L’INSEE vient de publier jeudi les dernières statistiques du chômage pour 2012. Comme en 1999, le taux de chômage a dépassé les 10% d'actifs en France métropolitaine au quatrième trimestre 2012, bondissant à 10,2% et accusant un nouveau record chez les jeunes (25,7%). Il n’y a plus de différence sensible entre hommes et femmes mais le chômage chez les jeunes atteint un niveau inquiétant et dépasse les 25%. Nous nous dirigeons vers une situation à l’espagnole. L’augmentation par rapport au trimestre précédent de 0,8% serait due pour une part de 0,5% à une modification du comptage des chômeurs.
Disons que l’approche de la réalité est meilleure mais nous avons bien 10,2% de chômeurs et 10,6% en comptant les DOM-TOM. Nous nous rapprochons du record absolu de 10,8% atteint en 1994 et 1997… dans l’ère mitterrandienne et post-mitterrandienne ! Nous revivons un scénario connu, mais les perspectives sont plus sombres pour les deux années qui viennent. En 2012, année de croissance zéro l’économie française a perdu 66.800 emplois privés et la situation menace de se dégrader encore.
Selon certains économistes, si rien ne change dans la politique actuelle et si, comme c’est probable, la croissance est encore nulle en 2013, c’est 500.000 chômeurs, à temps plein ou partiel, supplémentaires qui s’ajouteront. Ce n’est pas une inversion de la courbe du chômage que nous allons vivre mais une augmentation au-dessus des 11% au sens du Bureau International du travail, atteignant ainsi un niveau record. Face à cette situation que propose le gouvernement ?
D’abord il s’enferre dans un déni de la réalité en annonçant une embellie qui s’éloigne au fur et à mesure des déclarations. Ensuite plus concrètement il en revient aux vielles recettes. Les 100.000 emplois d'avenir programmés par le gouvernement pour 2013 peuvent avoir un impact immédiat, mais ces contrats aidés longs destinés aux jeunes non qualifiés sont signés à un rythme très lent depuis leur lancement en novembre dernier.
Quant à la réforme du marché du travail, transposition de l'accord du 11 janvier entre les partenaires sociaux, elle pourra juste, comme les autres outils, "amortir la hausse du chômage". Selon le gouvernement, cette réforme adoptée mercredi en Conseil des ministres "peut permettre d'éviter des licenciements, si comme en Allemagne, les entreprises font une bonne utilisation des accords de flexibilité, c'est-à-dire transitoire et si elles en ont véritablement besoin".
C’est bien là tout le problème posé, encore faut-il qu’elles en aient véritablement besoin et ce genre d’accord au coup par coup ne peut se faire qu’au prix de dures négociations tant que des accords au moins par branche ne sont pas mis en œuvre. Le syndicalisme français a encore beaucoup de chemin à faire pour se comporter comme les syndicats allemands. Toutefois ne boudons pas une timide avancée dans une entreprise partiellement étatisée comme Renault, même si un petit regain de compétitivité ne suffira pas à une véritable relance de cette industrie.
Le remède est de retrouver une compétitivité suffisante pour faire face à la concurrence allemande, américaine et asiatique. Pour ces deux derniers la guerre des monnaies est en cours et leur permettra d’ajuster leur compétitivité en permanence, même si les Etats-Unis prennent le risque de voir leur monnaie s’écrouler et de perdre sa valeur de référence. Pour l’Allemagne, son appui sur les pays de l’est et du centre de l’Europe, à coûts salariaux et fiscalité faibles, leur permet de fabriquer à des coûts plus compétitifs que nous.
La formation, dont on se glose comme d’une recette miracle, n’est qu’un baume social que l’on met sur la plaie du chômage. Il y a des emplois non pourvus, certes, mais les combler nécessite, non seulement de former mais, la plupart du temps, de déplacer les personnes en recherche d’emploi. Le rendement est toujours faible et lent à atteindre ses objectifs. Beaucoup d’entreprises préfèrent former elles-mêmes leur personnel. Cela donne surtout du travail aux agences privées de formation dont la qualité des personnes formées laisse souvent à désirer.
Rien ne sert de former s’il n’y a pas de travail. En même temps que l’on donne de l’espoir pendant la formation, on crée une désillusion encore plus grande après, dans une période d’augmentation du chômage. Les dépenses publiques, elles, sont largement sollicitées et leur emploi est loin d’être rentable. Les mesures qui consistent à tenter de prévenir une montée du mécontentement par la mise en œuvre d’aides diverses coûteuses ne s’attaquent pas au fond du problème.
L’Etat se trouve à un tournant où les pansements n’ont plus aucun effet, la gangrène est profonde et s’étend. Il faut couper le membre gangréné, les dépenses de l’Etat, et opérer sur le malade une chirurgie monétaire qui lui permette de retrouver le dynamisme perdu. Nos gouvernants ne sont que des infirmiers…qui font ce qu’ils peuvent, mais en ignorant les chirurgiens, ils tuent lentement le malade.
Le chômage est une conséquence de l’économie malade
Il perdurera si l’on ne traite pas ses causes !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon