Que
l’on soit d’accord ou pas avec la politique allemande qui appauvrit les pays du
sud, il faut reconnaître à Angela Merkel un sens politique qui la propulse à la
tête de l’Europe au-delà de la réussite économique de son pays. Sa réélection
sans problème est amplement méritée et son sens du compromis lui permet de
gérer un gouvernement de coalition, non sans difficulté, mais c’est un exercice
que l’on ne sait pas faire en France en dehors de la cohabitation, ce qui n’est
pas la même chose.
La
prédominance de l’Allemagne sur le plan économique, sur les directives de l’UE
et particulièrement sur la zone euro est incontestable. Dans le secteur
bancaire la Bundesbank, à ses ordres, pèse lourdement sur la BCE et ce n’est
que sur l’UE bancaire que le Royaume-Uni fait entendre une voix divergente et
forte. Angela Merkel gère avec diplomatie les relations avec la France sachant
jusqu’où ses exigences peuvent être acceptées. Elle lâche sur des détails mais
ne cède rien sur l’essentiel. Hollande repart heureux avec des miettes qu’il se
presse de médiatiser.
L’euro
est entre ses mains et n’existe encore que par sa volonté. Elle fait savoir que
l’euro n’est pas intouchable et que l’Allemagne ne peut contribuer plus envers
les pays en difficulté sans que celle-ci se retire de l’euro. Elle fait
comprendre à la France que sa politique n’est pas bonne en déléguant un
conseiller technique allemand à notre Président. C’est une façon, dite amicale
et habile, de nous faire comprendre ce que nous devons faire. La distance qui s’élargit
entre l’Allemagne et les pays du sud lui permet d’imposer à tous la rigueur de
gestion allemande. Qui tient la bourse de l’Europe, tient le pouvoir.
Mais
c’est désormais sur le plan extérieur que l’Allemagne d’Angela Merkel vient d’être
sacrée ces jours-ci reine de l’Europe. Les tragiques évènements d’Ukraine en
sont le révélateur. Le Président Hollande est allé prendre les ordres d’Obama
avec une réception digne d’un vassal dévoué. Il est rentré avec un coup de
pouce d’aide pour la Centrafrique, la promesse d’inciter l’Allemagne à faire un
geste dans ce sens, la mission d’accompagner Angela pour influer sur le cours
des évènements en Ukraine et de continuer d’être le chien aboyeur en Iran. Tout
cela est en cours et les États-Unis sont les instigateurs ou tout au moins les
complices de cette guerre civile où l’adhésion à l’UE a servi de déclencheur.
Tout
a en effet commencé par l’éventualité de l’adhésion à l’UE qui s’est traduite
par une guerre de montant d’aide entre ses propositions d’attirance et celles
de maintien dans l’Union Douanière Eurasiatique (avec la Russie, le Belarus et
le Kazakhstan). De toute évidence l’intérêt économique de l’Ukraine est plus dans
le maintien dans une union douanière avec des flux commerciaux en pleine
expansion (+40% depuis 2004) qu’une adhésion contraignante à l’UE et
bouleversant son économie. Devant l’échec de cette alternative européenne, la
Russie ayant fait monter les enchères, le combat réel USA-Russie s’est déplacé sur
les revendications démocratiques d’un peuple encadré par l’extrême droite que
les émissaires américains sont venus encourager avec l’Europe faisant chorus, France
en tête… pour la démocratie !
C’était
le deuxième acte. Nous en sommes désormais au troisième car la rue ne se
faisait pas entendre. Il faut dire que depuis les élections de 2010 l’Ukraine est divisée entre
trois parties. L’ouest pro-européen, le centre plutôt nationaliste, l’est pro-soviétique.
Les évènements de Kiev ne sont pas le reflet d’une levée de l’ensemble du pays
même si à l’ouest on se manifeste aussi et d’autant plus que l’Occident
claironne son soutien. La situation insurrectionnelle avec occupation de
bâtiments publics a abouti à un durcissement du pouvoir et à une répression sanglante
que nous ne pouvons que regretter. Mais tout a été fait pour qu’on en arrive au
troisième acte.
C’est
celui de l’arrivée de la troïka (Allemagne-France-Pologne). La France est un
vassal dûment caressé pour son comportement exemplaire, la Pologne est une
pièce maîtresse de la politique américaine face à la Russie. Mais c’est Angela
Merkel l’envoyée d’Obama parce que l’Allemagne a des relations étroites avec la
Russie et qu’elle peut discuter avec Obama avec le poids nécessaire. Si l’Allemagne
faillit, le traité transatlantique et le poids des USA sur l’Europe est en
danger. La situation à Kiev est entre les mains d’un autre trio, Obama - Angela
– Poutine. Rien ne sera décidé à Kiev qui n’ait l’assentiment de ses trois-là. La
France y est présente en service commandé… Non, pour la démocratie dont l’Union Européenne
se fout royalement... chez elle !
Angela
vient d’être intronisée officieusement reine de l’Europe. L’Allemagne met
désormais son poids dans la politique étrangère. Chapeau bas madame la
Chancelière… Il est temps que la France comprenne qu’elle va devoir se faire
respecter et qu’il ne suffit plus d’avoir un droit de véto au Conseil de
Sécurité de l’ONU. La vassalisation aux États-Unis ne doit pas devenir aussi un
partenariat avec l’Allemagne qui soit celui d’une province à son État ! Il
suffit de se reporter à la définition du mot vassal :
Personne qui relève d‘une suzeraine dont
il tient un fief
Et à qui il doit hommage et services.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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