La journée de dimanche avec ce sursaut démocratique d’un peuple désorienté engendre une réflexion non seulement sur le fonctionnement démocratique de notre pays, et plus loin de l’Europe, mais plus encore sur l’utilité d’un Etat croupion dans une Europe tentaculaire et flasque. La France est située au 31ème rang mondial pour son indice de démocratie et classée "démocratie imparfaite". Le cortège de manifestants regroupe non seulement des citoyens inquiets des modifications fondamentales que l’on veut apporter sur la définition de la famille dans son rôle sur l’enfant mais aussi ceux qui ne voient plus dans l’Etat un défenseur régalien mais un trublion inutile et voleur.
La représentation parlementaire qui nait d’un vote à un instant donné, et qui n’est remise en cause que quatre ans plus tard, est d’autant moins une garantie de représentation du peuple sur cette durée qu’elle se fait l’instrument d’un pouvoir exécutif né dans le même instant. Dans cette évolution de la cinquième république qui fait coïncider l’arrivée concomitante des pouvoirs exécutif et législatif, la nécessité de manifestation d’une démocratie directe devient indispensable. Elle est nécessaire pour faire évoluer sa représentation au gré des évènements créés ou endossés par l’exécutif. C’est ce que l’on observe chez nos voisins suisses avec les votations fréquentes d’ajustement des volontés populaires à la représentation parlementaire.
Nos députés et sénateurs sont élus sur le sentiment du peuple lors d’une courte période électorale mais le votant ignore ce que l’avenir va être. Il donne donc un chèque en blanc dont il ignore l’usage qui va en être fait. Son constat ultérieur peut le rendre heureux de son geste par les orientations de l’exécutif et les lois parlementaires ou au contraire le décevoir voir le révolter. C’est ce que mettent en lumière les sondages. Si ces luminions ne sont que des signaux, pour l’exécutif et le parti au pouvoir, lui indiquant qu’il doit favoriser telle ou telle corporation pour continuer son chemin en occultant délibérément l’expression directe du peuple, ils ne servent pas à rapprocher l’Etat des citoyens.
Que ce soit au niveau français ou européen, la démocratie fait peur aux gouvernants et ils fuient son verdict, mettent au panier toute tentative de protestation écrite, la bafouent ou la contournent. 700.000 signatures, difficiles à collecter dans le temps imparti, ne suffisent pas à émouvoir le pouvoir serein dans ses certitudes et méprisant du peuple comme « le mariage pour tous » lui en donne l’occasion. Le référendum, inscrit dans la constitution, n’est devenu qu’un jouet dans les mains du pouvoir pour amuser la démocratie.
C’est ainsi que l’Etat fait une politique économique qui nous mène depuis à la ruine sans que nous puissions agir sur la dilution de cet Etat dans une Europe technocratique qui s’éloigne de plus en plus de ses citoyens. Ces derniers, désorientés et impuissants, voient un Etat qui gère mal les fonctions régaliennes qui lui restent, diplomatie, défense, justice et sécurité en particulier, se retire d’Afghanistan pour s’investir au Mali, abandonne son budget aux mains de la Commission européenne et du pays le plus influent. Son Etat, devenu croupion et sous tutelle de plus en plus prégnante, n’est plus qu’un organe pilleur de troncs pour colmater les brèches du déficit budgétaire et de la dette.
Il devient le mandataire d’un pouvoir technocratique européen, aux mains des grandes puissances financières et économiques mondiales, chargé d’organiser le pillage du patrimoine privé pour alimenter un système binaire, bancaire et tonneau des Danaïdes de l’Etat, dans un cercle vicieux de relation incestueuse. Frustré par l’Europe de nombre de ses possibilités d’action, il fait dans un Colbertisme maladroit et décalé par rapport à l’évolution de l’économie mondiale. Il se mêle de régenter la croissance et les moyens de l’économie industrielle, de donner par ci, de sauver par là, pour aboutir toujours à un accroissement de la pression fiscale.
Ses actions sur le secteur automobile sont révélatrices de son inutilité, voire de sa nuisance. Les aides apportées directement ou par le biais des bonus-malus, soit 2,2 milliards d’euros, aboutit à une industrie en perte de vitesse, une fermeture d’usine et à des licenciements. Pendant ce temps, l’industrie automobile allemande se porte bien, Volkswagen va ouvrir une nouvelle usine et distribue des primes substantielles à ses employés. Les riches fuient notre pays, nos usines disparaissent, le chômage augmente. Si l’Etat n’est pas nuisible, il est pour le moins inutile. Si l’Europe le tue, c’est qu’une oligarchie politico-médiatique présente sa tête sur le billot !
Un Etat ne peut être fort sans la confiance du peuple.
Cette confiance ne peut être issue d’un paternalisme
Basé sur l’infantilisation ou l’aveuglement du peuple.
Ses pouvoirs doivent rester régaliens
Pour le Peuple et Avec le Peuple !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon