De par notre appartenance à la zone euro
nous sommes devant un double problème, celui de l’existence même de la zone
euro et celui de la perte de notre économie. La zone euro est menacée par des
déséquilibres commerciaux entre les pays qui profitent des conditions créées
par l’euro et ceux qui en pâtissent, c’est-à-dire entre ceux qui ont des
créneaux de marché et des conditions économiques de productions compétitives et
les autres. Pour les chanceux cela implique une forte industrialisation, des
conditions fiscales et salariales favorables en dehors des qualités
indispensables de recherche, d’innovation et de management.
L’exemple
type des bénéficiaires est l’Allemagne et les perdants sont les pays de l’Europe
du sud. On constate sur le graphique que le déséquilibre n’existait pas avant
2000 mais qu’il est concomitant à la mise en circulation de l’euro. Le fait de
lier ces pays par une monnaie commune crée inéluctablement une distorsion qui s’aggrave
de plus en plus entre gagnants et perdants. Il arrive un moment où les
conséquences sociales et de niveau de vie des populations deviennent
insupportables et où les gagnants ont asséché l’économie des perdants. Le
risque est alors un éclatement de la zone euro. Les gagnants doivent alors impérativement
réorienter leurs échanges commerciaux vers des pays ayant une autre monnaie
sous peine d’asphyxie. Ce n’est pas facile mais c’est ce que l’on observe
actuellement avec l’Allemagne.
La comparaison
des époques d’avant et d’après 2000 montre qu’un système de monnaies distinctes
possédant des amortisseurs intrinsèques aux déséquilibres commerciaux entre
pays européens a été remplacé par un système de monnaie unique sans aucun
amortisseur pour ce qui est des échanges entre pays de l'Eurozone. C’est ce
problème vital que ne résout pas la proposition d’Arnaud Montebourg qui prône
une dévaluation pure et simple de l’euro. On n’échappe pas à un ajustement par
la monnaie quand le système ne s’équilibre pas de lui-même comme ce fut le cas avant
l’euro.
Il faut impérativement ajuster par la
monnaie soit par une monnaie commune mais non unique soit, à défaut, par une
monnaie nationale. La monnaie commune a existé sous forme d’écu avant l’euro, c’était
une monnaie d’échanges commerciaux et financiers. Les monnaies nationales
continuaient à exister mais leur valeur en écus était individualisée par pays
dans des limites maximales fixées auparavant et réajustables. Cela marchait
bien mais l’idée américaine d’une Europe unie en un grand marché commercial a
promu l’euro, l’écu est passé aux oubliettes.
On sait donc que la solution est
bonne et qu’elle génère un rééquilibrage si tant est que les corrections par la
monnaie soient bien ajustées à l’intérieur d’une nouvelle grande zone monétaire,
zone qui peut d’ailleurs être diverse avec une sous-zone conservant l’euro
actuel, monnaie unique d’un certain nombre de pays, et une autre avec des monnaies
nationales de pays ayant opté pour un ajustement fixé à un euro-écu de valeur
différente. On dispose d’un grand nombre de variantes possibles entre une zone
à deux euros fixes par exemple Nord et Sud Europe, et une zone euro-écu, sorte
de panier de monnaies, où l’écu (nom que
j’ai choisi par commodité) sert de monnaie nationale après réajustement des
parités des anciens euros entre les pays (un
euro espagnol ne serait pas échangé pour la même somme en écus qu’un euro français),
ou encore le retour à des monnaies nationales liées à l’euro-écu par des
parités fixes mais individualisées par pays qui servirait pour les échanges
internationaux.
Toutes les solutions doivent
impérativement permettre une individualisation par pays des parités entre
monnaies. Elles peuvent être mises en œuvre au sein d’une zone euro comme
monnaie d’échanges internationaux et les contours de cette zone peuvent évoluer.
Des pays hors zone euro pourraient y rentrer.
La différence entre une monnaie
commune et une monnaie nationale c’est que la première demande un consensus des
pays qui y adhèrent et qu’ils doivent ensemble faire évoluer éventuellement les
parités. Selon les économistes la monnaie commune présente plus d’avantage que
la monnaie nationale car elle a plus de force au niveau international. La
monnaie nationale est la solution ultime lorsque le consensus sur la monnaie
commune n’est pas possible.
Alors il reste une seule interrogation
à laquelle il faut répondre : « Pourquoi cela ne se fait-il pas ? »
L’UE et la zone euro ne sont malheureusement qu’une construction à but
économique en lien avec la puissance économique des USA. Elle sert
principalement les multinationales, les banquiers et les gros investisseurs
ainsi que la géopolitique américaine, c’est-à-dire en résumé l’UE pour la
prédominance économique, l’OTAN pour la prédominance militaire.
Le monde obscur de l’argent, le monde
de l’Ombre en tire le plus grand profit en appauvrissant la classe laborieuse.
Grecs, Portugais, Chypriotes, Espagnols, Italiens souffrent et même les
allemands. Les valets de cette ponction sont les politiques et les technocrates
à qui les puissants ont pris la précaution de donner du pouvoir ou (et) des
rentes de situation. L’euro actuel ne disparaîtra que pour une de ces trois
raisons :
- L’impact sur les prestations sociales et le niveau de vie est tel que les peuples s’entendent pour descendre dans la rue comme les Islandais pour mettre dehors les hommes politiques au pouvoir et les banquiers en prison.
- Les puissances de l’Ombre constatent que la poire à ponction de l’argent des peuples ne pompe plus rien
- Le système monétaire international s’effondre sous la pression de la Chine qui entasse de l’or plutôt que des dollars.
… sans oublier la guerre qui menace
toujours et que Marx n’avait pas complètement tort !
« L’argent est la puissance aliénée de l’Humanité. »
Marx, Troisième Manuscrit de 1844.
Marx, Troisième Manuscrit de 1844.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire