vendredi 21 février 2014

Centrafrique – Syrie - Ukraine, l’ingérence en point commun

Poussée par les États-Unis, l’Europe avec la France en fer de lance, se veut le gendarme adjoint du monde. L’Afrique francophone et le tour de la Méditerranée sont donnés comme terrain d’influence (j’allais dire de jeu !) à la France, et l’Europe de l’Est à l’Allemagne à laquelle s’adjoint la Pologne, compère des États-Unis pour la surveillance de la Russie, et la France pour ne pas laisser l’Allemagne agir seule. Les trois compères sont donc à Kiev pour tancer le Président Ukrainien devant la dérive non contrôlée des opposants au régime et la répression qui s’ensuit. 

Ils y vont sans complexe ni remords après avoir attisé, voire suscité un embrasement du conflit civique. Ils y vont sans complexe ni remords avec l’impudence du droit d’ingérence couronné du blanc-seing des États-Unis qui préfèrent rester en arrière-plan et insister pour des mesures coercitives. Le but est clairement l’élimination du Président après avoir soufflé le chaud du prétexte de l’entrée de l’Ukraine dans l’UE sans que l’idée d’un référendum n’ait jamais pris corps. Or je le sais par des propos d’ami, la population ukrainienne est géographiquement partagée sur ce point et pour beaucoup le renforcement des liens économiques avec la Russie est préférable au carcan de l’Union Européenne. 

Il n’est nullement question de prendre Poutine comme ne pensant pas à l’intérêt de son pays avant celui de la démocratie ukrainienne. Il ne peut oublier que ce pays faisait partie de l’ex URSS, était le grenier à blé de l’Europe et possède toujours des ressources minières. Il ne saurait lâcher l’Ukraine sans se le voir reprocher par une grande partie des russes dûment informés de l’ingérence américaine. Les morts de Kiev sont morts pour une cause de géopolitique qui les dépasse. Il s’agit pour les États-Unis de s’approcher au plus près de la Russie, d’affaiblir les liens historiques et économiques entre la Russie et la plus importante république de l’ex URSS. L’enjeu est de taille et l’UE s’y prête de bon gré alors que ce pays est socialement et économiquement encore très loin du niveau des grands pays européens. 

Le coup est bien monté et nous nous retrouvons, comme en Syrie, dans le camp des insurgés. Tout pouvoir autoritaire résistant à l’hégémonie américaine doit être mis au pas qu’il soit ou non élu démocratiquement. Dans ce dernier cas il faut justement le détruire pour non-respect de la démocratie. Pour y parvenir on accuse le pouvoir de ne pas écouter la rue et on le fait sur un sujet de politique extérieure ou religieux qui trouve son combustible dans le niveau de vie du pays. Avec le respect de Droits de l’Homme et la Démocratie en oriflammes les puissances extérieures finissent par mettre le pays à feu et à sang par des aides et incitations   pernicieuses et intéressées. Aurait-on oublié ce qui emmailla notre histoire, notre Révolution avec l’ingérence de la noblesse étrangère et notre mai 68 attisé par les USA qui voulaient la peau de De Gaulle ? 

Cela marche autour de la Méditerranée et nous exportons un nouveau printemps, ukrainien cette fois. On ne peut que pleurer devant la détresse de cette foule sous les grenades de l’armée et le feu des snippers mais peut-on imaginer qu’à Paris on puisse occuper l’Hôtel de Ville sans que le pouvoir réagisse ? A partir de ce moment-là à Kiev les dés étaient jetés, la guerre civile était en marche. Le pouvoir a trop tardé à réagir poussé à cela par les États-Unis et l’UE, la Russie a senti le danger et a durci le ton. Le scénario syrien est en place, le dictateur doit partir. L’affrontement géopolitique a pris une population en otage dans une guerre civile qui va enfoncer un peu plus ce pays dans la dépendance européenne ou russe. 

La Centrafrique n’échappe pas à la même méthode où le droit d’ingérence s’appuie sur un chaos religieux. L’ingérence ne résout pas le problème mais pousse ce pays vers la solution géopolitique qui convient aux intervenants, en l’occurrence les États-Unis en arrière-plan et la France au premier plan avec des intérêts économiques sous-jacents. La guerre humanitaire a bon dos car on sait qu’un musulman qui renie sa religion est condamné à mourir, le conflit religieux perdure. Le pays est immense et quelques milliers d’hommes ne peuvent l’immobiliser… les massacres continuent, les départs de populations s’amplifient, le gouvernement choisi par l’occupant ne gère pas la situation… il faut donc que l’on reste. CQFD. 

« L’ingérence, 

On sait où cela commence, 

On ne sait jamais où cela finit. » 

Jean-Pierre Chevènement 


Claude Trouvé  
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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