Après sa visite d’allégeance Outre-Atlantique, le Président va attaquer
un week-end beaucoup moins festif. Revenu avec des idées de relance à l’américaine
toutes tournées sur la machine économique donc les entreprises, il va devoir
répondre aux exigences budgétaires de Bruxelles et au nouveau financement du
Pacte de Responsabilité. C’est 50 milliards qu’il faut trouver, le maçon au pied
du mur, c’est maintenant !
Tout est encore flou, car on ne sait
pas sur combien de temps il faut trouver la somme. Il y a fort à parier que le chœur
des pleureuses ministérielles va appuyer de toutes ses forces pour le délai le
plus long. Mais cette fois ce n’est pas le Ministre du Budget qui va arbitrer
mais le Président lui-même. On ne sait pas non plus clairement si ces 50
milliards comprennent ou non les milliards déjà engagés.
Cette fois il va falloir rogner dans
le dur car on arrive à l’os. Non que des économies ne soient pas encore
possibles puisque la Cour des Comptes en a déniché déjà un certain nombre. Mais
ce coup-ci cela va toucher à des rentes de situation qui vont générer des
oppositions au sein même de l’appareil d’État. Supprimer des organismes n’est
pas dans l’air du temps puisqu’on n’arrête pas d’en créer comme le dernier
Conseil de surveillance du Pacte de responsabilité. Le rognage par contre est
sans doute encore possible mais les budgets ministériels intouchables vont créer
des situations d’injustices qui laissent présager des règlements de compte au
sein du Conseil des Ministres.
La Cour des comptes – ainsi que ses
petites sœurs régionales — a une belle et noble mission : « S’assurer
du bon emploi de l’argent public, en informer le citoyen. » Celle-ci a
émis des doutes, non seulement sur la tenue budgétaire du déficit prévue en
2013, mais aussi sur celui de 2014 pour cause de rentrées fiscales trop
optimistes. Il a par ailleurs pointé du doigt des pistes d’économie des
dépenses publiques. La dette en fin 2014 va se situer à 1.950 milliards et la
dette par français à 30.000 euros. Pour
2015 notre dette va atteindre les 100% du PIB (Produit Intérieur Brut) et dépasser les 2.000 milliards.
La Cour des Comptes tire la sonnette
d’alarme mais avec quelle résonance gouvernementale ? Tout au plus ce gros
rapport de cette vénérable institution fera le « buzz » quelques
jours ; le gouvernement à l’image de Benoît Hamon criera qu’elle n’est pas une
responsable politique, l’opposition en fera quelques gorges chaudes et tout
rentrera dans l’oubli. Les gabegies, les rentes de situation et les dépenses somptuaires
continueront. Le gouvernement ne montrera pas l’exemple en réduisant ni le nombre
de ministres, ni celui des commissions, d’agences, des groupes de travail qui fournissent ou pas des
rapports qui croupissent… car ce ne sont pas des politiques ! Cela
sous-entend que leurs conclusions ne seront prises en compte que si cela
arrange le gouvernement… politiquement.
Mais alors cette Cour des Comptes à
quoi sert-elle ? A enfumer le peuple en faisant croire à un contrôle
illusoire. On peut donc légitimement se poser la question de son utilité. Cela
représente 735 magistrats, un budget de
fonctionnement de 200 millions d’euros, 26 chambres régionales avec 350
magistrats et une immobilisation importante de locaux du patrimoine. Ou cette
institution est dotée de pouvoir de coercition ou ce n’est qu’une verrue
respectable mais inutile. Le FMI, la Banque Mondiale et surtout la Commission européenne ont
infiniment plus de poids. Cette dernière se contentait de ne donner à la France
que des objectifs chiffrés mais désormais l’approbation de notre budget va leur
permettre de cibler des mesures plus concrètes.
C’est donc un week-end
particulièrement épineux pour le Chef de l’État car 50 milliards ne se trouvent
pas sous le pied d’un cheval et la France est attendue au tournant. Sa grande
chance c’est qu’avec 19% d’indice de satisfaction, il ne risque plus rien. Il lui
reste la Garde et la Garde ne se rend pas. Le concert des pleureuses
ministérielles n’obtiendra rien, les collectivités territoriales devront faire
avec, le rabot passera. Seuls les fonctionnaires seront à ménager bien qu’un
petit tour de vis sur les avancements est possible. Leur nombre ne diminuera
pas. Il reste au Président à aller à Canossa pour demander un nouveau report
des objectifs en pourcentage et en durée pour boucler une opération de
chirurgie impossible. De toutes façons le Président est bien persuadé que :
« Quand le gouvernement dépense de
l'argent, ça crée des emplois ; alors que si cet argent est laissé aux
contribuables, Dieu sait ce qu'ils en font... Ils le mangent peut-être ! Ils en
font n'importe quoi sauf créer des emplois ! » Dave Barry
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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