Les obsèques nationales du président vénézuélien mort le 5 mars, qui sera embaumé pour l'éternité, se déroulent ce vendredi en présence d'une trentaine de chefs d'Etat et de centaines de milliers de Vénézuéliens. Le président vénézuélien défunt est resté 14 ans au pouvoir, pendant lesquels il a voulu instaurer un nouveau modèle économique : le socialisme du 21e siècle, une révolution bolivarienne financée par les revenus du pétrole.
Ce pays est un exemple particulièrement intéressant car doté d’une richesse pétrolière qui devrait garantir une évolution rapide de son niveau de vie. La voie choisie par Hugo Chavez est celle de la redistribution des richesses aux plus démunis. Il est donc temps de constater si ce but est en passe d’être atteint sans s’attarder sur les positions partisanes des uns et des autres dans la sphère politique française.
Le premier constat est que ce président a un fort soutien populaire. On peut y voir l’effet de son système de redistribution aux plus pauvres. Pourtant à y regarder de plus près le pays est victime d’une inflation galopante (27,2%) avec un secteur public pléthorique qui plombe la production du pays. Après avoir redistribué les terres des riches propriétaires, nationalisé l’industrie pétrolière, le constat est que la situation n’a guère évolué. Selon la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes, la répartition des richesses n'a pas changé. En 2010, 45% des ressources revenaient encore aux 20% de Vénézuéliens les plus riches. 32% de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté.
Cependant Chavez lance des « missions sociales » pour renforcer sa popularité. La mission Barrio Ardentro crée des dispensaires avec des médecins cubains, la mission Robinson s'attaque à l'analphabétisme. En 2011, la Gran Mision Vivienda doit construire 3 millions de logements. Ceci explique le grand soutien populaire dont il fait l’objet même si la distribution des richesses est toujours en retard par rapport à l’a montée de l’inflation. Jusqu’à présent c’est la manne distribuée qui cache le maintien de la pauvreté dans l’esprit de la population.
Avec un PIB de 391 847 Md $ en 2012 et doté des premières réserves mondiales de pétrole ainsi que de très importantes réserves de gaz, le Venezuela est la 4ème puissance économique d’Amérique latine derrière le Brésil, le Mexique et l’Argentine. L’économie vénézuélienne étant très sensible aux chocs externes, en particulier aux fluctuations des cours du pétrole, le pays est entré en récession dès 2009 et y reste. Avec une croissance basée sur la consommation intérieure (72%) et une forte dépense publique (32% en 2011), une balance commerciale excédentaire mais dépendante à 94% du secteur pétrolier, le Venezuela contient son chômage à hauteur de 8,5%.
Le modèle bolivarien du Venezuela ne semble pas à la hauteur de la puissance économique de ce pays à forte rente pétrolière. Par ailleurs le maintien d’une inflation galopante et d’un taux de pauvreté élevé fait de la capitale Caracas, l’une des villes du monde où la sécurité des biens et des personnes est la moins garantie. L’utilisation de la richesse en redistribution au peuple n’a pas permis à ce pays, comme en Norvège ou en Algérie, de diversifier son secteur industriel, donc de garantir son avenir.
On ne construit pas le bonheur en distribuant l’aumône
Mais en permettant de s’assumer par le travail.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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