Avec le « mariage pour tous », qui occupe encore aujourd’hui les français soucieux de défendre la famille « normale », nous avions un peu oublié la Syrie. Elle se rappelle à nous ou plutôt le gouvernement, toujours à la recherche de thèmes pouvant éloigner les français de leurs angoisses sur la santé économique de leur pays, relance son actualité. Quand on voit que Royaume-Uni et France défendent devant leurs partenaires européens, une nouvelle escalade dans la guerre civile au Mali, il ne faut pas chercher bien loin pour trouver quel est le pays, joueur de marionnettes, qui tire les ficelles.
Les Etats-Unis, après quelques hésitations, ont finalement reconnu la représentativité nationale des « révolutionnaires » syriens. Comme par hasard, ses deux vassaux sont pris d’une frénésie guerrière sur ce pays qui n’est qu’un théâtre d’opération pour une coalition israélo-américaine, sunnite et djihadiste, coalition d’opportunité comme tout ce qui se passe en ce moment en Afrique et au Moyen-Orient. Alors on ressort les déclarations éculées sur les Droits de l’Homme, la guerre chimique que prépare la dictature de la famille el Assad, les massacres qui deviennent rapidement des génocides. Les chiffres invérifiables grossissent à vue d’œil, 40.000 morts puis 70.000, et même « plus près de cent mille » de la bouche même du président, chiffres issus d’une petite cellule d’observateurs situés à Londres !
Ce remake d’un scénario à grosses ficelles va soit nous propulser dans une guerre qui n’est pas la nôtre et avec un droit d’ingérence sur un pays indépendant et reconnu, soit nous affronter à un désaveu de la plupart des pays de l’Europe. Plus que tout autre gouvernement de ce pays, celui actuel est pris d’une folie guerrière comme si, la situation intérieure étant non maîtrisée, celui-ci cherchait à redorer son blason à l’extérieur de ses frontières qui ne sont nullement menacées.
Oui la Syrie est en feu, tout le monde cherche à s’en emparer où à la mettre sous tutelle. L’infernale machine de propagande, comme elle l’a fait pour Sadam Hussein et Kadhafi, a vite fait oublier que dans ce pays religieusement tolérant et multiculturel, les chrétiens et les musulmans y vivaient en paix. Il tombera avec notre aide et notre complicité aveugle dans les mains des djihadistes et des variantes locales des Frères musulmans comme nous avons réussi à le faire en Tunisie, en Libye, en Egypte en collaboration avec les régimes sunnites.
Un seul gouvernant s’est-il posé la question de savoir ce qu’il aurait décidé si des révolutionnaires s’en étaient pris aux structures de l’Etat comme on pourrait l’imaginer en France pour défendre la démocratie, démocratie bafouée en permanence puisque nous déclarons la guerre « souverainement » ? Ceci veut-il dire que le peuple est « implicitement » d’accord ?
C’est avec le leitmotiv de la démocratie, du génocide d’un peuple, et pour faire bonne mesure de la menace terroriste qui pèserait sur notre pays si le Mali tombait sous la dictature de la charia, que nous y faisons la guerre. Mais quelle démocratie y a-t-il dans ce pays corrompu comme beaucoup en Afrique ? Que venons-nous faire dans une revendication d’indépendance de berbères blancs, historiquement implantés dans le Nord d’un pays tracé par un coup de crayon sur la carte par un pays colonisateur et de confession différente, face à des noirs revanchards de l’esclavagisme subi autrefois ?
Hollande disait s’éloigner de la politique postcoloniale de la France… est-ce cela que nous menons dans une guerre pour laquelle nous n’avons pas eu le blanc-seing de l’ONU pour aller détruire l’ennemi jusque dans les fin-fonds du nord du Mali. Nous nous sommes octroyés l’extension du droit d’ingérence sans en avertir préalablement nos voisins européens dans une incohérente politique française. Comme en Irak et en Afghanistan, les troupes parties, le pays retrouvera ses vieux démons et l’islamisation du pays continuera.
Cela changera-t-il quelque chose pour la sécurité intérieure de notre pays ? Oui, cela exacerbe la volonté de détruire l’Occident qui vient guerroyer sur une terre musulmane du nord Mali, car c’est ainsi que le ressent l’Islam néo-fondamentaliste et justifie un djihad défensif et donc l’emploi de tous les moyens de lutte. Nous ne pouvons qu’être perdants, en jeunes hommes d’abord sur ce terrain difficile où les « terroristes » se sont retranchés, terrain plus vaste que celui de notre présence en Afghanistan et au moins aussi difficile pour notre armée. Nous ne pouvons que voir se multiplier les morts de soldats et les menaces d’attentats sur notre sol.
Enfin dans cette période d’austérité, non seulement nous payons une très coûteuse sortie d’Afghanistan, nous aidons déjà les révolutionnaires syriens en matériel de transmission, gilets pare-balles et véhicules blindés, mais nous sommes cloués pour longtemps au Mali si nous voulons ne pas y être allé pour rien. Comble de l’absurdité, nous allons devoir couper fortement dans le budget des armées risquant de clouer au sol l’aviation, de laisser plus longtemps notre porte-avion en cale-sèche et de dissoudre nombre de régiments. Nous avons en plus l’impudence, à écouter Laurent Fabius, de dire à nos partenaires européens que nous devrions partiellement être blanchis financièrement de nos dépenses militaires sous prétexte que nous y dépensons 1,5% de notre PIB contre 1% pour la moyenne européenne !
Les leçons de l’histoire n’ont pas de prise sur la survie politique
L’ingérence et la guerre se justifient… par la raison d’Etat…
De notre histoire romaine nous ne gardons même pas
Les jeux du cirque… pour aveugler le peuple !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon