François
Hollande a essentiellement tenu un discours électoral sans perspective
économique laissant espérer une diminution du chômage dont l’éventualité est
évidemment repoussée à 2016, voire 2017. Il a
préféré nous vanter le 1% de croissance de 2015 et le 1,5% de 2016. Le
1% de 2015 sera peut-être atteint tant le contexte extérieur des prix des
matières premières dont le pétrole, des taux bas d’emprunt, de la baisse de 15%
de l’euro par rapport au dollar, est exceptionnellement favorable. Cela
correspond en gros à une injection de 20 milliards d’euros dans l’économie
française et on peut même dire que le 1% de croissance espéré est désespérément
faible dans de telles conditions favorables. On peut aussi se rendre compte que
les 2 milliards de baisse de l’impôt sur les revenus pour les foyers imposables
de la tranche basse en 2016 ne produiront pratiquement rien de plus sur
l’économie française.
Par contre cela s’ajoute aux
16 milliards déjà prévus pour tenir la promesse de déficit budgétaire de 3,5%
en 2016 faite à Bruxelles. A ceci il faut ajouter toutes les dépenses
supplémentaires accordées en 2015 pour les agriculteurs, la sécurité intérieure
et l’augmentation de la puissance de notre intervention militaire en Syrie. Ces
dépenses supplémentaires seront financées par des économies budgétaires, dit le
Président, alors qu’elles sont moins que significatives depuis le début de son
quinquennat débuté sur l’air des 60.000 emplois supplémentaires dans l’Éducation nationale. Le principal poste de dépenses publiques est le paiement
des fonctionnaires et de leurs retraites. il y aura cette année 12 232
créations pour 3939 suppressions… La France compte 90 fonctionnaires pour
1000 habitants, l'Allemagne seulement 50.
Il n’est toujours pas
envisagé de réformer leurs statuts, ni leur temps de travail ni le « bonus
d’annuités » qui leur donne un avantage d’environ 5 années de taux plein
par rapport au privé. Pas plus d’économies ne sont prévues du côté des régimes
spéciaux. Le budget de la défense étant devenu intouchable par suite des
ambitions interventionnistes du Président, de même que celui de l’Éducation
nationale, les budgets les plus importants, sans compter celui du budget de
l’Intérieur, les économies sont mal parties. Il y a fort à parier que les
subventions aux collectivités territoriales seront dans le collimateur et que,
par manipulation du barème des impôts sur le revenu, ce sera les 10% des
contribuables, fournisseurs de 70% de cet impôt, qui paieront de nouveau pour
les 2 milliards de cadeau à 8 millions de contribuables…électeurs.
Le bilan de près de trois
ans et demi de présidence de Hollande est lourd d’imprévision et très mauvais
en termes de résultats. Si le virage de l’offre pris par François Hollande depuis
janvier 2014 avec le CICE, le pacte de responsabilité et la loi Macron, permet
d’améliorer le potentiel économique du pays, il reste à noter que ce même
potentiel n’a pas été atteint depuis 7 ans, en raison du gouffre qui
caractérise le niveau de « demande ». Il a commis une double
erreur économique. Après avoir assené une augmentation de la pression fiscale
au début de son quinquennat qui a plombé la demande, il a ouvert les vannes de
l’aide à l’offre alors que la demande n’existait plus. C’est comme si un
industriel décidait d’investir dans l’automatisation pour produire plus quand
ses commerciaux lui disent que la demande est en baisse. Le résultat c’est l’endettement
et le chômage.
Du coup les prévisions de
croissance du Président se conjuguent en : croissance du chômage, croissance de
l’appauvrissement de la France, croissance du copinage, croissance des
défaillances économiques, croissance de la désespérance pour ceux qui ne sont pas
dans son système....etc. 0.2% de croissance pour l’année 2012, 0.7% pour
l’année 2013, 0.2% pour l’année 2014, et une perspective de 1% pour cette année
2015, c'est un niveau d’activité économique qui a eu pour conséquence de voir le
nombre de chômeurs progresser de plus de 628 000 personnes depuis le mois
de mai 2012, en catégorie A. Ou de 1.173 millions toutes catégories confondues.
Dans le même temps, le niveau de dette publique est passé de 90 à 97.5% du PIB.
Pendant ce temps le nombre de personnes en-dessous du seuil de pauvreté
augmente, la social-démocratie a tout raté, le social et le libéralisme.
Rien ne peut venir
désormais changer la trajectoire de la France dans les derniers 18 mois du
quinquennat, les dés en sont jetés. Le faible rebond de la croissance
européenne s’est nourrie des facteurs favorables et de l’émission de liquidités
par la BCE mais le contexte économique mondial est défavorable. Les pays
émergents sont en baisse de croissance, c’est aussi le cas de la Chine qui ment
effrontément. Les 7,4% prévus, ramenés dernièrement à 7,3%, se résorberont en
4% au plus en 2015. Les États-Unis mentent de même sur le chômage honteusement
manipulé dans les chiffres officiels. Le nombre d’entreprises qui disparaissent
est toujours supérieur au nombre de celles qui naissent et le taux de
participation à la population active est au plus bas depuis octobre 1977. Les États-Unis ont atteint un autre nouveau record historique puisque 94,031
millions d’américains (âgées de 16 ans et plus) sont exclus de la population
active (américains sans travail et ne recherchant pas activement un emploi)… et
le chômage baisse pour atteindre 5,1%. On se fout du monde ! La croissance
est en hausse à 3,7% mais on craint que la Fed augmente les taux d’emprunt et
on parle d’un nouveau QE (planche à billets). C’est exactement l’inverse qu’il
faut faire quand tout va bien… sauf que cela ne va pas si bien que cela là-bas
non plus.
Mais en France ce n’est pas la Grèce, il nous reste l’humour
et il ne faut pas s’en priver :
“Nous payons des impôts pour rétribuer des fonctionnaires
chargés de veiller à ce que nous payions bien nos impôts,
afin de rétribuer d’autres fonctionnaires.“
Sacha Guitry
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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