La Cour des Comptes vient au secours du gouvernement en mettant le doigt sur le manque à gagner des recettes fiscales pétrolières concernant le gazole par rapport à l’essence. C’est une aubaine pour un gouvernement qui va se voir obligé d’obtenir le consensus de Bruxelles pour dépassement des limites de déficit budgétaire en 2013. De plus le moteur diesel, après avoir été encouragé pour ses faibles émissions de CO2 se voit mis à l’index pour émission de particules fines dangereuses pour la santé. Il n’en fallait pas plus pour trouver une source de financement et une raison de faire payer le contribuable !
Par bonheur des particules fines venues de l’est viennent de faire atteindre le niveau d’alerte de pollution sur Paris. Vraiment on ne pouvait trouver meilleur contexte pour, au nom de la santé publique, trouver jusqu’à 7 milliards de recettes supplémentaires. En effet la partie est rude à jouer car le moteur diesel a été encouragé par tous les gouvernants précédents propulsant l’industrie automobile française au rang de leader mondial dans ce type de moteur. A tel point que 70% des immatriculations de véhicule sont sur des véhicules diesel et de 80% si l’on inclut les camions et les engins agricoles.
Toucher au prix du gazole c’est directement toucher au pouvoir d’achat de la plus grande partie des utilisateurs de véhicules. Politiquement ceci ne peut être jouable qu’étalé dans le temps et encore ! On n’augmente pas de 18% un produit de grande consommation sans faire tomber une cote de popularité qui touche justement des records d’impopularité. Alors, dans l’urgence comme toujours, on cherche comment faire avaler à l’industrie automobile et aux conducteurs une augmentation des recettes sous couvert, aussi comme toujours, de santé publique.
Ceci étant dit, il faut reprendre cette affaire à la base. Il y a sans contestation possible un problème de santé publique dû aux particules fines, en particulier celles qui sont d’un diamètre, dit « aéraulique », inférieur à 2,5 micromètres, les PM2,5. Elles progressent jusqu'au bout des voies respiratoires, atteignent les alvéoles et entraînent des maladies pulmonaires. Elles pénètrent ensuite dans la circulation sanguine et provoquent aussi des problèmes cardiovasculaires en bouchant les petits vaisseaux. Elles peuvent déclencher : bronchites chroniques, asthme, cancers du poumon, accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou encore infarctus du myocarde.
Par contre les chiffres avancés sur le nombre de morts, 40.000 par an, est d’une part contestable, car on ne les comptabilise pas aussi facilement que les morts sur nos routes et d’autre part cette pollution n’est pas exclusivement issue de la combustion dans les moteurs diesels. Selon un rapport d’AIPARIF pour l’Ile-de-France publié en 2011, la source principale de PM2.5 en milieu urbain est issue du trafic routier (pour 44 %) suivi de l'industrie & de l'agriculture puis du chauffage au bois ; le contributeur principal pour le trafic routier est à 90 % issu des véhicules diesel. Dans cette région les particules fines ne proviennent donc pas des véhicules diesel que pour 40% (44% x 0,9).
Par ailleurs le moteur diesel est indispensable sur les camions et reste un moteur plus robuste et ayant un meilleur rendement énergétique que le moteur à essence même si ce dernier a diminué la différence. C’est donc d’une certaine manière un progrès technologique de « moindre dépense d’énergie » due à l’industrie automobile et où la France s’illustre. Néanmoins la plus grande consommation de gazole que d’essence a entraîné un déséquilibre dans les industries de raffinage, obligées d’exporter de l’essence excédentaire et d’importer du gazole. C’est une des raisons de leur délocalisation au plus près des lieux de production.
Il ressort d’un rapide examen que ce type d’orientation politique ne se traite pas dans l’urgence et surtout pas en visant des recettes à court terme qui finiront toujours sur la tête du contribuable. Les primes à la casse, les bonus écologiques sont des instruments d’apprenti sorcier qui se retournent toujours contre le contribuable qui les paient d’une façon ou d’une autre et contre les soi-disant bénéficiaires industriels qui plongent ensuite dans le marasme.
L’Etat n’a toujours pas compris que c’est dans la réduction de ses propres dépenses publiques et la politique monétaire que se trouve la solution.
Creusez, fouillez, bêchez; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse
Un trésor est caché dedans !
Nous a pourtant dit le bon La Fontaine
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon