Le Président Hollande déjà
en campagne électorale compte tirer le maximum de bénéfices de la conférence
sur le climat organisée à Paris en décembre. La France étant l’un des pays les
moins pollueurs en CO2 on pourrait penser qu’il est normal que le monde entier
se presse à Paris pour prendre en modèle le plan énergétique français si
performant. On aurait pu penser que ce pays aurait mis en avant les raisons qui
ont conduit à ces bons résultats, dus à l’énergie nucléaire qui économise des dizaines
de milliers de tonnes de charbon. Jugez plutôt.
Une centrale nucléaire de 1000
MW produit 8760 milliards de kWh (1000000*24*365). La puissance énergétique de
l’anthracite est de 9000kWh/T. La division de ces deux chiffres donne 973300
tonnes d’anthracite consommées par an. La Chine est le premier producteur de
charbon au monde. Mais celui aussi où les accidents, dont le fameux coup de
grisou, sont les plus fréquents. On estime dans le monde entre 10.000 et 15.000
le nombre de morts dans les accidents miniers. Mais le nombre de mineurs
mourant prématurément est largement plus élevé, le chiffre de 500.000 est jugé
probable. Donc le charbon tue beaucoup dès son extraction et les catastrophes
minières en France sont encore dans les mémoires.
Les mineurs ne sont pas les
seules victimes du charbon. Le public aussi. Car le charbon empoisonne l'air –
notre air. En brûlant il émet soufre, microparticules, cendres, métaux lourds
tels que mercure, arsenic, sélénium, plomb, et… radioactivité : une
centrale à charbon ou à fioul rejette dans l’environnement 10 à 100 fois plus
de radioactivité dans l'environnement qu’une centrale nucléaire de puissance
comparable ! (REVUE TRIMESTRIELLE DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE
L'ENERGIE ATOMIQUE – Energy for Tomorrow – vol42-2 - Juin 2000 - Page 45
). Une centrale à charbon de 1000 mégawatts électriques émet 500 tonnes de
métaux lourds toxiques dont 5 tonnes d’uranium et 13 tonnes de thorium par an (Le
nucléaire : Un choix raisonnable ? Hervé Nifenecker – page 159).
Mais les centrales au charbon sont aussi
émetteurs de monoxyde et dioxyde d’azote qui sont des polluants atmosphériques
nuisibles à la santé et à effet de serre. Citons aussi le dioxyde de soufre,
responsable des pluies acides, qu’il est dangereux d’inhaler, d’ingérer ou d’avoir
en contact de la peau et des muqueuses. Mais puisque le CO2 est responsable du
cataclysme climatique qui nous est promis, parlons-en pour les centrales
thermiques au charbon au nombre d’une dizaine en France. L’émission directe de
CO2 est donnée à 88gCO2eq/kWh (chiffre d’EDF). Pour une
centrale au charbon de 1000MW on trouve donc une émission annuelle de 770.000
tonnes de CO2. Donc l’objectif numéro un de COP21 devrait être de
diminuer la production de polluants et de CO2 par tous les pays dont l’Allemagne
qui a choisi la voie inverse et qui augmente sa production thermique, principalement
à base de lignite, pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables
(EnR). L’émission de CO2 par l’Allemagne était de 70% supérieure à celle de la France
sur la période 2011-2014 selon les chiffres de la Banque mondiale alors que
celle-ci affiche 25% de l’énergie électrique produite par les EnR.
C’est bien dans les pas de l’Allemagne
que va le plan énergétique français avec un arrêt progressif du nucléaire et
une compensation par les EnR… donc une augmentation incontournable de la
production thermique, de la pollution et du prix du kWh. Les responsables
politiques allemands commencent à s’émouvoir de la facture énergétique de l’aide
aux EnR qui serait de l’ordre de 28 milliards en 2015. D’autant plus qu’avec le
prix du kWh le plus élevé d’Europe avec le Danemark, qui a choisi aussi les
EnR, la compétitivité des entreprises allemandes est affectée (0,14 €/kWh en
2000 à plus de 0,29 €/kWh aujourd'hui). Certains économistes évaluent à 50
milliards le manque à gagner des entreprises. Promulgué par le gouvernement le mardi 18 août
dernier, le texte de loi de transition énergétique porté depuis plus d'un an
par Ségolène Royal, se veut l'instigateur d'un nouveau modèle énergétique
français basé sur le développement des énergies renouvelables, et le
renforcement des mesures d'efficacité énergétique. La France a donc choisi l’accroissement
de la production thermique, la pollution, l’accroissement du CO2 et l’énergie
plus chère pour se faire l’exemple… à ne pas suivre comme pays organisateur de
COP21 !
Mais la fête ne sera peut-être pas
aussi complète car le président Obama se dirige vers sa fin de mandat et il lui
appartient de mettre les démocrates en bonne position. Il prépare un show sur
le réchauffement climatique dans l’arctique mais plus sérieusement il a dévoilé
le lundi 3 août dernier ses nouveaux objectifs en matière de réduction des
émissions de CO2. Ce plan baptisé "Clean Power plan" prévoit
notamment un retrait progressif de la production au charbon et le développement
des énergies dé-carbonées, renouvelables et nucléaire. Si les EnR
figurent dans le plan pour montrer la bonne volonté des États-Unis, principal
pollueur avec la Chine, si les grandes étendues désertiques se prêtent plus
facilement aux EnR qu’en France, il débloque des milliards pour conserver les
centrales nucléaires actuelles et les deux en construction. Il va même plus
loin puisqu’il promet des aides à la construction de centrales nucléaires
nouvelles à hauteur de 6 Mds$ maximum. Il va fermer également des centrales… au
charbon. Ce plan est évidemment controversé par les républicains qui mettent
même en doute la réalité d’un changement climatique dû aux activités humaines
et le besoin des EnR. Nous avons bonne mine en France où nous bradons le
nucléaire.
Le pragmatisme
américain fera tâche d’huile
L’Allemagne sera
obligée de rétrograder
La Chine poursuit le
nucléaire
Et nous on rêve au
soleil
Gare au réveil !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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