisante
Dans une économie boostée par la dette.
Confondre le plein emploi du crédit
Avec celui des travailleurs
Conduit à notre perte !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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